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07/16/2024 | News release | Distributed by Public on 07/16/2024 09:32

Gaza : les femmes enceintes menacées par les déplacements, pénuries alimentaires et difficultés d'accès aux hôpitaux

Alors que les rapports des médias ont fait état de la poursuite des bombardements de l'armée israélienne ce mardi sur la bande de Gaza, un rapport des Nations Unies sur la situation humanitaire dans l'enclave palestinienne a mis en lumière la situation critique dans laquelle se trouvent les femmes enceintes, et notamment les difficultés croissantes d'accès à des « soins vitaux ».

En raison des attaques contre les établissements de santé, des déplacements forcés répétés de la population de Gaza et du manque d'ambulances, des milliers de femmes palestiniennes enceintes sont en danger.

« Les femmes enceintes de Gaza ont de plus en plus de mal à accéder aux soins vitaux dont elles ont besoin en raison des déplacements répétés, de l'insécurité et des attaques contre les établissements de santé, auxquels s'ajoutent des coûts de transport inabordables et l'absence de services d'ambulance », a détaillé dans son dernier rapport de situation, le Bureau de Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Des accouchements d'urgence sous des tentes et sans soutien médical

À l'heure actuelle, selon l'agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA), les soins obstétriques d'urgence et les soins aux nouveau-nés ne sont disponibles que dans 11 hôpitaux et hôpitaux de campagne. Comme pour aggraver les choses, la pénurie de carburant entrave le fonctionnement des couveuses néonatales et d'autres équipements vitaux.

« Des informations anecdotiques suggèrent que certains accouchements d'urgence ont lieu dans des tentes sans soutien médical », selon l'UNFPA.

La pénurie d'eau et le manque de médicaments pour la santé maternelle exposent également les femmes enceintes et allaitantes à divers risques, les médecins continuant à faire état d'un nombre croissant de bébés prématurés et de faible poids à la naissance, qui sont des indicateurs courants de malnutrition sévère aggravée par le stress, la peur et l'épuisement.

Ces difficultés croissantes interviennent alors que les Nations Unies estiment que quelque 30.000 femmes enceintes souffrent de faim aiguë à Gaza. Dans le même temps, plus de 10.000 sont « au bord de la famine » et près de 7.000 connaissent déjà des « conditions de famine ».

UNICEF/Abed Zagout
Une famille est assise autour d'un bol de haricots dans sa tente à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

155.000 femmes enceintes et allaitantes ont un besoin urgent d'aide

En outre, 155.000 femmes enceintes et allaitantes à Gaza ont un besoin urgent d'une aide alimentaire accrue et de suppléments nutritifs, selon l'UNFPA.

Face à cette situation, les partenaires et coordinateurs du groupe sectoriel Protection et santé ont travaillé à l'élargissement des services de santé sexuelle et reproductive, notamment en recrutant, en formant et en équipant des agents de santé déplacés, en particulier des sage-femmes, pour fournir des services de soins prénatals et postnatals et assister aux accouchements d'urgence dans des établissements de santé sélectionnés.

Plus largement, l'ONU et ses partenaires humanitaires continuent d'aider les familles qui ont fui le nord de Gaza vers des zones dans le sud. Une équipe du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a effectué hier lundi une mission visant à renforcer les opérations là où les familles arrivent dans le sud.

Les partenaires humanitaires enregistrent aussi les déplacés pour pouvoir leur porter assistance là ils trouveront un logis dans le sud de Gaza. Ils planifient également des missions dans les zones de la route Salahaldeen, dans l'est de Gaza, pour évaluer les besoins.

Nations Unies
Les gens constatent les dégâts après le bombardement d'une école dans le centre de Gaza.

La semaine dernière a été l'une des « plus meurtrières »

Or sur le terrain, les familles « ne trouvent nulle part » la sécurité à Gaza, selon l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). « Les opérations militaires et les bombardements constituent une menace constante, les personnes déplacées étant contraintes de se déplacer vers des zones surpeuplées et invivables », a indiqué l'agence onusienne, relevant que la bande de Gaza est devenue « un enfer sur Terre ».

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Par ailleurs, l'UNRWA a souligné que son quartier général dans la ville de Gaza avait été « rasé et transformé en champ de bataille » en raison d'un « mépris flagrant du droit humanitaire international ». Selon l'agence onusienne, les bâtiments ont été complètement détruits.

« La semaine dernière a été l'une des plus meurtrières à Gaza depuis le début de la guerre. Les images du siège de l'UNRWA sont vraiment choquantes », a dit sur le réseau social X, l'UNRWA, rappelant que les installations de l'ONU ne sont pas des cibles et doivent être protégées à tout moment.

Cinq écoles touchées en dix jours

A noter que l'OCHA a documenté trois attaques israéliennes faisant de nombreuses victimes, ainsi que cinq autres frappes, au cours des trois jours précédant le 14 juillet, la plus meurtrière étant l'attaque du camp de déplacés d'al-Mawasi qui a tué au moins 90 Palestiniens. « A Khan Younis, les patients ont rempli le complexe médical Nasser, déjà débordé, en raison du manque de lits, de draps et de matériel d'hygiène », conclut l'agence onusienne.

Au cours des dix derniers jours, cinq écoles ont été touchées. La dernière en date a été cette école de l'UNRWA abritant des familles déplacées qui a été la cible des raids israéliens hier lundi, a regretté l'agence onusienne, rappelant que la destruction et le désespoir se poursuivent sans relâche dans une enclave où « personne n'est en sécurité ».

« L'année dernière, à la même époque, les enfants de Gaza s'adonnaient à des jeux, des sports et des arts lors des Jeux d'été de l'UNRWA. Cette année, ils fouillent les décombres et pleurent leurs proches sous le poids de leur traumatisme. La guerre a privé les enfants de Gaza de leur enfance », a dit le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, relevant que les installations civiles doivent être protégées à tout moment et « ne doivent jamais être utilisés à des fins militaires ou de combats ».