UNHCR - Office of the United Nations High Commissioner for Refugees

10/10/2024 | Press release | Distributed by Public on 10/10/2024 08:14

Les Libanais et les Syriens subissent des pertes et sont déplacés en raison d’attaques qui s’intensifient

Depuis le début de l'escalade meurtrière du conflit au Liban il y a à peine plus d'une semaine, le gouvernement estime que plus d'un million de personnes ont déjà été contraintes de fuir leur foyer. C'est le plus important phénomène de déplacement dans le pays depuis des décennies.

Il s'agit des attaques les plus intenses depuis 2006, les frappes aériennes israéliennes touchant des dizaines de villes dans tout le pays, y compris dans le sud du Liban, la Bekaa et les banlieues sud de Beyrouth. Des centaines de personnes ont été tuées et des milliers d'autres ont été blessées pendant les neuf derniers jours d'attaques, et les routes de Beyrouth, la capitale, sont remplies de personnes qui cherchent un endroit où se mettre en sécurité avec leur famille.

Ali Trad, Libanais de la ville de Maarakeh, dans le district de Tyre, dans le sud du Liban, aidait son voisin à faire ses bagages pour fuir lorsqu'un raid aérien a commencé. Il a attrapé son petit-fils et a fui, laissant tous ses biens derrière lui. Il leur a fallu 18 heures pour atteindre Beyrouth, trajet qui prendrait normalement une heure et demie en voiture. Au cours de ce voyage, il a assisté à des scènes de souffrance, avec des voitures en surchauffe au milieu de la circulation et des personnes qui cherchaient leurs enfants. « C'était très très dur … c'était indescriptible », explique-t-il.

« Toutes mes inquiétudes et mes peurs concernent sa sécurité », ajoute-t-il en montrant le petit garçon qu'il tient dans ses bras. « Dieu merci, nous avons réussi à fuir. »

Vidéo en anglais

© UNHCR

La terrible escalade des hostilités est venue s'ajouter à une série de crises qui ont frappé le Liban ces dernières années, dont l'explosion dans le port de Beyrouth en 2020, la pandémie de Covid-19 et une crise économique prolongée qui a plongé 44 % de la population dans la pauvreté. Le Liban abrite aussi environ 1,5 million de réfugiés syriens, dont beaucoup sont à présent contraints de fuir de nouveau.

Hamida Al Mohammad, qui est arrivée au Liban depuis la Syrie il y a 10 ans, a fui les bombardements dans le sud avec ses trois filles et est arrivée à Beyrouth la semaine dernière. Elles ont passé leur première nuit dans la ville, dormant dehors, après avoir été refoulées de plusieurs écoles, servant d'abri, qui étaient déjà pleines.

« Chaque fois que nous demandions s'il y avait une école ou un endroit où rester, on nous répondait que ce n'était pas possible, jusqu'à ce qu'on arrive à cette école où ils ont dit qu'il y avait de la place pour mes enfants et moi », déclare-t-elle. « Je n'ai rien pris, juste les vêtements que moi-même et les enfants portons. »

Hamida Al Mohammad tient son petit-fils dans ses bras dans une école de Beyrouth qui a été transformée en abri collectif pour les personnes fuyant les frappes aériennes.

© HCR/Houssam Hariri

« Ça me rappelle beaucoup la guerre en Syrie », ajoute-t-elle. « C'était une période difficile, et maintenant, c'est encore pire. »

La situation à la frontière avec la Syrie est aussi chaotique, avec les véhicules qui forment de longues files, parechoc contre parechoc, et des foules de personnes qui font la queue pour attendre de savoir si elles pourront franchir la frontière. Selon les estimations, au moins 130 000 personnes sont entrées en Syrie depuis le 23 septembre, dont 60 % de Syriens, le reste étant des Libanais et des personnes d'autres nationalités.

Wahiba a quitté la maison qu'elle partage avec son fils, sa belle-fille et son petit-fils dans le sud de Beyrouth lorsque les attaques se sont intensifiées. Ils ont passé trois jours à attendre à la frontière et à dormir dehors avant d'entrer de nouveau dans le pays qu'ils avaient fui des années plus tôt.

« J'ai pleuré lorsque j'ai quitté la maison. J'ai pleuré pour nous et j'ai pleuré pour la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés », explique-t-elle. « On a quitté notre pays à cause de la guerre, pour tenter de se mettre en sécurité, mais il n'y a pas de sécurité. »

Les familles fuyant les frappes aériennes au Liban arrivent au point de passage de la frontière de Jdaidet Yabous. Quelque 130 000 personnes sont entrées en Syrie depuis le 23 septembre.

© HCR/Hameed Maarouf

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est présent à quatre points de passage de la frontière, aux côtés des autorités locales et du Croissant-Rouge syrien, fournissant de la nourriture, de l'eau, des couvertures et des matelas aux nouveaux arrivants.

Au Liban, le HCR soutien les efforts déployés par le gouvernement libanais pour faire face à la situation en distribuant des articles d'urgence, comme des couvertures et des matelas, en assurant des services juridiques et de protection sociale, et en améliorant les abris. Le HCR aide aussi les personnes déplacées en leur remettant une assistance en espèces.

Dans la mesure où le nombre de déplacés risque fort d'augmenter encore, il est urgent de disposer de financements supplémentaires pour répondre aux besoins en abris, articles de secours, soins de santé, assistance en espèces et services de protection qui s'accroissent rapidement. Le 1er octobre, le gouvernement libanais et les organisations humanitaires, dont le HCR, ont lancé un appel de fonds de 425 millions de dollars (lien en anglais) pour venir en aide à un million de personnes touchées par la crise ces trois prochains mois.