Au cœur de l’excellence : le sport, moteur de la Patrouille de France

Souvent vu comme indissociable du métier de militaire, le sport est d'autant plus important au sein de la Patrouille de France. Cette unité, soumise à la pression des meetings, se doit d'être entraînée rigoureusement.

De militaire à athlète, il n'y a qu'un pas. Et cela est d'autant plus vrai avec ces membres de la Patrouille de France (PAF) dont la vie est dictée par la pratique sportive. Alors que nous les rencontrions à l'occasion de leur double passage au-dessus de Paris pour l'ouverture des Jeux olympiques, nous avions échangé avec eux sur leur pratique sportive.

Qu'ils soient pilote, mécanicien ou encore membre du bureau technique, nous avions pu discuter avec eux sur l'importance de se dépenser lorsque l'on fait partie d'une unité de représentation de l'armée de l'Air et de l'Espace. Interviews.

Mon commandant, pouvez-vous nous expliquer comment se prépare-t-on à enchaîner les meetings tout l'été ?

Commandant Alexandre Richard : La période hivernale est dédiée à l'entraînement au sein de la PAF. Quotidiennement, nous effectuons deux séances de sport. Une première le matin, avant les vols, qui fait office de réveil musculaire et où l'on prend conscience de notre état de forme de la journée. Cet entraînement permet aussi sur le long terme de faire du renforcement musculaire, de préparer le corps aux nombreux efforts que nous devrons endurer lors de nos différentes missions. Et à la fin de journée, après nos deux vols quotidiens, nous effectuons une deuxième séance de sport, qui a, elle, une double finalité. Dans un premier temps de continuer ce travail d'amélioration de notre état physique. Mais également, elle a pour vocation de libérer notre esprit et de nous défouler en fin de journée, après des vols qui sont parfois assez stressants.

L'hiver est dédié à l'entraînement, mais comment vous organisez-vous en été pour pratiquer votre sport quotidien malgré l'enchaînement des meetings ?

J'aime bien varier les activités. Avec le capitaine Laurent, Athos 5, ça nous arrive de faire quelques footings et quelques petites séances de fractionnés en course à pied qui permettent de travailler l'endurance. J'aime aussi faire du renforcement musculaire à la maison pour garder une résistance à l'effort et notamment au facteur de charge. Enfin, je pratique le yoga de manière assez régulière pour m'assouplir dans un premier temps, mais aussi pour faire un peu de méditation.

En cette période des Jeux olympiques et paralympiques sur notre territoire, si vous pouviez participer à une épreuve, laquelle choisiriez-vous ?

J'ai toujours eu une fascination pour les épreuves combinées, qui représentent selon moi la quintessence du sportif, car il faut savoir tout faire et surtout le faire bien. Je pense que ce sont des épreuves immensément compliquées pour les athlètes et je salue ces champions. Pour avoir le plaisir de faire dix épreuves en une, je dirais le décathlon.

Mon adjudant-chef, en quoi le sport est-il important pour vous en parallèle de votre poste au sein du bureau technique à la PAF ?

Adjudant-chef Matthieu : Pour moi le sport c'est quotidien, j'en ai besoin. Après avoir fait sept ou huit heures de travail, j'aime aller prendre l'air et me défouler. Je suis persuadé que le sport m'aide à remplir mes missions au sein de la PAF. Mon sport, c'est le triathlon et je m'entraîne pour maintenir ma condition physique, mais aussi pour remplir mes objectifs de course.

Votre poste d'ambassadeur vous oblige à être très souvent en déplacement, parvenez-vous à adapter vos entraînements ?

Ma discipline m'oblige à devoir faire près de quinze heures d'entraînement par semaine. Donc, en meeting, je m'adapte aux horaires des vols et aux missions qui nous sont confiées. C'est plus compliqué d'avoir un gros volume d'entraînement, mais j'arrive toujours à trouver le temps. Je prévois une séance d'entraînement chaque jour de déplacement. Je n'ai encore jamais pris mon vélo pour venir en meeting, mais ce n'est pas l'envie qui manque. Surtout lorsque l'on part dans des lieux mythiques pour évoluer en vélo tels que l'Alpe d'Huez ou le Tourmalet par exemple. Mais dans ce cas, je vais plutôt me concentrer sur la course à pied, qui nécessite moins de matériel. Certaines bases aériennes sont équipées de piscine, donc je peux parfois également prévoir des séances de natation.

D'ailleurs, actuellement, vous préparez une course bien spéciale qui devrait bientôt arriver.

Exactement ! J'ai eu la chance d'avoir un dossard pour participer aux « 10 kilomètres pour tous », le samedi 10 août. À l'occasion des JOP 2024, le comité olympique a décidé d'ouvrir le marathon et les 10 kilomètres à tout le monde. La spécificité est que nous allons participer à exactement la même épreuve que les athlètes olympiques. Nous partirons de l'hôtel de ville pour arriver aux Invalides. Le départ va se faire de nuit, à 23 h 30, donc ça va être particulier. Il devrait y avoir 20 000 personnes sur les 10 kilomètres et autant sur le marathon.

Mon adjudant, pouvez-vous nous expliquer quelle est la place du sport dans la gestion de votre profession ?

Adjudant Arnaud : Le sport m'aide surtout au niveau de la gestion du stress. Au sein de la PAF, les missions sont très variées et nous avons parfois de très grosses amplitudes horaires. Le sport me permet donc d'extérioriser et de mieux relâcher la pression pour me permettre, derrière, de mieux me concentrer sur mon travail. Une mission comme celle d'aujourd'hui et les passages au-dessus de Paris pour les JOP génèrent une certaine pression, car nous représentons la France dans un premier temps, mais aussi nos frères d'armes qui travaillent dans l'ombre.

Lors des meetings, la PAF se déplace toujours en groupe. Est-ce que cela vous permet de faire du sport ensemble ?

Au niveau des équipes de piste, nous avons créé un groupe de discussion pour le sport. Donc, lorsque nous avons nos matinées de libres en meeting, nous nous regroupons le matin pour aller courir et découvrir des paysages, des villes et régions dans lesquelles on se déplace. L'année dernière à l'occasion d'un déplacement on a pu courir le long de la côte de l'île de Jersey. Lorsque l'on va à Saint-Jean-de-Luz, on essaie de faire pareil. Pour notre déplacement de Perros-Guirec, on ira sur le sentier des douaniers, c'est un peu la tradition.

Cet été, la France accueille les JOP, quelle est l'épreuve à laquelle vous rêveriez de participer ?

Le sport que je préfère pratiquer est la course à pied et plus précisément le trail. C'est un sport qui permet de sortir de la ville et de découvrir de magnifiques paysages. De plus, dans cette discipline on peut augmenter les distances et le dénivelé et, ainsi, essayer d'aller toucher quelques limites. Donc je pense que je choisirais l'épreuve du marathon. J'ai déjà participé à celui de Salon-de-Provence, mais c'est une épreuve qui est très exigeante.