12/02/2024 | News release | Distributed by Public on 12/02/2024 13:16
S'exprimant lors d'une conférence ministérielle sur l'aide humanitaire à Gaza, convoquée au Caire par le Président égyptien Abdel Fattah El-Sisi, la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Amina Mohammed, a souligné le besoin urgent d'une aide vitale et d'un plan de redressement à long terme de l'enclave.
« Nous sommes ici pour aider à garantir une augmentation immédiate de l'aide vitale pour le peuple palestinien, assurer la préparation à un éventuel cessez-le-feu et commencer à jeter les bases du redressement et de la reconstruction - cela ne peut pas arriver assez tôt », a-t-elle déclaré, s'exprimant au nom du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.
Les livraisons de nourriture et d'autres fournitures dont Gaza a désespérément besoin ont dû être interrompues via le passage de Kerem Shalom à cause des pillages commis par des bandes armées, a indiqué l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA.
L'agence a pris cette décision dimanche après avoir déclaré que les camions transportant de la nourriture avaient « tous été volés » après avoir traversé Gaza par ce qui est le principal couloir d'aide.
Pour expliquer cette décision, le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré que la route n'était plus sûre « depuis des mois ». Le 16 novembre, un important convoi de camions d'aide humanitaire qui traversait également Kerem Shalom a été volé par des gangs armés.
Plus loin à l'intérieur de Gaza, les travailleurs humanitaires sont profondément préoccupés par la montée en flèche des niveaux de malnutrition.
La responsable principale des urgences de l'UNRWA, Louise Wateridge, s'exprimant lundi depuis l'une des écoles de l'agence des Nations Unies à Deir Al-Balah, où 6.000 personnes sont hébergées, a décrit des familles dormant sur des sols froids et humides et avoir vu un enfant « pleurer et crier dans un coin, réclamant juste un morceau de pain. Elle pleurait juste pour un morceau de pain ».
Au Caire, Mme Mohammed a souligné le bilan dévastateur du conflit : plus de 44.000 Palestiniens ayant perdu la vie, des déplacements massifs et l'effondrement des services essentiels.
Les enfants sont les plus touchés : près de 19.000 d'entre eux ont été hospitalisés au cours des quatre derniers mois en raison de malnutrition aiguë. Gaza compte désormais le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde, et de nombreuses opérations chirurgicales sont pratiquées sans anesthésie.
« Ce à quoi nous assistons pourrait bien s'apparenter aux crimes internationaux les plus graves », a-t-elle affirmé.
Mme Mohammed a exprimé sa profonde inquiétude face aux restrictions sévères imposées à l'aide humanitaire à Gaza, décrivant le flux de fournitures comme « outrageusement » insuffisant et imprévisible
« L'aide exceptionnelle n'est ni humaine ni efficace », a-t-elle déclaré, citant des défis tels que les pillages, les munitions non explosées et les routes détruites.
Le mois dernier, un important convoi d'aide a été volé sur la route sortant de Kerem Shalom : « Le personnel et les opérations humanitaires doivent être assurés de leur sécurité. L'accès doit être accordé à tous ceux qui en ont besoin, où qu'ils se trouvent. Les locaux des Nations Unies doivent rester inviolables à tout moment », a-t-elle souligné.
Mme Mohammed a appelé à un soutien solide pour l'ensemble du système d'aide humanitaire à Gaza, en particulier l'UNRWA, décrivant l'agence onusienne comme une planche de salut irremplaçable pour les Palestiniens.
« Si l'UNRWA est obligée de fermer, la responsabilité de remplacer ses services vitaux - et de répondre aux besoins fondamentaux des Palestiniens de Gaza - incombera à Israël en tant que puissance occupante », a-t-elle déclaré, ajoutant qu'il n'y a pas d'alternative à l'UNRWA. « Ni les Nations Unies, ni la communauté internationale, mais Israël - et Israël seul. »
Réitérant la nécessité d'une solution politique, Mme Mohammed a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la libération inconditionnelle des otages.
Elle a également souligné l'urgence d'une solution à deux États, conforme au droit international et aux résolutions pertinentes de l'ONU, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États.
« La catastrophe à Gaza n'est rien de moins qu'un effondrement complet de notre humanité commune », a-t-elle conclu. « Le cauchemar doit cesser ».
Sigrid Kaag, Coordonnatrice principale de l'action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, a dressé un sombre tableau des destructions et des traumatismes dont elle a été témoin lors de ses visites.
« Rien ne vous prépare, en tant qu'être humain, au tribut, au traumatisme, à la souffrance, à la perte et au sentiment d'abandon que ressentent les civils palestiniens », a-t-elle déclaré aux délégués au Caire.
Mme Kaag a souligné l'importance du soutien en matière de santé mentale, en particulier pour les enfants. « Les cicatrices de la guerre ne sont pas seulement physiques », a-t-elle noté, appelant à des investissements dans des programmes psychosociaux parallèlement à l'aide immédiate et aux efforts de rétablissement.
La haute responsable onusienne a également exhorté les parties prenantes à donner la priorité aux initiatives de rétablissement rapide, qui comprennent le rétablissement des services de base, la réhabilitation des infrastructures et la promotion de la stabilité économique, en partenariat avec l'Autorité palestinienne.
« Le rétablissement rapide, après tout, est également un investissement dans la stabilité future, dans les perspectives de paix d'une Palestine, dont Gaza est une entité indissociable d'un futur État palestinien », a-t-elle déclaré. « L'État ne se résume pas seulement à des bâtiments, a-t-elle ajouté. Le rétablissement consiste à restaurer des vies, la dignité et l'espoir ».
Tandis que des niveaux alarmants de pénurie alimentaire, de manque d'eau et de signes de famine dans la population sont signalés, un nouveau rapport des agences de l'ONU met en garde sur l'apparition de mécanismes d'adaptation négatives, comme le mariage précoce, le travail des enfants et le fait de fouiller dans les ordures.
Dans ce climat de violence et de pénuries, la diminution des réserves alimentaires et la fermeture des boulangeries ont déclenché des violences physiques dans les boulangeries et les points de distribution restants.
Six femmes et filles ont été tuées lorsque des violences ont éclaté alors qu'elles attendaient du pain dans des boulangeries, ont indiqué les agences onusiennes sans mentionner la date exacte de ce drame.
En conséquence, plusieurs boulangeries ont fermé en raison « du manque de farine et des incidents violents qui ont fait des morts et des blessés ».
Des informations parues dans la presse ont indiqué que deux femmes et une mineure sont mortes vendredi, piétinées lors d'une bousculade devant une boulangerie de Deir el-Balah où une foule s'était massée pour acheter du pain.
D'une manière générale, les partenaires de la lutte contre la violence sexiste signalent également que des femmes et des filles se livrent à des activités sexuelles de survie en échange de nourriture, ce qui les expose davantage à l'exploitation et aux abus. « Ces tendances devraient s'aggraver si l'on ne remédie pas à la situation ».
Alors que la sécurité alimentaire se détériore rapidement et que les mécanismes d'adaptation s'érodent, le HCDH et le groupe sectoriel Protection s'attendent à une hausse des cas de violence fondée sur le genre, y compris la violence physique, psychologique et économique.
Les facteurs de stress économique des ménages, combinés à l'évolution des rôles des hommes et des femmes à Gaza, déclenchent de multiples formes de violence à l'égard des femmes et des filles, notamment des agressions physiques et des violences exercées par les partenaires.
Selon le rapport sur les tendances de la violence liée au sexe de septembre et octobre 2024, les femmes et les filles de Gaza sont en outre exposées à des privations délibérées en se voyant refuser l'accès aux ressources, y compris à la nourriture.
En outre l'insécurité alimentaire pousse les familles à donner la priorité à la survie immédiate et à recourir à des stratégies d'adaptation négatives, notamment le travail des enfants et la mendicité, exposant ainsi les enfants à des risques importants de maltraitance et d'exploitation.
Les partenaires de la protection de l'enfance signalent que les enfants séparés de leur famille sont confrontés à des risques accrus à mesure que les réserves de nourriture deviennent de plus en plus limitées.
Avec de nombreuses bouches à nourrir, les personnes qui s'occupent des enfants donnent souvent la priorité à leurs propres enfants plutôt qu'aux membres de la famille élargie, exposant ainsi les enfants séparés à la négligence.
Plus largement, ce climat de pénuries touche davantage les plus vulnérables de la communauté, notamment les personnes âgées, les personnes handicapées ou malades, les enfants et les femmes, qui ont moins de chances d'accéder aux réserves de nourriture restantes et courent un plus grand risque de mourir de faim.
Dans ces conditions, les enfants et les femmes fouillent de plus en plus souvent les tas d'ordures à la recherche de restes de nourriture, souvent pieds nus ou sans gants. « Cela les expose non seulement à un risque accru de maladies ou de blessures dues aux arêtes tranchantes ou au métal des déchets solides, mais aussi aux risques liés aux restes explosifs de guerre ».
La publication de ce rapport intervient alors que l'acheminement de l'aide ne s'améliore pas. Le Gouvernorat de Gaza Nord Gaza est assiégée depuis plus d'un mois et demi. Dans l'ensemble de l'enclave palestinienne, si 36 camions quotidiens sont entrés, en moyenne, en octobre, les Nations Unies estiment qu'il en faudrait au moins 200 par jour.
Plus largement, les partenaires de protection reçoivent des appels de personnes vulnérables piégées dans des maisons et des abris qui n'ont plus de nourriture ni d'eau. L'ensemble de la population est dans le besoin et la nourriture qui entre à Gaza n'est pas suffisante pour répondre à ces besoins.
Les partenaires de protection sont particulièrement préoccupés par les personnes présentant des vulnérabilités supplémentaires, notamment plus de 58.000 personnes handicapées qui rencontrent des difficultés supplémentaires pour accéder à la nourriture
L'ONU s'inquiète du sort d'environs 150.000 femmes enceintes et allaitantes qui luttent pour se nourrir et nourrir leurs bébés. Outre les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies chroniques, les patients dans les hôpitaux, les enfants, quelque 70.000 personnes qui restent dans le nord de la bande de Gaza, coupées même des approvisionnements limités qui sont disponibles.