ITUC - International Trade Union Confederation

12/11/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/11/2024 10:05

Le processus de sélection de la FIFA pour la Coupe du monde met les travailleurs en danger

Le processus de sélection de la FIFA pour la Coupe du monde met les travailleurs en danger

La Confédération syndicale internationale (CSI) est profondément préoccupée par le processus de sélection des pays hôtes de la Coupe du monde de football masculin de 2030 et de 2034, qui porte atteinte à la démocratie et aux droits humains dans le sport, et fait courir un risque extrême aux personnes qui travaillent en Arabie saoudite.

11-12-2024

Le vote organisé lors du Congrès extraordinaire de la FIFA a contraint les associations nationales de football à voter une seule fois pour 2030 et 2034, sans avoir la possibilité d'évaluer ou de rejeter individuellement les candidatures.

Les estimations de la FIFA sur les risques pour les droits humains ont été largement critiquées par les syndicats, les organisations de défense des droits humains, et [même ses propres membres->https://www.insideworldfootball.com/2024/11/04/norways-klaveness-asks-question-2034-world-cup-vote-process-saudis-hr-report/]. Un rapport d'Amnesty International et de la coalition Sport and Rights Alliance, dont la CSI est l'un des principaux partenaires, a relevé de graves manquements au niveau de la liberté syndicale, de la liberté d'expression, des droits des personnes LGBTI, et du salaire minimum - entre autres.

«Lors du processus de sélection des pays, la FIFA n'a prêté aucune attention aux garanties essentielles et a ignoré ses propres engagements vis-à-vis des droits humains" Luc Triangle, le secrétaire général de la CSI

« Elle a agi en sachant pertinemment que les travailleurs se verraient refuser le droit fondamental de s'organiser ou de s'affilier à des syndicats. Or, ce droit est essentiel pour garantir la santé et la sécurité au travail, et la question est d'autant plus cruciale en Arabie saoudite qu'au moins 21 000 travailleurs auraient perdu la vie pendant la construction du projet « The Line ».

« La FIFA n'a pas pris en considération non plus le système abusif de la kafala, qui condamne aux abus et au vol de salaire généralisé des millions de migrants qui travaillent dans les secteurs de la santé, de la construction et des services. À une époque où les sportifs sont de plus en plus reconnus comme des travailleurs et des défenseurs des droits humains, ils risquent d'être criminalisés parce qu'ils exercent leurs droits au travail pendant une compétition organisée en Arabie saoudite. »

Rien qu'en 2024, l'Arabie saoudite:

  • a vu son classement se dégrader dans l'Indice CSI des droits dans le monde;
  • a fait l'objet de deux plaintes officielles auprès de l'OIT, déposées par l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) pour de « graves violations des droits humains et le vol de salaire concernant au moins 21 000 ouvriers de la construction »; par ailleurs, un rapport d'Amnesty International a révélé que des travailleurs migrants employés dans des magasins Carrefour en sous-traitance avaient été spoliés de leurs revenus;
  • a fait l'objet d'une plainte auprès des Nations Unies de la part de la CSI-Afrique et des affiliées de la CSI COTU (Kenya), FESTU (Somalie), CETU (Éthiopie), NOTU (Ouganda), TUCTA (Tanzanie), GTUC (Ghana) et NLC (Nigeria) portant sur « l'exploitation incessante, le vol de salaire et le travail forcé » auxquels sont confrontés les travailleurs migrants africains.

Luc Triangle a conclu: « Il semble que la FIFA prépare le terrain pour une violation massive des droits syndicaux, au nom des profits de quelques-uns. Les sportifs, les supporters, les résidents locaux et les millions de personnes qui travaillent dans la chaîne d'approvisionnement de la Coupe du monde méritent mieux.

« La CSI et ses affiliées, les Fédérations syndicales internationales et leurs partenaires, partout dans le monde, maintiendront la pression sur la FIFA et l'Arabie saoudite pour qu'elles respectent leurs obligations en matière de droits humains et de droits du travail. Nous sommes déterminés à veiller à ce que les travailleurs soient traités avec dignité. Pour y parvenir, l'Organisation internationale du travail doit être pleinement impliquée en tant qu'agence des Nations Unies œuvrant pour les principes et droits fondamentaux au travail, le travail décent et des lieux de travail sûrs et sains. »