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08/24/2023 | News release | Distributed by Public on 08/24/2023 04:50

Canicule : une vague de chaleur d’une sévérité exceptionnelle

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Canicule : une vague de chaleur d'une sévérité exceptionnelle

23/08/2023

Un épisode caniculaire inédit par sa durée et son intensité à cette période de l'année touche le sud du pays. La chaleur s'intensifie encore en ce milieu de semaine, principalement en vallée du Rhône et dans le Sud-Ouest.

Les températures ont atteint des valeurs exceptionnellement chaudes mardi en vallée du Rhône avec 42,7 °C mesurés à Orange. On attend encore un tel niveau de chaleur mercredi et jeudi en vallée du Rhône et en Occitanie. Les nuits sont également extrêmement chaudes, le mercure descendant parfois à peine sous les 30 °C sur les régions exposées.

Cet épisode de chaleur tardif est exceptionnel par sa durée et son intensité.

La chaleur a des conséquences sur la santé. Des phénomènes dangereux sont prévus. Tenez-vous informés en consultant la Vigilance météorologique ici.

Canicule, fortes chaleurs : adoptez les bons réflexes !

La chaleur monte encore d'un cran

Un épisode de fortes chaleurs touche les deux tiers sud du pays avec une intensité inédite pour une fin d'été. Quelles sont les températures observées ?

Lundi, puis mardi, ont été les journées les plus chaudes jamais enregistrées en France après un 15 août, avec une température moyenne en France (indicateur thermique national) de 26,93 °C mardi, 26,4°C lundi. Ces valeurs devraient être à nouveau dépasser ce mercredi.

Les températures atteignent des niveaux record pour la saison dépassant par endroit les 40 °C.
Cet épisode est également exceptionnel par la succession de températures très élevées d'ores et déjà mesurées et attendues entre mardi et jeudi. Cette période avec des maximales dépassant 40 °C notamment est comparable dans le Sud-Est puis le Sud-Ouest aux températures relevées lors des canicules historiques d'août 2003 et juin 2019.
Le seuil des 40 °C a par exemple déjà été dépassé 3 jours consécutifs (20-21-22 août) à Carcassonne ou à Lanas (Ardèche), à Carpentras et Orange (Vaucluse). Les seules périodes comparables de 3 ou plus jours ont eu lieu en août 2003 ou en juin 2019. Les températures à venir sur le Sud-Est et sur la basse vallée du Rhône viendront encore allonger cette série record de maximales supérieures à 40 °C.
À Lyon, la série de 6 jours avec des températures maximales supérieures à 36 °C démarrant le 17 août est déjà historique par sa durée, derrière la période des 11 jours du 3 au 13 août 2003. Le seuil des 38 °C sera vraisemblablement dépassé à Toulouse pendant 5 jours consécutifs (20 au 24 août), comparable à la série du 3 au 7 août 2003.

Des températures inédites

Dans de nombreuses stations, jamais un tel niveau de chaleur n'avait été observé, tous mois confondus. On a mesuré :

  • 42,7 °C à ORANGE (Vaucluse) : hier mardi, nouveau record absolu d'Orange de 2003 (précédent 42,6 °C le 12/08/2003).
  • 42,4 °C à NYONS (Drôme) lundi. Une telle valeur n'avait jamais été mesurée dans cette station, constituant son record absolu. (précédent record 41,8 °C le 28/06/2019)

D'autres records battus aujourd'hui 23 août :+

  • 43,2 °C à Carcassone (11) ;
  • 42,4 °C à Toulouse (31) ;
  • Les premiers 30 °C (30,4 °C) relevées au Mont Aigoual.

Des nuits exceptionnellement chaudes
Les nuits sont également extrêmement chaudes atteignant par endroit des températures jamais mesurées.

Des pointes à 42 °C - 43 °C jusqu'à jeudi

Jeudi, une dégradation orageuse est attendue sur la moitié nord, avec des orages isolés dans un premier temps, tandis que la chaleur intense persistera sur la moitié sud. Les températures de fin de nuit de mercredi à jeudi seront parfois très élevées et proches des records avec des valeurs dépassant le seuil des 25 °C, en particulier autour de la vallée de la Garonne. Les températures maximales sur la moitié sud seront globalement stationnaires, souvent voisines de 37 à 40 °C, entre 40 et 43 °C autour de la vallée de la Garonne. Seul le littoral méditerranéen devrait amorcer une légère baisse des températures maximales.

Vendredi, la dégradation orageuse se poursuivra sur la moitié nord, tandis que le soleil continuera majoritairement à prédominer sur la partie sud. Les températures seront en baisse sur tout le territoire mais de fortes chaleurs se maintiendront entre la vallée du Rhône, l'intérieur varois et les vallées alpines, où le mercure grimpera encore jusque 37 à 39 °C. Sur le Sud-Ouest par exemple, le mercure ne devrait plus dépasser les 35 °C. La baisse des températures se poursuivra samedi et dimanche.

Vigilance rouge canicule en cours

Des départements sont en Vigilance rouge canicule. Tenez-vous informés et suivez l'évolution de la situation.

Que signifie le niveau de vigilance rouge canicule ?

Le niveau de vigilance rouge d'une canicule est associé au caractère inhabituel d'une vague de chaleur, par sa durée, son intensité, son étendue géographique, et ses potentiels impacts sanitaires et sociétaux.
Le principe général pour évaluer l'opportunité de placer un département en vigilance rouge canicule est basé sur :
- Le caractère météorologique inhabituel de la vague de chaleur touchant le département concerné ;
- Le risque sanitaire attendu.

La décision résulte d'un échange entre les prévisionnistes de Météo-France, les épidémiologistes de Santé Publique France et les autorités sanitaires nationales (DGS),
examinant conjointement le caractère inhabituel des températures, les risques attendus d'un point de vue sanitaire et les catégories de population potentiellement concernées.

Des précédents

Depuis la naissance du dispositif de vigilance en 2002, le niveau de vigilance rouge a été déclenché pour cinq épisodes de canicule sur 53 épisodes de niveau rouge tous phénomènes confondus (hors épisode en cours).

  • 27-29 juin 2019
  • 24-26 juillet 2019
  • 7-12 août 2020
  • 16-19 juin 2022
  • 17-19 juillet 2022

En savoir plus sur la vigilance canicule ici.

Comment se protéger ?

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Comment expliquer cet épisode de fortes chaleurs ?

De l'air très chaud remontant par le sud a conduit à la mise en place d'un dôme de chaleur.

Un dôme de chaleur est une vaste zone anticyclonique à tout étage de l'atmosphère qui emprisonne l'air déjà chaud et le réchauffe par compression (un peu à l'image d'une pompe à vélo).

Cet épisode survient de manière tardive (deuxième quinzaine d'août) après un été contrasté. Est-ce habituel à cette période de l'année ?

À l'échelle nationale, six épisodes de vague de chaleur ont déjà été observés après le 15 août depuis 1947: en 2001, 2009, 2011, 2012, 2016 et 2017. Parmi ces six, c'est l'épisode du 17 au 21 août 2012 qui a été le plus sévère. Les 18 et 19 août 2012, au cœur de la vague, des températures maximales de plus de 40 °C avaient été relevées (40,3 °C à Châteauroux (36) et 41,3 °C à Montluçon (03) le 18; 41,5 °C à Châtillon-sur-Seine (21) le 19).

Ces épisodes ont duré entre 4 et 6 jours, et étaient plus courts et moins intenses que les vagues de chaleur de juillet 2022.
Début juillet, le Centre-Est et le Sud-Est du pays ont déjà été touchés par un épisode de chaleur. Une vague de chaleur sur la Méditerranée avait également induit des températures élevées sur la Corse et le Sud-Est jusqu'au 24 juillet.

Plus de 40 °C en France ?
De décennies en décennies, le seuil des 40 °C est plus fréquemment franchi en France. Depuis 2000, cela s'est produit en moyenne 13 fois par an (seuil des 40 °C) contre 1 fois par an entre 1950 et 1999. La décennie 2020 a déjà devancé les précédentes, alors que seules trois années se sont écoulées (2020, 2021 et 2022)

Il reste très rare de mesurer des températures supérieures à 40 °C après un 15 août. Depuis 1950, seules 6 années ont été marquées par une chaleur supérieure à ce seuil après un 15 août en 1987, 2000, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2021 .

De tels épisodes sont -ils liés au changement climatique d'origine humaine ?

Cet épisode de chaleur tardif s'inscrit dans la logique du réchauffement climatique qui implique que de tels épisodes pourraient s'avérer plus fréquents ou tardifs durant la saison estivale. Le réchauffement climatique joue un rôle amplificateur et favorise une extension des vagues de chaleur au-delà de la saison estivale. Les six précédents épisodes de chaleur tardifs ont eu lieu au cours du 21e siècle alors que pendant toute la seconde moitié du 20e siècle, aucune vague de chaleur aussi tardive n'a été recensée à l'échelle nationale.

L'indicateur thermique national pourrait même atteindre lors de cet épisode tardif des valeurs proches de valeurs record mesurées lors des épisodes de juin et juillet 2019, voire d'août 2003.

Quantifier précisément l'impact du changement climatique sur cet épisode de chaleur demande une étude d'attribution après la fin de l'événement. Les études d'attribution portant sur les vagues de chaleur observées en 2022 ont démontré une contribution des activités anthropiques sur l'intensité de ces vagues.