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08/19/2024 | News release | Distributed by Public on 08/19/2024 04:02

Journée mondiale humanitaire : l’ONU dénonce un record inadmissible de violences contre les humanitaires

Après une année 2023 meurtrière dans le monde, les Nations Unies tirent la sonnette d'alarme et exigent une plus grande reddition des comptes alors que les pays commémorent la Journée mondiale de l'aide humanitaire ce lundi.

L'ONU a ainsi fustigé lundi 19 août les violences « inadmissibles » qui se banalisent contre les travailleurs humanitaires dont 280 ont été tués dans le monde en 2023, un record nourri par la guerre à Gaza.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), ce chiffre représente une augmentation de 137 % par rapport à 2022, année au cours de laquelle 118 travailleurs humanitaires avaient été tués.

Gaza, terre particulièrement meurtrière

Pire encore, l'année 2024 pourrait être encore plus meurtrière.

Au 7 août, 172 travailleurs humanitaires ont été tués cette année, a souligné l'OCHA, citant le décompte provisoire de la base de données « Aid Worker Security Database », qui remonte à 1997.

Selon ces données, plus de la moitié des morts de 2023 (163) sont des humanitaires tués à Gaza lors des trois premiers mois de la guerre entre Israël et le Hamas, principalement dans des frappes aériennes.

Depuis octobre, plus de 280 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza, dont une majorité d'employés de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon les Nations Unies.

© WFP/Hugh Rutherford
Un enfant d'un an est examiné pour détecter des signes de malnutrition dans un centre d'accueil à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud.

Le Soudan du Sud, un des endroits les plus dangereux pour les humanitaires

Le Soudan du Sud, frappé par des violences civiles et intercommunautaires, et le Soudan, où une guerre entre deux généraux rivaux fait rage depuis avril 2023, sont les deux autres conflits les plus meurtriers pour les humanitaires, avec respectivement 34 et 25 morts.

En outre, les « niveaux extrêmes de violence » au Soudan et au Soudan du Sud ont contribué à augmenter le nombre de morts en 2023 et 2024.

Au Soudan du Sud par exemple, 267 incidents liés à l'accès humanitaire ont été signalés entre janvier et juillet, dont 135 impliquant des violences directes à l'encontre du personnel et des biens humanitaires, y compris 28 incidents de pillage et de vol. L'escalade de l'insécurité a contraint 15 membres du personnel humanitaire à quitter leur zone d'activité.

Le lourd tribut payé par les employés locaux

En République démocratique du Congo (RDC), cette commémoration revêt une signification particulière, en raison de l'escalade des attaques contre les populations civiles et les acteurs humanitaires, notamment dans l'Est de ce pays de la région des Grands Lacs.

Selon l'OCHA, six travailleurs humanitaires ont été tués et 11 enlevés entre janvier et juin de cette année, avec plus de 200 incidents ayant directement ciblé les humanitaires sur le terrain.

« Le souvenir de nos deux collègues tués le 30 juin dernier lors de l'incendie d'un convoi humanitaire par des groupes de jeunes armés à Butembo est encore vif dans nos esprits », a d'ailleurs rappelé, Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire de l'ONU en RDC, rappelant que quatre humanitaires ont été tués en 2023.

Outre la RDC, figurent aussi dans le top 10, Israël et la Syrie (sept morts chacun), l'Éthiopie et l'Ukraine (six morts chacun), la Somalie (cinq), et le Myanmar (quatre).

Dans tous ces conflits, la plupart des personnes tuées étaient des employés nationaux. Par ailleurs, de nombreux travailleurs humanitaires sont toujours détenus au Yémen.

Si le nombre d'humanitaires tués atteint des records, la base de données montre en revanche une diminution du nombre de travailleurs kidnappés en 2023, avec 91 enlèvements. Un chiffre au plus bas depuis cinq ans après le record de 2022 (185).

Inacceptable et inadmissible

Face à ces chiffres alarmants, Joyce Msuya, Secrétaire générale adjointe par intérim chargée des affaires humanitaires a appelé à l'action.

« La normalisation de la violence contre les travailleurs humanitaires et l'absence reddition des comptes sont inacceptables, inadmissibles et extrêmement préjudiciables aux opérations d'aide partout dans le monde », a-t-elle déclaré.

« Aujourd'hui, nous réitérons notre demande que les personnes au pouvoir agissent pour mettre fin aux violations contre les civils et à l'impunité avec laquelle ces attaques odieuses sont commises ».

© UNRWA
Des gens font la queue à Gaza pour de la nourriture.

#AgirPourLhumanité

La Journée mondiale de l'aide humanitaire est célébrée chaque année le 19 août, date à laquelle, en 2003, un attentat à la bombe au siège des Nations Unies à Bagdad a tué 22 travailleurs humanitaires, dont Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq.

Chaque année, la commémoration se concentre sur un thème afin de plaider en faveur de la survie, du bien-être et de la dignité des personnes prises dans des crises, ainsi que de la sûreté et de la sécurité des travailleurs humanitaires.

La campagne 2024, #AgirPourLhumanité, vise à obtenir le soutien du public pour aider à faire pression sur les parties belligérantes et les dirigeants mondiaux afin de mieux assurer la protection des civils, y compris les humanitaires, pris dans les zones de conflit.

Appel à la protection dans une lettre commune

Dans ce contexte, les responsables de plusieurs organisations humanitaires ont également écrit aux États membres des Nations Unies pour leur demander de redoubler d'efforts afin de protéger tous les travailleurs humanitaires, leurs locaux et leurs biens, comme le stipule la résolution 2730 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée en mai.

Ils réclament ainsi « la fin des attaques contre les civils, la protection de tous les humanitaires». Les auteurs de ces actes doivent également rendre des comptes, ont-ils ajouté, notant que ceux qui commettent des violations du droit international humanitaire ne peuvent rester impunis.

« Nous continuerons à rester et à intervenir dans les crises humanitaires à travers le monde, mais la situation exige que nous adoptions une position unie pour demander la protection de notre personnel, de nos volontaires et des civils que nous servons », peut-on lire dans la lettre.