UNOG - United Nations Office at Geneva

07/03/2024 | News release | Distributed by Public on 07/03/2024 20:57

Gaza « coupée en deux » alors que civils et humanitaires ajustent leurs vies et les efforts d’aide

La bande de Gaza est pratiquement « coupée en deux », avec des blocus limitant non seulement les mouvements des personnes déplacées cherchant un abri, mais aussi ceux des travailleurs humanitaires qui tentent d'aider les civils dans le besoin, a déclaré mercredi un responsable humanitaire de l'ONU.

S'exprimant par liaison vidéo depuis Jérusalem, Andrea De Domenico, chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans les territoires palestiniens occupés, a souligné que les gens ont été contraints de « changer complètement leur vie » à de multiples reprises

« Au cours des neuf derniers mois, les gens ont été déplacés comme des 'pions dans un jeu de société' - forcés à aller d'un endroit à un autre, indépendamment de notre capacité à les soutenir et indépendamment de la disponibilité des services là où ils atterrissent », a-t-il déclaré.

Les travailleurs humanitaires, quant à eux, doivent également déplacer leurs bases d'opérations et évacuer d'un endroit à un autre, à mesure que les opérations militaires changent de direction. « Les opérations militaires [nous] poussent à nouveau et bouleversent tout », a-t-il déclaré.

Aucun endroit sûr

Le responsable humanitaire a ajouté qu'alors que des discussions étaient en cours avec toutes les parties prenantes, y compris les autorités israéliennes, sur l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza et sa distribution, les derniers ordres d'évacuation à Khan Younis ont « anéanti » tout ce travail acharné.

M. De Domenico a réitéré qu'« aucun endroit n'est sûr, ni personne en sécurité » à Gaza, ni les civils ni les humanitaires.

Jusqu'à présent, au moins 274 travailleurs humanitaires et volontaires ont été tués - la plupart alors qu'ils travaillaient, d'autres chez eux avec leurs familles.

« [Les humanitaires] risquent leur vie chaque jour et il y a [peu - voire aucune] installations humanitaires qui ont été épargnées lorsque la ligne de front se déplace… malgré nos efforts pour notifier les lieux. La réalité… est que ces endroits sont souvent touchés », a-t-il ajouté.

© UNRWA
Une famille à Gaza passe le long d'une route bordée d'ordures.

La plupart des patients ont déserté l'Hôpital européen

De son côté, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé mercredi que la quasi-totalité des patients de l'hôpital européen de Gaza et de l'hôpital de campagne de la Croix-Rouge internationale (CICR) ont fui à la suite des ordres d'évacuation de l'armée israélienne.

Selon l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), l'offensive terrestre des forces israéliennes continue de s'étendre et de nouveaux ordres d'évacuation ont été émis pour certaines parties de Khan Younis, affectant un quart de million de personnes, aggravant la crise humanitaire et déstabilisant davantage les flux d'aide humanitaire.

Pour l'OMS, les derniers ordres d'évacuation à Khan Younis ont eu un impact sur l'Hôpital européen de Gaza. Plus de 270 patients se sont évacués d'eux-mêmes avec le personnel médical lundi, et le ministère de la santé de Gaza a évacué mardi d'autres patients.

Selon l'agence onusienne, l'Hôpital européen de Gaza est maintenant complètement vide. En raison de l'insécurité et du manque d'accès, ce sont près de 320 patients et membres du personnel médical qui ont quitté l'hôpital « à la suite des ordres d'évacuation » émis par l'armée israélienne en prévision d'une incursion terrestre dans l'est de Khan Younis.

Le complexe médical Nasser déjà débordé

La plupart des patients déplacés internes ont été dirigés vers le complexe médical Nasser, qui est maintenant « débordé », a déclaré sur le réseau social X, Hanan Balkhy, Directrice du Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale.

Sur le terrain, l'OMS et les partenaires des Nations Unies transfèrent actuellement des équipements et des fournitures médicales de valeur de l'Hôpital européen de Gaza vers d'autres sites. Trois camions contenant du matériel médical de l'hôpital ont pu être déplacés. L'OMS prévoit d'évacuer le reste du matériel dès que possible.

La majorité des patients ont été orientés vers le complexe médical Nasser, qui est maintenant à pleine capacité avec plus de 350 patients hospitalisés et manque de fournitures médicales et de médicaments nécessaires pour les opérations chirurgicales.

« Les hôpitaux doivent rester fonctionnels pour répondre aux besoins croissants. Les soins de santé doivent être protégés à tout prix. Nous avons besoin de la paix dans la bande de Gaza maintenant », a insisté Hanan Balkhy.

© UNICEF/Eyad El Baba
Une école de l'UNRWA à Khan Younis, où des habitants de Gaza ont cherché refuge, est en ruines.

Déplacés à plusieurs reprises

Hier mardi, les agences humanitaires de l'ONU se sont inquiétées de l'impact du dernier ordre d'évacuation d'Israël sur des dizaines de milliers de civils, dont beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises au cours des neuf derniers mois.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l'ordre d'évacuation de 117 kilomètres carrés donné hier dans les province de Khan Younès et de Rafah s'applique à environ un tiers de la bande de Gaza, ce qui en fait l'ordre d'évacuation le plus important depuis octobre, lorsque les habitants avaient reçu l'ordre d'évacuer le nord de la bande de Gaza.

L'OCHA souligne qu'une évacuation d'une telle ampleur ne fera qu'aggraver les souffrances des civils et augmenter les besoins humanitaires. Les gens se retrouvent devant le choix impossible de devoir se réinstaller - certains probablement pour la deuxième ou même la troisième fois - dans des zones où il n'y a pratiquement pas d'espaces ou de services, ou de rester dans des zones où ils savent que des combats violents auront lieu.

© UNOCHA/Ismael Abu Dayyah
Des Palestiniens de Khan Younis enterrent leurs morts dans des tombes de fortune.

Les dommages du conflit sur la santé mentale

En écho à ces préoccupations, l'OMS s'est alarmée, mercredi, des dommages du conflit sur la santé mentale des Gazaouis. « Près de 485.000 personnes à Gaza vivaient avec des troubles mentaux avant même l'escalade actuelle. La dévastation croissante de Gaza et de la Cisjordanie aura un impact transgénérationnel sur la santé mentale », a dit sur X, Hanan Balkhy, Directrice du Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale.

Avec le soutien du Bureau de l'Union européenne dans les Territoires palestiniens occupés, l'OMS collabore avec des partenaires locaux et le ministère palestinien de la Santé pour améliorer et développer les services de santé mentale dans l'ensemble du territoire palestinien occupé.

Il s'agit notamment d'acheter des médicaments psychotropes, de renforcer les services communautaires de santé mentale à Gaza et en Cisjordanie, et d'intégrer les soins de santé mentale dans tous les services de santé primaire du ministère de la Santé et des établissements de l'UNRWA.