12/12/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/12/2024 04:14
Les syndicats demandent un moratoire sur les licenciements obligatoires afin de répondre à une crise grandissante de l'emploi exacerbée par l'absence de politique industrielle de l'Europe.
Les syndicats européens se sont réunis à Bruxelles les 10 et 11 décembre à l'occasion du Comité exécutif de la CES pour discuter de la manière de protéger et de créer des emplois de qualité. L'agenda incluait des interventions de la Présidente de la Commission von der Leyen et du Président du Conseil européen Costa.
L'appel à un moratoire sur les licenciements intervient alors qu'une vague de licenciements touche des secteurs allant de l'industrie automobile au secteur bancaire.
Entre 2008 et 2023, 2,3 millions d'emplois industriels ont été perdus dans l'UE dont près d'un million de postes dans le secteur manufacturier depuis 2019. La pleine ampleur de la crise est occultée par des contrats de courte durée et des horaires réduits qui pourraient représenter jusqu'à 4,3 millions d'emplois.
Cette situation illustre l'urgent besoin d'une politique industrielle européenne soutenue par un mécanisme d'investissement permanent de type SURE et une directive dédiée garantissant une transition juste pour les travailleurs des industries concernées par le passage à une économie verte et numérique.
Compagnie | Pays | Nombre d'emplois menacés |
Thyssenkrupp | Allemagne | 11000 |
Volkswagen | Allemagne | 10000 |
Milee | France | 10000 |
ArcelorMittal | Belgique | 5600 |
Siemens Gamesa | Europe | 4100 |
Ford | Europe | 4000 |
Audi | Belgique | 3000 |
Auchan supermarket | France | 2400 |
Klarna | Suède & Royaume-Uni | 2000 |
Northvolt | Suède | 1600 |
Vauxhall (Stellantis) | Royaume-Uni | 1100 |
La Commission européenne a promis de présenter un accord industriel au cours de ses 100 premiers jours de mandat. La Présidente de la Commission Ursula von der Leyen s'est aussi engagée à augmenter les investissements tandis que les orientations politiques devraient garantir « une transition juste pour tous ».
Malgré ce que ces plans promettent, il reste des doutes quant à leur capacité à motiver les acteurs financiers publics et privés pour relever le défi auquel sont confrontés les travailleurs en Europe.
C'est la raison pour laquelle il faudrait instaurer un moratoire temporaire sur tous les licenciements forcés afin d'assurer que l'Europe émerge de la crise en ayant gardé intactes sa main-d'œuvre qualifiée et sa capacité industrielle.
Cela refléterait les mesures prises durant la pandémie de Covid-19 lorsque, parmi plusieurs pays européens, l'Allemagne, la France et l'Italie ont mis en place des moratoires temporaires sur les licenciements forcés.
La Secrétaire générale de la CES Esther Lynch a déclaré à ce sujet :
« L'Europe est actuellement confrontée à une hémorragie d'emplois de qualité parce que les mesures nécessaires pour aider nos entreprises et leurs travailleurs à rester compétitifs n'ont pas été prises. »
« Cela n'est pas une fatalité. Une politique industrielle bien conçue soutenue par des investissements accrus peut mettre fin à cette crise et une directive sur une transition juste garantirait qu'aucun travailleur n'est laissé au bord de la toute. »
« La Commission européenne s'est engagée à mettre ces mesures en œuvre et les entreprises devraient attendre que ce soit le cas avant de prendre des décisions concernant leur avenir. »
Et le Secrétaire confédéral de la CES Ludovic Voet d'ajouter :
« Nous n'avons que trop souvent vu des entreprises se lancer dans des processus de restructuration majeurs sans avoir ouvert un dialogue social pour identifier des alternatives potentielles aux suppressions brutales d'emplois. »
« Ce n'est pas la façon européenne de procéder. Cela risque d'irrévocablement éroder notre base industrielle et de générer une nouvelle crise sociale qui prendra des décennies à surmonter. »
« C'est pourquoi nous devons rétablir le moratoire sur les licenciements qui a été déterminant pour aider l'Europe à sortir de la pandémie sans crise économique majeure. »
Déclaration de la CES : Appel à un moratoire sur les licenciements forcés