National Assembly of Quebec

10/28/2024 | Press release | Distributed by Public on 10/28/2024 09:17

28 octobre 2024 / Salle Evelyn Dumas (1.30), édifice Pamphile Le May, 10 h 30

Conférence de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d'opposition, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de lutte contre le racisme

Version préliminaire

Cette transcription est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs.

Le lundi 28 octobre 2024, 10 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

10 h 28 (version non révisée)

(Dix heures vingt-neuf minutes)

Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue à tous. Nous assisterons aujourd'hui à la conférence de presse du Parti québécois concernant le dépôt de son plan pour un modèle viable en immigration. S'adresseront à vous le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, le député de Jean-Talon, Pascal Paradis, la porte-parole du Parti québécois... la porte-parole nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon, et les co-porte-parole Stephan Fogaing et Stéphane Handfield. Sans plus tarder, je vous laisse la parole, M. St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon :Merci, M. Carabin. Donc, bonjour, tout le monde. Très content d'être avec vous ce matin en équipe pour vous présenter un document, quand même très attendu, d'orientations du Parti québécois en matière d'immigration. Ça s'inscrit dans une séquence de documents. Il y a un an, il y a eu le budget d'un Québec indépendant, ce document sur... une réplique au modèle canadien, qu'on surnomme l'initiative du siècle. Il y aura également un document sur les questions et réponses de comment fonctionnera un Québec indépendant, on appelle ça le Livre bleu. Et cette séquence se terminera en 2026 par la publication d'un document sur la citoyenneté dans un Québec indépendant.

D'abord, avant de commencer cette présentation sur le document qui s'intitule Un Québec libre de ses choix pour un modèle viable en immigration, je remercie mes collègues ici présents. C'est un travail colossal de 97 pages qui se veut une réponse aux politiques fédérales en matière d'immigration, mais une réponse également à l'absence de planification sérieuse et rigoureuse de la part du gouvernement du Québec en matière d'immigration, une volonté de chiffrer, de planifier, de réfléchir à chaque catégorie d'immigration.

On sait que le débat a beaucoup évolué au cours des dernières années. Il y a quelques années à peine, parler de réduire l'immigration nous valait des épithètes pas toujours élogieuses. On voit une transformation complète du discours à tous les paliers du... de gouvernement, et ça s'explique.

En termes d'immigration, en termes de hausse, là, lorsqu'on parle de 652 000, donc, personnes, et qu'on essaie de détailler les catégories qui forment l'immigration, temporaire comme permanente, au Québec... En fait, si on compare la période de la Révolution tranquille jusqu'à Philippe Couillard, donc de 1960 à 2014, durant ces années il y a eu moins d'immigration au Québec que sous l'égide de François Legault. Donc, il faut prendre la mesure de ce qui vient de se passer. Et, des fois, ce qu'on propose aujourd'hui pourrait être qualifié de radical. Je commence en vous disant que ce qui est radical, c'est d'avoir augmenté autant les seuils, tant temporaires que permanents. Et essentiellement ce que le Parti québécois propose, c'est de revenir à des seuils qui s'appliquaient il y a à peine 15 ans. Donc, il n'y a rien de radical, si ce n'est qu'une volonté de corriger une absurdité, une dérive idéologique qui a des conséquences très sérieuses sur le logement, les services, le français, on y reviendra, mais c'est le retour à des modèles qui sont viables. Rappelons que le Québec, au début des années 2000, accueillait à peu près 35 000 personnes, et le français était en progression à Montréal, et Montréal était un des endroits, comme le reste du Québec, où le logement était le plus abordable en Amérique. Donc, c'est de revenir à un modèle qui fonctionnait.

Ce qui me force à constater, dans notre volonté de chiffrer, là... le constat le plus important, c'est que tant que le fédéral contrôlera nos frontières, nos aéroports et exercera la majeure partie des pouvoirs en immigration, malheureusement il n'y a pas de modèle viable possible. Pourquoi? Parce que le programme temporaire fédéral compte pour 70 % des temporaires. Nous, on pense qu'il faut l'abolir, mais le fédéral ne fera pas ça. Parce que, sur les demandeurs d'asile, il faut changer l'approche complètement. On laisse attendre 3 à 4 ans les demandeurs sur le territoire. On veut un changement d'approche, mais on n'a pas le pouvoir. Et ce que l'épisode de Roxham, l'épisode des changements de visas aux aéroports témoigne, c'est que le fédéral...

10 h 33 (version non révisée)

M. St-Pierre Plamondon :...est capable de saboter nos orientations. Il y a quelque chose de profondément antidémocratique dans ce qui s'est produit au cours des dernières années, en fait, dans les 10 dernières années. Les politiques en immigration ont été imposées alors qu'elles n'ont jamais été présentées aux électeurs, ni à l'échelle du Québec ni à l'échelle fédérale, et il y a quelque chose de très troublant dans les... de voir les conséquences. Donc, sans son indépendance, le Québec est condamné à être dans une posture défensive pour tenter de limiter le recul du français qui aura lieu, limiter des crises sans précédent en matière de services et de logement. Et nous, notre but ici, c'est de planifier tant ce qu'un gouvernement du Parti québécois fera avant l'indépendance et ce que le gouvernement du Parti québécois fera après l'indépendance, parce que bon nombre des solutions ne sont pas possibles dans le Canada.

C'est important de dire qu'au-delà de la responsabilité du fédéral, la CAQ a surprenamment une très grande responsabilité dans ce qui s'est produit. Peut-être pas la plus grosse partie de la responsabilité, mais au-delà de la dérive idéologique du fédéral, on doit souligner que la CAQ a participé à l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires en faisant passer les travailleurs temporaires sous son égide de 17 000 à son arrivée à environ quatre 80 000 en date d'aujourd'hui. Ça, c'est purement la CAQ. La CAQ a également induit en erreur l'électorat en parlant de baisse des seuils en 2018. Ce ne fut pas le cas. En 2022, François Legault a affirmé que ce serait suicidaire d'aller à plus que 50 000 permanents par année. Ils ont fait exactement l'inverse, on est rendu autour de 65 000. Donc, on doit mentionner également que le gouvernement du Québec a sa part de responsabilité. Ce qui a le plus d'impact en ce moment, ce sont les politiques fédérales sans la consultation du Québec, mais c'est étonnant de voir la disparité entre le discours de la CAQ et ce qu'ils ont fait au cours des dernières années.

Petite mise en contexte, là sur les chiffres. Puis je m'excuse, on n'a pas ici, dans cette salle-ci, de moyens... de télévisions, là, mais, en gros, on voit les courbes de l'immigration, toutes les catégories, la rouge étant le total depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ. C'est quand même spectaculaire, comme je vous disais, ça ne se compare pas à ce qu'on a connu depuis le début du siècle, depuis les dernières décennies. Le poids démographique du Québec dit qu'on va continuer à diminuer dans le Canada, avec toutes les conséquences sur notre très peu de pouvoir politique qu'on a déjà. On accueille au Québec et au Canada plus de personnes en proportion de notre population que n'importe où dans le monde, c'est dans le document, nettement par-dessus la moyenne de l'OCDE. Et le déficit de logement atteint un nouveau record. Et, comme on le voit, il y a une disparité très grande entre la courbe bleue, qui est l'accueil de personnes, et la construction de logements. Et selon toutes les études qu'on a déposées, ce sont... c'est impossible de bâtir du logement en proportion du nombre de personnes qu'on accueille en ce moment.

Ce qui m'amène à parler de la responsabilité des gens qui, au cours de la dernière décennie, ont mis en place ces politiques-là. Ce que le document démontre, c'est que ce sont des politiques qui sont largement fondées sur des mensonges, des inexactitudes intentionnelles, comme les principes suivants. On nous a dit pendant des années que l'augmentation des seuils d'immigration temporaire comme permanents permettait de faire face à la pénurie de main-d'œuvre. Les études sont claires, ça ne permet pas de venir à bout de la pénurie de main-d'œuvre et certaines études suggèrent même que ça creuse la pénurie de main-d'œuvre, étant donné que, non seulement un immigrant qui est travailleur, il est aussi consommateur, ce qui génère de la demande pour d'autre travail, mais en situation de crise de logement, là, il y a même une étude du suggère que, pour un immigrant, on a besoin de cinq travailleurs. Donc, première inexactitude.

On a répété également - Marc Miller l'a fait hier à Tout le monde en parle - que l'immigration permet de rajeunir la population. C'est faux. Ce n'est pas ce que les études disent. C'est un impact marginal sur l'âge moyen des travailleurs et sur le rajeunissement de la population.

Donc, le document se penche beaucoup sur les origines de l'initiative du siècle. Pourquoi a-t-on pris une direction basée sur des inexactitudes, comme, par exemple, le fait que plus d'immigration, c'est plus de richesse? C'est une erreur flagrante, flagrante sur la compréhension du PIB, qui est la taille de l'économie...

10 h 38 (version non révisée)

M. St-Pierre Plamondon : ...versus le PIB par habitant, c'est-à-dire combien par personne. Ça, c'est un indicateur, est parfait, mais c'est un indicateur de la richesse, des documents, donc, qui émanent du début du mandat de Justin Trudeau. Et ça soulève pour nous la question des conflits d'intérêts dans ce gouvernement-là, de pourquoi on a voulu nous imposer des hausses si substantielles. Et ça soulève toutes sortes de questions de conflits d'intérêts. Donc, on se penche sur les origines de l'Initiative du siècle en soulignant que c'est fondé sur plusieurs mensonges qui ont été répétés par des médias également, qui ont également leur part de responsabilité, puisque ce n'est pas très difficile de conclure que ce sont des inexactitudes, que ce sont des mensonges.

Dans le dernier point que j'aimerais faire, c'est important pour moi de mentionner que le débat ici, et je l'ai répété tellement de fois, il porte sur le modèle d'immigration et les seuils. Jamais vous n'allez entendre le Parti québécois blâmer des individus. Et notre but, c'est un modèle durable et la paix sociale. Donc, aux Québécois issus de l'immigration, vous êtes Québécois. Puis, les conséquences sur le logement ou les services, on le vit tous ensemble, puis on a intérêt, un intérêt commun à trouver un modèle qui est durable. Et ça, ça me tient à cœur. Et mes adversaires, nos adversaires ont souvent tenté, justement, de déformer. C'est ce que Marc Miller a souvent fait, là. On déforme nos propos pour dire qu'on casse du sucre sur les immigrants. On n'a jamais fait ça, on ne le fera jamais. On est simplement à la recherche d'un modèle qui n'est pas une dérive idéologique. Il me semble que ce n'est pas trop demandé.

Et, avant de passer en revue chacune des propositions qu'on fait, il y en a 12, je veux simplement dire que chiffrer, c'est important. Quand on nous dit que c'est arbitraire, les chiffres du Parti québécois, je suis curieux de comprendre pourquoi, lorsque Jean Charest a augmenté les seuils de 35 000 à 50 000 au nom de la pénurie de main-d'oeuvre, personne ne lui a demandé pourquoi 50 000, personne ne trouvait que c'était arbitraire. Lorsque Justin Trudeau a fait exploser le nombre d'immigrants temporaires, personne ne s'est interrogé sur les chiffres, personne n'a demandé de justificatif. Et, même chose pour François Legault, lorsqu'il décide de revenir sur son engagement électoral et de faire passer les seuils permanents au Québec de 50 000 à 65 000, qui a demandé à François Legault de justifier son chiffre? Qui a dit que c'était arbitraire? Quand il fait passer, François Legault, les chiffres temporaires de 17 000 à 84 000, c'est arbitraire.

Donc, vous comprendrez que nous, on part de la logique que, si on veut donner une chance à la crise du logement puis à la crise des services et rétablir un niveau de français... donner un avenir aux Français, en fait, on part de la prémisse qu'il faut diminuer substantiellement l'immigration temporaire et diminuer les seuils permanents, et on se fonde sur des modèles qui ont déjà fonctionné au Québec au début des années 2000, simplement. Mais je souligne l'arbitraire de ce qui vient de se produire et l'absence de reddition de comptes de gens qui ont littéralement créé une crise. Dans le cas de Justin Trudeau et de son gouvernement, les fonctionnaires fédéraux ont averti Justin Trudeau : Vous allez causer une crise du logement sans précédent. Ils ont procédé quand même. Donc, j'insiste sur ce point-là.

Et voici les 12 propositions, là, qui sont des principes directeurs. À noter, en terminant, que ces principes directeurs ne sont pas un programme électoral. On s'est fondé sur les chiffres de 2003-2024. Évidemment qu'on devra refaire les calculs parce que ces orientations-là vont s'appliquer, en fait, en 2026. Même chose pour chiffrer l'accompagnement des entreprises, etc., ça fera partie de notre programme. On est ici devant un document d'orientation et de principes politiques.

Donc, le Parti québécois propose, dans un premier temps, numéro 1, de doter le Québec d'une politique cohérente et fonctionnelle en immigration en abolissant le programme fédéral de travailleurs temporaires, PMI, en resserrant les normes de traitement des demandes d'asile et en accélérant le traitement... en accélérant, pardon, leur traitement et en donnant l'entièreté des pouvoirs en immigration au gouvernement du Québec.

Deuxièmement, le Parti québécois veut réduire au moins de la moitié l'immigration temporaire qui passera sous un mandat du Parti québécois de quatre ans, de 600 000 à environ... dans une fourchette, là, de 250 000 à 300 000 résidents non permanents, tout ça dans un mandat, donc, de quatre ans.

Numéro 3 : fixer des seuils d'immigration permanente respectant la capacité d'accueil du Québec au niveau qu'on avait avant l'ère Charest, donc à 35 000 résidents permanents ou immigrants permanents par année.

Numéro 4 : décréter un moratoire sur l'immigration économique permanente provenant de l'extérieur du Québec...