11/12/2024 | Press release | Distributed by Public on 11/13/2024 06:11
GENÈVE - Alors que nous approchons la semaine prochaine du triste cap des 1 000 jours depuis l'invasion totale de l'Ukraine par la Fédération de Russie, les besoins des civils s'accroissent dans un contexte d'attaques intenses et alors que l'hiver s'annonce une nouvelle fois particulièrement rude.
La destruction des infrastructures énergétiques par la Russie a entraîné une perte globale de 65 % de la capacité de production d'énergie au cours des derniers mois. Et les attaques se poursuivent, perturbant l'approvisionnement en électricité, en chauffage et en eau.
Lors de ma visite dans le pays la semaine dernière, j'ai pu constater l'aggravation du fardeau émotionnel qui pèse sur les populations civiles. Les attaques incessantes contre les infrastructures essentielles et les sites civils - et les alertes constantes aux raids aériens - mettent à rude épreuve la santé physique et mentale des personnes affectées.
Depuis le mois d'août, quelque 170 000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer dans l'est du pays. Nombre d'entre elles ont été évacuées des zones où les hostilités font rage, se joignant ainsi aux quelque 4 millions de personnes toujours déplacées à l'intérieur de l'Ukraine et aux 6,7 millions d'autres qui ont cherché refuge en dehors du pays. Ce chiffre inclut 400 000 nouveaux réfugiés qui ont rejoint l'Europe entre le début de l'année 2024 et le mois d'août 2024 pour se mettre à l'abri de la guerre et des bombes.
À Kharkiv, l'une des régions du pays les plus affectées par la guerre, des explosions ont retenti alors que nous visitions un centre collectif soutenu par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. J'y ai rencontré Svitlana, une femme de 65 ans dont l'appartement a été détruit par une bombe quelques semaines auparavant. Sa détermination est un rappel puissant de la force d'âme de l'Ukraine, même si les traumatismes de la guerre imprègnent la vie quotidienne.
Uzhhorod, près des frontières avec la Hongrie et la Slovaquie, a été épargnée par les attaques directes jusqu'à présent, mais la région accueille des centaines de milliers de personnes déplacées, et sa capacité à en accueillir davantage, en particulier celles qui présentent des besoins spécifiques, est soumise à rude épreuve.
D'innombrables enfants poursuivent leurs études en ligne, passant ainsi à côté de précieuses interactions sociales et de la vie en classe. Dans des endroits comme Kharkiv, les enfants étudient dans des abris souterrains pour échapper aux raids aériens fréquents. Ces écoles souterraines sont dépourvues de lumière naturelle ou de terrains de jeu.
Ma visite de la région a coïncidé avec la première neige de la saison, un rappel des difficultés qui se profilent alors que la guerre entre dans son troisième hiver. Il reste encore beaucoup à faire pour assurer la survie des civils dans les mois à venir, alors que les installations énergétiques et les autres structures civiles continuent d'être frappées. Ce n'est pas le moment pour les partenaires de se désengager.
L'appel du HCR pour répondre aux besoins humanitaires des personnes affectées par la guerre et déplacées en Ukraine, ainsi que des réfugiés d'Ukraine dans la région, prévoit un milliard de dollars pour 2024 et est à peine financé à plus de 50%.
Il y a cependant quelques signes d'espoir au milieu des ruines de la guerre.
Notre collaboration avec le gouvernement ukrainien est solide à tous les niveaux, ce qui nous permet de soutenir la réponse humanitaire ainsi que les efforts de reconstruction à travers le pays. Le gouvernement a pris la tête des efforts humanitaires et de redressement avec une rapidité impressionnante. Les intervenants locaux déblaient rapidement les décombres et rebouchent les sites frappés, comme pour témoigner de la force et de la détermination de l'Ukraine.
Travaillant en étroite collaboration avec les agences des Nations Unies et les ONG partenaires, le HCR s'est rapidement adapté à l'environnement instable de l'Ukraine - ainsi qu'à l'ampleur et au rythme de l'urgence - en combinant l'aide humanitaire et les efforts de relèvement à plus long terme. Dès le début, nous avons travaillé en mettant l'accent sur la recherche de solutions et nous avons piloté de nouvelles approches telles que l'aide financière d'urgence, les interventions en matière de logement et les micro-subventions afin de permettre aux personnes de retrouver leur indépendance et d'apporter leur contribution alors même que la guerre se poursuit.
Pour certains, cette résilience s'est transformée en une nouvelle aventure. Olena, mère de famille originaire de Kharkiv, a créé une station de lavage de voitures avec le soutien du HCR, ce qui lui permet d'assurer la stabilité de sa famille. Inna, une autre femme déplacée, a créé une entreprise de couture à Zakarpattia, formant des femmes roms, tissant des liens au sein de la communauté et partageant ses compétences. Dans la région de Kyiv, Liudmila a reconstruit sa maison avec l'aide du HCR après qu'elle ait été détruite. Elle reconstruit sa vie - et élève maintenant des oies - et conserve le sourire malgré les difficultés.
Le personnel humanitaire en Ukraine est exemplaire. Nombre de nos collègues nationaux sont eux-mêmes déplacés et doivent concilier leurs difficultés personnelles avec leur engagement à aider les autres. Ils sont victimes d'anxiété, de dépression et de traumatismes associés, mais ils demeurent résilients, courageux et dévoués.
Aucun des progrès réalisés n'aurait été possible sans le soutien généreux des donateurs publics et privés du HCR. Les partenariats que nous avons construits au cours de trois décennies de présence en Ukraine sont essentiels. Ensemble, nous faisons la différence.