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10/10/2024 | News release | Archived content

Compassion en temps de crise : comment la Tchéquie vient en aide aux réfugiés ukrainiens

Depuis l'escalade de la guerre en Ukraine, la Tchéquie a accueilli plus de 350 000 réfugiés ukrainiens. Avec autant de personnes en quête de sécurité, le système de santé du pays, déjà mis à rude épreuve par la pandémie de COVID-19, a dû faire face à de nouveaux défis, notamment pour répondre aux besoins en matière de santé mentale. Environ 45 % des réfugiés souffraient de dépression, d'anxiété et de traumatismes. La situation exigeait une action immédiate et efficace pour que ces personnes reçoivent le soutien dont elles avaient besoin - et c'est là que l'OMS et les partenaires nationaux sont intervenus.

Bâtir des ponts pour la santé mentale

Lorsqu'un afflux de réfugiés a franchi la frontière, il est devenu évident que le système de santé tchèque avait besoin de capacités supplémentaires pour s'occuper d'eux. Les centres locaux de santé mentale, ou CDZ, faisaient certes de leur mieux, mais ils ont vite été débordés. L'OMS/Europe et le bureau de pays de l'OMS en Tchéquie ont travaillé en étroite collaboration avec le ministère tchèque de la Santé pour remédier à une situation qui devenait rapidement préoccupante. Ensemble, ils ont formé un groupe de travail composé de 27 organisations, dont des CDZ, des organisations non gouvernementales, des ministères et des partenaires internationaux, avec l'objectif de trouver le moyen d'offrir aux réfugiés des services de santé mentale accessibles, de la manière la plus rapide et la mieux coordonnée possible.

Des spécialistes ukrainiens se joignent aux efforts

L'établissement de la confiance et une communication efficace sont au cœur de toute relation entre les patients et les professionnels de santé. Or, l'un ne va pas sans l'autre, ce qui constitue manifestement un obstacle majeur aux soins.

« Le principal défi était la barrière linguistique. Nous avons donc ajouté des spécialistes ukrainiens aux équipes existantes, principalement des psychologues et des interprètes. C'était très important car, sans eux, la relation entre les thérapeutes et les réfugiés ne pouvait absolument pas fonctionner », explique Gracián Svačina, responsable du CDZ de la ville d'Ostrava.

Il ne s'agissait pas seulement de traduire des mots, mais d'offrir un soutien d'une manière sûre et familière. Au fur et à mesure de l'avancement du programme, des équipes pluridisciplinaires, composées de psychiatres, d'infirmiers et de travailleurs sociaux, ont été en mesure de proposer à la fois des soins de santé mentale et un soutien social. Le travail des CDZ ne s'est pas cantonné à l'enceinte de leurs locaux et s'est étendu aux communautés, les équipes se rendant dans les écoles, à domicile ainsi que dans les logements temporaires où vivent les réfugiés.

Collaboration avec les écoles et les familles

Les enfants ayant été particulièrement touchés par la crise, l'une des principales réussites du projet a été de collaborer directement avec les établissements scolaires. Les visites régulières de psychologues dans les salles de classe ont permis de lutter contre le harcèlement et de faciliter l'intégration des enfants ukrainiens dans le milieu scolaire.

Les adolescents, en particulier, ont eu du mal à s'intégrer en raison de problèmes linguistiques, et certains ont commencé à abandonner leurs études pour trouver du travail. Les équipes soutenues par l'OMS se sont efforcées de continuer à motiver les adolescents en leur proposant des activités de groupe, comme des activités artistiques et sportives, qui leur permettent d'interagir avec les jeunes tchèques et de nouer des amitiés.

De nombreuses mères ayant fui l'Ukraine étaient en proie à des difficultés émotionnelles. En outre, comme elles étaient particulièrement préoccupées par leurs enfants, elles n'ont pas cherché d'aide pour elles-mêmes. « Une fois que nous avons commencé à nous occuper des enfants, nous nous sommes rendu compte que leurs mères avaient également besoin d'aide », explique Hana Bolinová, responsable des projets de santé mentale et de soutien psychosocial pour l'Alliance des CDZ.

Une différence durable

Le projet a facilité plus de 7 000 interventions pour les réfugiés ukrainiens dans 7 régions de Tchéquie, tandis que plus de 215 000 réfugiés ont bénéficié de services plus larges soutenus par l'OMS et ses partenaires, y compris des campagnes d'information.

Ces interventions ont changé les vies. Par exemple, certaines mères sur le point de perdre la garde de leurs enfants ont pu bénéficier des soins de santé mentale dont elles avaient besoin pour stabiliser leur situation et maintenir la cohésion de leur famille.

L'intégration de spécialistes ukrainiens a été l'une des plus grandes réussites du projet. Nombre de ces professionnels ont rejoint le système de santé tchèque et font désormais partie du personnel permanent des CDZ. « Sans ces psychologues ukrainiens, nous n'aurions pas pu aider autant de personnes. Ils nous ont vraiment sauvé la vie », précise Hana.

Avancer ensemble

Malgré la réussite du programme, il reste des difficultés à surmonter. Le système de santé mentale tchèque connaît encore des problèmes de capacité, en particulier pour les soins psychiatriques, et la demande de services continue d'augmenter. L'OMS et ses partenaires s'emploient à développer les services de proximité et à trouver de nouveaux moyens de sensibiliser les groupes vulnérables, tels que les jeunes, qui sont particulièrement exposés.

À l'avenir, l'OMS et les organisations locales prévoient de continuer à exploiter les bases ainsi jetées pour s'assurer que les réfugiés ont accès à l'aide dont ils ont besoin, aujourd'hui comme demain.

Comme l'explique Gracián, « nous avons vu à quel point ce système peut fonctionner, et il s'agit maintenant de s'assurer que nous continuons à progresser pour que tous ceux qui ont besoin de nous soient encouragés à accéder aux services dont ils ont besoin ».

Informations complémentaires

L'OMS/Europe a rapidement pris des mesures pour mobiliser et coordonner les services de santé mentale et de soutien psychosocial destinés aux réfugiés et aux systèmes de santé locaux en réponse aux nombreuses crises - des conflits aux catastrophes naturelles - qui ont perturbé les systèmes de santé dans la Région. En Ukraine, l'OMS/Europe a joué un rôle clé dans la coordination des efforts en matière de santé mentale et de soutien psychosocial et l'amélioration des services de santé mentale. En Arménie, en Bulgarie, en Hongrie, en Israël, en Pologne, en République de Moldova, en Roumanie, en Slovaquie, en Tchéquie, en Türkiye et en Ukraine, l'organisation a déployé 16 experts en santé mentale et de soutien pyschosocial, fourni une assistance à plus de 700 travailleurs humanitaires et formé plus de 2 500 agents de santé dans ce domaine.