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09/29/2024 | Press release | Archived content

Dans les coulisses du film : Des loups-garous cousus main

Ils sont la pierre angulaire du jeu comme celle du film qui s'en inspire : les loups-garous, ces créatures miroirs de nos peurs archaïques, devaient, pour sembler vivants à l'image, s'incarner dans la matière. La production s'est ainsi tournée vers l'Atelier 69, un studio de maquillage et de conception d'effets spéciaux installé à Montreuil, réputé pour son savoir-faire ingénieux. À chaque film ses nouveaux défis, et Loups-Garous n'en était pas dépourvu !

Magie à l'ancienne

Depuis quelque temps, l'animatronique (contraction d'« animation électronique », désignant la création de formes humaines ou animales animées mécaniquement) revient à l'honneur au cinéma - notamment avec Le Règne d'animal de Thomas Cailley, sur lequel ont travaillé les experts de l'Atelier 69. Moins déréalisée que le numérique, cette manière de donner corps à des créatures imaginaires requiert une technique aiguisée afin d'obtenir l'effet organique escompté. Pour Loups-Garous, exit la full 3D. Or, résument Frédéric Lainé et Nicolas Herlin, deux des responsables de l'Atelier 69, « réaliser des loups-garous en costumes, c'est une vraie ambition ! François Uzan souhaitait retrouver la magie de l'animatronique à la Jim Henson, le célèbre marionnettiste de Dark Crystal. Son film présentait de nombreux défis, il nous a donc fallu trouver le moyen de créer des prototypes de loups-garous impressionnants, sans que les acteurs qui les incarnent vivent un calvaire ». Designers, animateurs, costumières, poileuses, maquilleurs, toute une équipe de talents spécialisés fut ainsi rassemblée afin de faire sortir de terre les loups-garous de Thiercelieux version cinéma… plus vrais que nature !

Trouver la juste silhouette

François Uzan y tenait : les loups-garous de son film devaient être imposants, et leurs silhouettes devaient pouvoir se détacher dans la nuit et frapper le regard du spectateur sans l'épouvanter. Pour en dessiner l'apparence, la production a lancé un appel d'offre auprès de designers internationaux, qui se sont lancés dans la conception de croquis multiples. C'est finalement Daniel Carrasco, un artiste espagnol connu pour son travail aux côtés de Guillermo del Toro ou sur Hunger Games, qui fut retenu. La première phase de création fut celle d'un design complexe fondé sur l'anatomie humaine, qu'il s'est agi de distordre pour éviter tout risque de faire ressembler les créatures à des mascottes ou personnages de cartoon. La silhouette des trois loups-garous adultes devait donner l'impression d'un gigantisme modéré. D'où l'idée d'utiliser des digilegs, des extensions de jambes, qui déplacent le pied du comédien et en font une articulation. Montée sur des échasses, la jambe prend ainsi la forme d'un Z et la démarche, une allure mi-humaine mi-animale. En moyenne, la taille des loups-garous adultes atteignait ainsi deux mètres. Pour les incarner, la production a fait appel à trois acteurs-cascadeurs anglais, coutumiers des digilegs, Daniel Norford, Gabrielle Nimo, Ophir Raray, et Rhiannon Skerritt, une actrice-cascadeuse d'un mètre cinquante pour le rôle de la petite fille lorsqu'elle se métamorphose.

Un mécanisme très sophistiqué

Concevoir les trois têtes de loups-garous adultes a donné du fil à retordre aux concepteurs de l'Atelier 69 (la fillette, elle, portait un masque à l'ancienne, sans animatronique, sauf sur les oreilles). Chacune comportait vingt moteurs pilotables à distance pour activer les mâchoires, les lèvres, le nez, les yeux, les paupières, les arcades sourcilières, les pommettes, l'espace de la ride du lion, et les oreilles. Le tout devant peser le moins possible - deux kilos - afin d'être toléré par les acteurs.

Afin que ces derniers s'habituent et s'entraînent avant le tournage, l'Atelier 69 leur ont fabriqué des têtes de loups-garous en résine installées sur des casques de surfeurs. L'un des enjeux délicats pour les comédiens consistait aussi à trouver la juste orientation des regards des loups-garous, sachant qu'eux-mêmes ne pouvaient voir qu'à travers la bouche des créatures. Une fois sur le tournage, deux animateurs furent requis par loup-garou adulte afin de télécommander leurs expressions faciales à distance.

Ce mécanisme était si sophistiqué qu'une seule tête par loup-garou a pu être conçue. Petite frayeur : un jour de grande chaleur, un des acteurs transpirait tellement que, dans une séquence d'action particulièrement mouvementée, la tête mécanisée qu'il portait a glissé, fut projetée en arrière… et retenue par les élastiques accrochés au harnais dans son dos. Pour peu, l'équipe assistait à la décapitation d'un loup-garou en direct !

Des loups-garous au poil naturel et aux yeux luisants

Si le diable se niche dans les détails, à l'Atelier 69, on sait le traquer. Lorsqu'il fut question de concevoir le pelage des loups-garous, l'équipe fut rejointe par la spécialiste bulgare, Sarolta Vegh, qui a notamment travaillé sur Pauvres Créatures, oscarisé pour ses maquillages et coiffures. Sur des combinaisons en lycra, des poils de yak furent cousus un à un par une dizaine de perruquiers sous sa direction. Les poils se devaient être naturels pour pouvoir ensuite être coupés et travaillés au fer afin d'obtenir les bonnes densité et apparence. Initialement blancs, ils furent teints en fonction de la couleur des cheveux des comédiens, dont les personnages se transforment la nuit tombée… Chaque matin, une petite mise en beauté des poils était prévue au planning.

Un costume de poils conçu comme un millefeuille

Pour accentuer la puissance propre aux loups-garous adultes, un sous-costume de muscles en mousse à matelas sculptée est venue s'insérer dans cet ensemble fort sophistiqué, qui comprenait une combinaison en lycra sur mesure, un pyjama de poils à enfiler par-dessus avec un système de boutons pressions, des moteurs et batteries logés à l'arrière du costume, reliés par des câbles à la tête, des digilegs, des gants et la tête mécanisée, amovible pour que les comédiens puissent déjeuner et faire des pauses pour respirer. Afin que ces derniers ne suffoquent pas sous la chaleur estivale sévissant pendant le tournage, leur fut installée, entre deux épaisseurs, une combinaison rafraîchissante branchée à une station d'eau glacée. Ce système de coolshirtsinventé pour la Formule 1 leur a permis de voir la température de leur costume diminuer rapidement de cinq degrés entre les prises. En outre, des techniciens leur soufflaient de l'air frais à l'aide de ventilateurs à travers les mâchoires mécanisées.

Bien entendu, ces costumes ne pouvant passer en machine, il fallait les nettoyer et désinfecter en fin de journée…. en vaporisant dessus de la vodka, un alcool capable de neutraliser les odeurs ! Une astuce bien connue des costumiers, qui savent s'en tenir à ce strict usage.

Mémorables loups-garous Sur le tournage, les loups-garous ont polarisé les regards et créé l'attraction. « Il faut dire qu'ils étaient vraiment très impressionnants, en particulier Dan, qui jouait la boulangère métamorphosée et qui, du haut de sa grande taille, monté sur ses digilegs, pouvait susciter l'effroi. Je me souviens d'une figurante qui n'en menait pas large face à lui... », raconte Frédéric Lainé. Il est des tournages plus insolites que d'autres, et celui de Loups-Garous, très certainement, fut pour ses participants un spectacle des plus percutants.

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