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07/02/2024 | News release | Distributed by Public on 07/02/2024 03:11

En ligne de mire : la transformation industrielle

Interlocuteur Adam Gontarz
Chef de la division « Numérisation, Innovation et Technologie »
+41 44 384 48 44 +41 44 384 48 44 a.gontarznoSpam@swissmem.ch
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« Les processus de changement prennent du temps »

02.07.2024

Les entreprises industrielles se trouvent dans un processus de transformation global et continu en raison des évolutions technologiques, économiques, sociales et environnementales. Quels sont actuellement les principaux moteurs de ce processus de transformation ? Quelles sont les opportunités et quelles sont les conditions pour que les entreprises puissent en tirer profit ? La professeure Nathaly Tschanz, de la Haute école de Lucerne HSLU, et Matthias Kühne, responsable du secteur Numérisation chez Next Industries, analysent la situation.

La professeure Nathaly Tschanz, Head of Public Outreach Immersive Realities Center et responsable des filières d'étude BSc Immersive Technologies à la Haute école de Lucerne
Matthias Kühne, responsable du secteur Numérisation chez Next Industries

Quels sont, selon vous, les principaux moteurs de la transformation dans l'industrie ?

Nathaly Tschanz : La numérisation en général joue certainement un rôle central, mais il existe d'autres facteurs d'influence décisifs comme la démographie, la nécessité de diversifier les chaînes d'approvisionnement par exemple, ou encore la décarbonation. Et je voudrais aussi mentionner ici spécifiquement les innovations disruptives, qui vont certes de pair avec la numérisation, mais qui jouent un rôle autonome important pour « l'entreprise du futur ».

Matthias Kühne : La tendance la plus forte dans l'industrie est actuellement l'intelligence artificielle. Un fait qui a également été relevé lors de la récente foire de Hanovre. Deux autres moteurs sont, selon moi, la réglementation et la cybersécurité. Les entreprises sont de plus en plus confrontées à diverses obligations légales (p. ex. le règlement sur les données « Data Act », la Loi sur la cyberrésilience « Cyber Resilience Act », l'objectif zéro émission nette, etc.) et ne doivent pas prendre la cybersécurité à la légère. Et bien sûr, les questions de durabilité sont de plus en plus importantes.

Dans l'ensemble, les entreprises se trouvent donc dans une zone de tensions extrêmement exigeante. Jetons un coup d'œil sur les évolutions technologiques. Qu'est-ce qui a actuellement le plus d'influence sur l'industrie ?

Matthias Kühne : L'intelligence artificielle générative est justement une technologie qui permet de générer des bénéfices relativement rapidement. Les entreprises doivent absolument se pencher sur le potentiel dans ce domaine. Ne serait-ce que pour ne pas se laisser distancer par la concurrence. Mais il existe d'autres utilisations prometteuses de l'IA, des applications visionnaires aux solutions d'automatisation, en passant par les systèmes d'assistance et bien d'autres encore.

Nathaly Tschanz : Je suis d'accord. En plus de l'IA générative, le domaine de l'apprentissage automatique et la capacité des systèmes informatiques à résoudre des problèmes de manière autonome sont importants. Ce qui permet également des développements intéressants dans le domaine de la robotique. Les technologies de réseau performantes, la réalité augmentée et virtuelle, la blockchain ou encore la modélisation 3D sont d'autres éléments technologiques.

Quelles sont les conditions préalables que doivent remplir les entreprises pour pouvoir exploiter ce potentiel ?

Nathaly Tschanz : Les nouvelles technologies peuvent transformer les marchés. Cela offre aux entreprises la possibilité de se réinventer et de réinventer leurs produits, que ce soit dans le domaine des technologies climatiquement neutres, des modèles commerciaux numériques ou même dans le contexte industriel du métavers. L'utilisation de jumeaux numériques est par exemple très prometteuse, car elle permet d'effectuer des simulations complexes de manière virtuelle et d'augmenter ainsi l'efficacité, d'optimiser les processus, de réduire les risques et de faire baisser les coûts.

Matthias Kühne : La formation et la promotion des collaboratrices et collaborateurs jouent également un rôle central dans ce contexte. L'utilisation de nouvelles technologies entraîne souvent l'apparition de nouvelles fonctions et tâches qui nécessitent le développement de connaissances ciblées. Si un développement en interne n'est pas possible ou seulement de manière limitée, il est recommandé de faire appel à une expertise externe. Les coopérations seront toujours plus un facteur clé pour relever les défis complexes du processus de transformation.

Pouvez-vous préciser encore davantage ces défis ?

Matthias Kühne : Les nouvelles technologies offrent des opportunités commerciales supplémentaires, mais augmentent également la concurrence et comportent pour chaque entreprise le risque que d'autres acteurs du marché renforcent leur position sur le marché grâce à une avance technologique. En même temps, cela n'a pas de sens de suivre chaque nouvelle évolution ; cela peut amener une entreprise à des limites de capacité dangereuses.

Tout type de changement implique des efforts d'adaptation au sein de l'organisation. Une bonne intégration des collaborateurs joue un rôle essentiel dans la réussite du projet, mais elle est souvent négligée, surtout dans le contexte de la numérisation. Il est utile de définir une procédure claire, qui soit aussi stratégiquement la plus solide possible.

Nathaly Tschanz : L'introduction de nouvelles technologies doit se faire sur des bases solides. L'intégration parfaite et l'interaction de diverses plateformes et systèmes constituent des tâches qui nécessitent beaucoup de ressources et qui s'inscrivent dans la durée. Or, il n'est pas rare que les entreprises soient déjà fortement sollicitées dans leurs activités quotidiennes. D'une part, il s'agit donc d'entretenir et d'optimiser le cœur du métier, et d'autre part, les entreprises doivent se demander si le modèle commercial actuel sera encore viable dans cinq ans, compte tenu des tendances. Il faut un processus planifié pour coordonner les changements, processus qui inclut plusieurs domaines tels que la communication, la responsabilisation des collaborateurs, la mise en œuvre, la gestion et le contrôle.

Que conseillez-vous aux entreprises ?

Matthias Kühne : L'orientation est donnée par une approche stratégique conséquente et à large échelle, dans laquelle sont également ancrés des thèmes tels que la numérisation ou la durabilité. Il incombe à la direction de l'entreprise d'impliquer dans le processus stratégique des personnes disposant de l'expertise nécessaire.

Il est important d'adopter une approche axée sur les ressources. Les projets prévus devraient être classés par ordre de priorité et structurés en fonction de leur durée de mise en œuvre. Pour les PME, il est préférable de se concentrer sur un petit nombre de projets de durée variable.

Il faut également penser à un soutien externe - même si, par le passé, on a su relever soi-même tous les défis avec brio. Vu la vitesse et la complexité des évolutions technologiques actuelles, il est difficile de garder une vue d'ensemble et d'identifier la plus-value pour sa propre entreprise.

Cette transformation implique également un changement de culture au sein de l'entreprise. De quoi faut-il tenir compte ?

Nathaly Tschanz : La tentation est grande de n'attacher la transformation qu'aux technologies et aux processus et de négliger les composantes sociales. De nombreuses entreprises souhaitent avoir des résultats mesurables rapidement. Mais les processus de changement prennent du temps. Même si un projet d'innovation n'atteint peut-être pas les résultats escomptés, on aura quand même appris quelque chose. Et ce développement du savoir-faire est important pour l'avenir.

Selon moi, la réussite des entreprises à relever les défis dépend aussi beaucoup de l'esprit qui les anime. Il est important d'avoir un état d'esprit agile, notamment en ce qui concerne les technologies disruptives, une approche basée sur l'humain qui permet d'aborder les évolutions en étant proche du client, ainsi qu'une bonne culture de l'erreur.

Cercles de pratique de Next Industries

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L'échange avec des expertes et experts ainsi qu'avec d'autres entreprises industrielles est une possibilité importante pour partager des connaissances, recueillir des inspirations et découvrir des applications concrètes. Les cercles de pratique de Next Industries forment un réseau fort qui permet d'échanger sur un savoir-faire précieux et sur les expériences faites, et ce même au-delà des rencontres.

Informations complémentaires sur https://www.industrie2025.ch/wissen-industrie-40/praxiszirkel20

Un «Immersive Realities Center (IRC)» à la Haute école de Lucerne

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Le centre de compétences des technologies immersives, reconnu au niveau national comme international, emploie une équipe active dans les domaines de la recherche, de la formation, de la formation continue et des services. L'« Immersive Realities Research Lab » s'attache à la recherche interdisciplinaire dans plusieurs champs thématiques (technologies avancées d'interaction et de contenu, Game Design & Development, User Experience etc.).

Plus d'informations sur https://sites.hslu.ch/immersive-realities/

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