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07/02/2024 | News release | Distributed by Public on 07/02/2024 17:35

Plus de 300.000 enfants déplacés en Haïti, un chiffre en hausse de 60 % depuis mars

Alors que les violences perpétrées par les groupes armés se poursuivent à Haïti, le nombre de déplacements d'enfants à l'intérieur du pays a augmenté de 60 % depuis le mois de mars, soit un rythme équivalent à un enfant déplacé chaque minute, a indiqué mardi le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Selon les dernières estimations, près de 600.000 personnes, dont la moitié sont des enfants, sont désormais déplacées à l'intérieur du pays et ont besoin d'une aide humanitaire urgente.

« Les enfants à Haïti continuent de faire face à une multitude de dangers, notamment à des violences terribles et à des niveaux critiques de déplacement », déplore Catherine Russell, Directrice générale de l'UNICEF. « Les enfants sont les premières victimes de cette crise humanitaire qui se déroule sous nos yeux. Les enfants déplacés ont désespérément besoin d'un environnement sûr et protecteur, ainsi que d'un soutien et d'un financement accrus de la communauté internationale ».

Les enfants et les adolescents déplacés à Haïti sont davantage exposés à la violence, notamment aux agressions, à l'exploitation et aux abus sexuels, et sont plus susceptibles d'être séparés de leur famille. Leur accès aux services tels que les espaces sûrs, les soins de santé, l'eau salubre et l'assainissement est par ailleurs fréquemment interrompu.

© UNICEF/Maxime Le Lijour
Une mère est assise avec ses enfants dans un camp de fortune à Léogâne, à la périphérie de la capitale haïtienne, Port-au-Prince.

La menace du choléra

Les risques de contracter des maladies, notamment le choléra, explosent en raison des conditions d'hygiène déplorables dans les camps et les installations de fortune. Les fermetures d'écoles et les contraintes financières induites par les violences en cours ont également forcé de nombreux enfants à abandonner leur scolarité.

Parallèlement, l'agitation politique qui règne dans le pays depuis plusieurs années, et se conjugue à des conditions économiques catastrophiques, contribue à la prolifération des groupes armés.

En l'absence d'autres moyens de survie ou de protection, de plus en plus d'enfants se retrouvent contraints de rejoindre ces groupes, ce qui constitue une violation claire de leurs droits et du droit international, estime l'UNICEF.

Alors que 90 % de la population d'Haïti vit en situation de pauvreté et que trois millions d'enfants ont besoin d'une aide humanitaire, cette nouvelle vague de personnes déplacées à l'intérieur du pays se retrouve de surcroît confrontée à une saison de cyclones qualifiée d'« hyperactive » par le Centre national des opérations d'urgence. Le mois dernier, une tornade a détruit les logements de 650 enfants à Bassin Bleu, dans le département du Nord-Ouest.

Enfin, le système de soins de santé, lequel parvenait à peine à répondre à la demande avant la dernière escalade de la violence, s'apprête à faire face à une saison des pluies susceptible d'aggraver encore davantage les flambées de maladies transmises par l'eau dans un contexte où plus de 84.000 cas présumés de choléra ont déjà été signalés.

« Les besoins ne cessent de croître à Haïti, de même que les dangers pesant sur les enfants. Tout le monde a un rôle à jouer pour mettre un terme à cette situation et permettre aux enfants de reprendre le chemin de l'école, d'être en sécurité et d'avoir accès aux services de base. Les enfants ne doivent pas payer de leur vie et de leur avenir une crise générée par les adultes », conclut la Directrice générale de l'UNICEF.

La Mission multinationale de soutien à la sécurité

Le 25 juin, le premier contingent kenyan de la mission multinationale de soutien à la sécurité est arrivé à Port-au-Prince pour appuyer la Police nationale haïtienne à affronter la violence des groupes armés.

Le déploiement de cette mission multinationale a été autorisé en octobre 2023 par le Conseil de sécurité de l'ONU en réponse à un appel lancé par les autorités haïtiennes.

La mission, qui sera dirigée par le Kenya, doit compter environ 2.500 officiers de police. Outre le Kenya, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Belize, le Bénin, le Tchad, et la Jamaïque ont officiellement notifié leur intention de fournir du personnel à la mission multinationale.