Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

12/12/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/12/2024 11:41

Q&R - Point de presse live (12.12.24)

Q - J'ai deux questions. La première concerne la Syrie. Est-ce que vous pourriez nous en dire un peu plus sur l'envoyé de la France en Syrie - l'ambassadeur, je crois - qui a été évoqué par M. Barrot en début de semaine ? Est-ce qu'on peut avoir son nom ? Où est-ce qu'il est basé physiquement ? Qu'est-ce qu'il va faire et qu'est-ce qu'il a fait depuis lundi, depuis l'annonce de la chute ? Et on vient d'apprendre qu'il y a une plainte du lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane à la CJR contre Catherine Colonna. Je voulais savoir si vous étiez au courant ? Je ne sais pas exactement, parce ce que je découvre en même temps que vous, mais est-ce qu'il y a des éléments concernant une plainte contre Catherine Colonna ? Est-ce que vous réagiriez en tant que ministère ?

R - Sur votre première question, comme je vous le disais, la France suit avec attention la situation en Syrie. La France a, depuis la fermeture de l'ambassade en mars 2012, maintenu des contacts constants avec les différentes composantes de l'opposition syrienne. Il y a donc au ministère depuis cette date un envoyé spécial pour la Syrie, qui a connu différents titulaires. Ce représentant spécial est chargé d'assurer au jour le jour le suivi du dossier syrien à haut niveau, en lien étroit avec nos autorités et en lien aussi avec l'ensemble des interlocuteurs de la société civile syrienne, et tout particulièrement de l'opposition. Le maintien de cette fonction au sein du ministère a été et est un signe de notre solidarité avec le peuple syrien. Dans ce cadre, l'Envoyé spécial pour la Syrie continue son travail. Il était à la tâche depuis sa prise de fonctions et il continue son travail dans le cadre de la nouvelle configuration syrienne. Il travaille en lien étroit avec les services du Quai d'Orsay et en lien aussi avec toute la Task force qui a été mise en place pour suivre le dossier syrien.

Sur votre deuxième question, je n'ai pas de commentaire à faire sur une éventuelle plainte devant la Cour de justice de la République contre Mme Colonna.

Q - Pardon, mais vous n'avez pas répondu à ma première question. Je voulais savoir si on pouvait avoir le nom de cet envoyé spécial. Et il est basé où, en fait ? Est-ce qu'il est au Liban ? Est-ce qu'il est… ?

R - Non, il est traditionnellement basé à Paris. Il a ses bureaux à Paris, ici au Quai d'Orsay. C'est la raison pour laquelle il travaille en étroite collaboration avec les services de la direction d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Il est basé à Paris, comme l'ensemble des services en charge de la question.

Q - Je me permets aussi de vous relancer sur son nom. Est-ce que vous ne souhaitez pas le donner ? Et sinon, j'ai une autre question sur la Syrie. Lundi, il y aura une réunion des ministres des affaires étrangères européens à Bruxelles. Dans ce cadre, la Syrie sera au menu des discussions. Et je voulais vous poser une question sur votre position par rapport aux sanctions européennes contre l'État syrien. Ce sont des sanctions qui sont liées aux atrocités du régime d'Assad, qui n'existe plus. Donc est-ce que la France serait ouverte à la levée de certaines sanctions, comme par exemple les sanctions sur le secteur de l'énergie, afin d'aider au rétablissement rapide de l'économie syrienne ?

R - Sur votre première question, le nom de l'envoyé spécial n'est pas du tout un secret. Je crois même qu'il est sur le site Internet du ministère. Il s'appelle Jean-François Guillaume. Sur votre deuxième question, effectivement, il s'agit d'une éventuelle évocation de la question des sanctions sur la Syrie lors du prochain Conseil Affaires étrangères. Votre question concernait la Syrie ou plus spécifiquement des… ?

Q - La position de la France sur la levée des sanctions.

R - D'une manière générale, sur la Syrie ? La Syrie est soumise à un régime de sanctions depuis plusieurs années. Il faut, en matière de sanctions, distinguer ce qui concerne la Syrie dans son ensemble des divers groupes et divers individus qui sont aussi sous un régime de sanctions. Les sanctions s'agissant de la Syrie sont des sanctions européennes, qui sont la traduction de sanctions onusiennes. Pour le moment, encore une fois, c'est ce que je vous disais dans mes propos liminaires, on est attentifs à l'évolution de la situation sur le terrain, on est très attentifs à la manière dont se déroule la transition politique qui est en cours. Cette transition politique n'est pas achevée. La chute de Bachar el-Assad date de dimanche dernier. Les événements vont extrêmement vite mais, pour le moment, nous prenons les choses de manière ordonnée et pas à pas. Nous sommes tout à fait au fait des régimes de sanctions qui touchent la Syrie. Ce sont des régimes de sanctions extrêmement lourds. Mais pour le moment, les discussions qui auront lieu à Bruxelles, j'imagine, porteront surtout et d'abord sur la position des Européens sur justement ce processus de transition politique. La France plaidera, comme je vous l'ai dit, pour avoir un processus de transition pacifique et exigeant. La question des sanctions pourra intervenir dans un second temps. C'est une approche un peu ordonnée.

Q - Une question sur l'Afrique. Est-ce que la France a un calendrier sur le départ, le retrait des troupes françaises basées au Tchad ?

R - La France a entamé depuis deux ans, vous le savez, une réflexion d'une manière globale, avec l'ensemble des États partenaires africains dans lesquels nous avons des troupes stationnées, sur la reconfiguration des dispositifs militaires en Afrique. Et c'était tout particulièrement le cadre de la mission qui avait été confiée par le Président de la République à Jean-Marie Bockel. L'esprit de cette mission confiée à Jean-Marie Bockel était de revoir, de repenser un peu notre relation avec nos partenaires africains, dans un esprit de co-construction. Le Président de la République avait indiqué que le modèle ne devait plus être celui des bases militaires telles qu'elles existent aujourd'hui. Donc cette réflexion qui a été enclenché il y a deux ans a été enclenchée tout particulièrement avec le Tchad. Il y a un dialogue qui a été ouvert avec les autorités tchadiennes, qui dernièrement ont fait part de leur souhait de voir évoluer le partenariat de sécurité et de défense, et c'est ce qui nous a été notifié le 29 novembre dernier. Donc on a pris acte de la décision des autorités tchadiennes. Le retrait a débuté, et vous avez pu en voir un exemple cette semaine. Mais nous continuons à avoir un dialogue soutenu avec les autorités tchadiennes pour savoir comment mettre en œuvre les différents aspects du partenariat que nous avons avec eux, puisque c'est un partenariat qui est plus large. Donc nous continuons à discuter avec les autorités tchadiennes, tout en initiant, et c'est ce qui s'est passé cette semaine, le retrait des forces françaises du territoire tchadien.

Q - Une question sur la Syrie. La France appelle depuis toujours à une transition politique inclusive en Syrie. Est-ce que pour vous cette transition est possible aujourd'hui avec une personnalité comme Abou Mohammed al-Joulani, qui était il y a quelques années le chef de Jabhat al-Nosra - anciennement appelé al-Qaïda -, et avec la disparition ou presque du courant laïc et démocrate au niveau de l'opposition syrienne, ce courant que la France a toujours soutenu ?

R - La France a toujours maintenu un contact extrêmement étroit avec les représentants de l'opposition politique légale et la société civile syrienne, et ce sont des contacts qui n'ont jamais été interrompus. Elle poursuivra la mobilisation de ces contacts pour accompagner les Syriens vers le chemin de la réconciliation et de la reconstruction, au travers d'une solution politique exigeante et ordonnée, dans l'esprit évidemment de la résolution 2254. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a des consultations avec l'ensemble de ses partenaires et ne passe pas d'autres messages. Il s'est notamment entretenu hier - il y a un communiqué qui a été diffusé - avec des membres de l'opposition syrienne et notamment M. Badr Jamous. Cette transition, je vous ai dit qu'elle devait être, selon nous, pacifique et exigeante. L'exigence, elle repose surtout, effectivement, sur le respect des différentes composantes de la société syrienne et de la diversité de la société syrienne, ce qui inclut tout ce qu'il peut y avoir en termes de différences ethniques, religieuses ou politiques. La transition qui est en cours doit prendre en compte l'ensemble de ces éléments. C'est la raison pour laquelle, encore une fois, nous suivons avec beaucoup d'attention la situation et les développements de cette transition. C'est une transition qui est rapide, mais nous la suivons avec beaucoup d'attention et nous serons extrêmement vigilants sur le point que je vous signalais d'une représentation satisfaisante de l'ensemble de la diversité de la société syrienne.

Q - Il y a eu, il y a environ deux semaines presque demain, des discussions en format E3 sur le programme nucléaire iranien. Sur ces discussions, il y avait une volonté d'essayer d'encadrer ce programme nucléaire iranien, mais l'enrichissement semble continuer. Est-ce que vous considérez que c'est une fin de non-recevoir après ces discussions ? Est-ce que vous considérez que cette prise de position de l'Iran sur cet enrichissement est liée à la situation en Syrie, où ils avaient des intérêts très importants ? Est-ce que vous imaginez que l'Iran, compte tenu de la situation en Syrie, se durcisse sur ce plan-là ?

R - Je pense qu'il y a plusieurs choses dans votre question. Sur votre dernier point, il est évident que la situation en Syrie impacte l'Iran, pour des raisons complexes sur lesquelles je ne vais pas revenir ici. Mais il est certain que la chute du régime de Bachar el-Assad constitue un affaiblissement de l'Iran, et notamment un affaiblissement au niveau régional. Sur la question plus spécifique du nucléaire, il y a effectivement des discussions en format E3 - c'est-à-dire l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France - qui continuent avec l'Iran. En fait, l'idée des Européens, c'est d'indiquer que l'escalade nucléaire est inacceptable, et ça nous l'avons toujours dit. Elle est non seulement inacceptable, mais en plus, comme vous le signalez, l'Iran franchit des seuils qui sont contraires à ses obligations internationales. Nous pensons cependant - et ça inclut la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne - qu'une solution diplomatique est prioritaire. C'est la raison pour laquelle nous continuons les discussions pour essayer de trouver une solution, conjointement avec l'AIEA, pour notamment trouver une solution diplomatique, mais aussi pouvoir mettre en place des contrôles et pouvoir vérifier l'état d'avancement du programme iranien. Il est évident que, dans ce cadre, toute escalade de l'Iran vers une poursuite de son programme nucléaire et un relèvement des seuils est proprement inacceptable. Mais encore une fois, la méthode qui a été retenue par les Européens, c'est surtout une méthode diplomatique par la négociation. Et c'est la raison pour laquelle des discussions ont eu lieu, les discussions continuent, et il y aura, j'imagine, d'autres discussions à l'avenir sur le même sujet, portées notamment par ces trois États européens, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, dans le cadre de l'AIEA.

Q - La situation en Syrie ne perturbe pas… ?

R - La situation en Syrie constitue un affaiblissement pour l'Iran, mais je ne sais pas s'il y a un lien direct entre l'un et l'autre. Je ne peux pas vous le dire.

Q - Une précision par rapport aux consultations qu'a eues le Ministre sur la Syrie. Est-ce que le Premier ministre de transition a été inclus dans ces consultations ? Si non, est-ce que concrètement vous attendez la nomination d'un gouvernement en Syrie pour établir de plus amples consultations avec les autorités du pays ? Autre question sur l'Ukraine. Le président Macron veut trouver un chemin qui prenne en compte les intérêts de Kiev et des Européens. Est-ce que ça inclut l'envoi de troupes pour faire respecter un cessez-le-feu, lorsqu'il arrivera ?

R - Sur votre première question, comme je vous le disais en introduction, le Ministre s'est entretenu non seulement avec les représentants de l'opposition syrienne, mais avec beaucoup de ses homologues de la région. Je pourrais vous les citer, mais il a notamment parlé avec son homologue jordanien, avec son homologue émirien et d'autres. Il y a un communiqué qui a été publié sur l'ensemble de ces entretiens. Pour le moment, comme je vous le disais aujourd'hui, il y a un soutien au processus de transition qui est à l'œuvre en Syrie. C'est un processus qui va extrêmement vite, dans une situation qui n'est pas encore totalement stabilisée, et il n'y a pas encore eu de contact avec les nouvelles autorités.

Sur votre deuxième question, sur l'Ukraine. C'est un sujet qui est présent, si j'ose dire, depuis un certain temps, et notamment depuis les déclarations qu'avait faites le Président de la République le 26 février dernier. C'est l'idée, telle qu'il l'avait formulée à l'époque, qu'il n'y avait pas de ligne rouge sur ce point et qu'il fallait préserver une forme d'ambiguïté stratégique, et c'est pour ça qu'il ne fallait écarter aucune option. Aujourd'hui, effectivement, il était en Pologne, où il a rencontré son homologue polonais pour évoquer notamment la question de l'Ukraine. Ce qui est certain, c'est qu'il y a toujours un positionnement extrêmement clair de soutien à l'Ukraine. Et ça, c'est quelque chose sur lequel il n'y a jamais eu de changement. Ensuite, sur la visite elle-même et ce qui a pu se dire - parce qu'elle a lieu en ce moment -, je vous renverrais volontiers vers l'Élysée pour avoir des éléments. Il y a une conférence de presse qui vient de se terminer entre le Président de la République et le Premier ministre polonais, Donald Tusk. Je pense que l'Élysée pourra vous donner davantage d'éléments sur le contenu plus détaillé de ce qu'ont été les discussions entre le Premier ministre polonais et le Président de la République.

Q - J'ai deux questions. D'abord sur l'Iran, on en parlait tout à l'heure. Est-ce que vous avez des nouvelles des trois Français qui sont détenus, Cécile Kohler, Jacques Paris, notamment sur leur état de santé ? Et par ailleurs, est-ce que la question du nucléaire iranien peut peser sur d'éventuelles négociations avec l'État iranien ? Et la deuxième question sur l'Ukraine. On parlait d'envoi de troupes pour un cessez-le-feu, mais est-ce que vous pouvez confirmer ou infirmer éventuellement la présence d'instructeurs français sur le sol ukrainien, ces derniers mois, auprès de l'armée ukrainienne ?

R - Sur la question des trois otages d'État retenus en Iran, la France continuera d'avoir une politique claire et sans faiblesse à l'égard de l'Iran. C'est une demande qui est claire, sans faiblesse, et extrêmement exigeante, avec une demande très ferme que l'ensemble de ces ressortissants - qui sont détenus, encore une fois, je le rappelle, de manière arbitraire - soient libérés. Leur situation est préoccupante et nous demandons leur libération immédiate. C'est le message que passent nos autorités, le Président de la République et le Ministre, lorsqu'ils ont l'occasion de s'entretenir avec leurs homologues. Et nous avons par ailleurs des canaux de discussion au niveau de nos ambassades qui nous permettent de continuer à faire passer les messages. Je ne suis pas certain qu'on puisse faire un lien avec les négociations sur le nucléaire. Encore une fois, la situation de nos compatriotes est la priorité des autorités françaises, de pouvoir les voir sortir et revenir en France.

Sur votre deuxième question, sur les instructeurs français, vous savez qu'on a mis en place des programmes d'instruction pour les soldats ukrainiens. Ce sont des programmes d'instruction qui ont lieu en France. Il y avait eu récemment une brigade, qui s'appelle la brigade Anne de Kiev, qui était venue se faire former en France. Je n'ai pas d'autres informations plus particulières à vous donner sur ce sujet.

Q - J'ai une question de suivi sur les relations diplomatiques éventuelles avec Hayat Tahrir al-Cham, à la question posée tout à l'heure. Vous avez dit que vos exigences reposent surtout sur le respect des différentes composantes de la société syrienne. Je me demandais juste… Je comprends bien que ça fait moins d'une semaine que c'est arrivé, mais est-ce qu'il y a plus de détails sur vos attentes, vos exigences de ce groupe ? Est-ce que, par exemple, c'est un respect pendant x temps - un, deux, trois mois -, il faut montrer patte blanche sur ce domaine de respect des minorités, ce genre de choses ? Ça serait bien d'avoir plus de détails.

R - Votre question renvoie en fait aux paramètres non seulement de la transition, mais aux paramètres du système institutionnel qui sera issu de la transition. Les autorités du groupe HTC ont indiqué hier avoir nommé un gouvernement provisoire qui sera en place jusqu'au 1er mars prochain, dont l'objet principal sera justement de mettre en place l'ensemble de ces institutions. On en est vraiment au tout début et on jugera vraiment sur pièce, sur le résultat d'institutions, globalement, qui seront inclusives dans leurs principes, et qui permettent une représentation et une prise en compte de l'ensemble de la diversité de la société syrienne. Et ça, nous y serons extrêmement attentifs. Pour le moment, comme nous en sommes vraiment au début et que cette transition en est elle-même au tout début, ce sont des principes que nous posons. Après, nous verrons concrètement comment est-ce que les institutions prennent forme et s'il y a effectivement au sein des institutions des éléments qui permettent la représentation de l'ensemble de la diversité de la société syrienne.

Q - Je souhaiterais poser une question sur Gaza, parce qu'hier soir, il y a eu des déclarations du ministre israélien de la défense allant dans une note un peu optimiste, disant qu'il y avait un possible accord sur la libération des otages. Je voulais savoir si la France avait eu des éléments laissant à penser que cet accord va pouvoir se faire ? Et est-ce qu'on a des nouvelles récentes des otages français ?

R - Sur votre première question, je serais tenté de vous dire qu'on l'espère, que cet accord qui est en discussion depuis extrêmement longtemps aboutisse. La France a toujours demandé à ce qu'il y ait un cessez-le-feu et la libération de l'ensemble des otages, qui sont les deux conditions préalables pour pouvoir avancer sur une solution plus politique et obtenir une stabilisation durable de la région. Nous espérons que cet accord aboutisse. Pour ma part, je n'ai pas d'éléments très précis sur l'état des négociations actuellement. Je sais simplement que nous espérons que nous pourrons aboutir à brève échéance à un cessez-le-feu.

Sur les otages, je n'ai pas d'éléments particuliers à partager avec vous à ce stade. Il y a encore deux otages de nationalité française qui sont retenus dans la bande de Gaza et nous demandons leur libération immédiate et sans condition.