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UNOG - United Nations Office at Geneva

09/04/2024 | News release | Distributed by Public on 09/04/2024 11:34

Dans le sud de Gaza, les préparatifs sont en cours pour lancer la campagne de vaccination contre la polio

Alors que plus de 189.000 enfants de moins de dix ans ont déjà été vaccinés contre la polio à Gaza, dépassant largement l'objectif de 156.500, les préparatifs sont en cours ce mercredi pour lancer la campagne de vaccination dans le sud de l'enclave palestinienne, à partir de jeudi, ont annoncé les agences humanitaires des Nations Unies.
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Jeudi, la deuxième phase devrait commencer à Khan Younis. Elle durera quatre jours. Elle se déplacera ensuite vers le nord de la bande de Gaza afin d'atteindre cette partie préoccupante de l'enclave palestinienne.

La première phase de la vaccination dans le centre de Gaza qui aurait dû se terminer hier mardi, a été prolongée aujourd'hui à Deir el-Balah, au quatrième jour de la campagne de vaccination. La campagne a été prolongée d'une journée afin d'atteindre tous les enfants des zones centrales.

« Quatre sites fixes continueront d'offrir la vaccination contre la polio pendant les trois prochains jours dans le centre de Gaza afin de s'assurer qu'aucun enfant n'est oublié », a déclaré sur le réseau social X, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Un succès malgré les conditions « désastreuses »

Les données préliminaires montrent qu'environ 26.000 enfants ont été vaccinés au troisième jour. Environ 74.340 enfants et 87.000 enfants ont été vaccinés respectivement au deuxième et premier jour de cette vaste campagne d'immunisation qui vise à vacciner 640.000 enfants gazaouis.

« Nous sommes reconnaissants du dévouement de toutes les familles, de tous les travailleurs de la santé et de tous les vaccinateurs qui ont fait de cette partie de la campagne un succès malgré les conditions désastreuses qui règnent dans la bande de Gaza », a ajouté le Dr Tedros.

De son côté, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) fait état de « grands progrès », relevant que chaque jour, dans les zones centrales de Gaza, de plus en plus d'enfants ont été vaccinés.

« Un grand merci aux équipes de santé et aux partenaires des Nations Unies pour avoir fait l'impossible afin d'atteindre tous les enfants de moins de 10 ans », a salué sur X, le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini.

Un peu de répit

Sur le terrain, les efforts des agences onusiennes vont se poursuivre pour « vacciner le plus grand nombre d'enfants possible ». « Nous espérons que ce vaccin contre la polio sera fourni à l'ensemble de Gaza pour protéger tous nos enfants ».

Les équipes de l'UNRWA et ses partenaires continuent de vacciner les enfants dans les cliniques, les points de santé mobiles et les abris, et vont même de tente en tente. « Il est temps de donner la priorité à la santé des enfants », a insisté l'agence onusienne.

Mais pour toutes les agences humanitaires, le message reste le même : les pauses temporaires dans les zones doivent être respectées. « Nous demandons que les pauses humanitaires continuent d'être respectées. Nous continuons à appeler à un cessez-le-feu », a fait valoir le chef de l'OMS.

Elles espèrent ainsi que la campagne se poursuivra comme prévu dans toutes les autres parties de Gaza. « Si ces [pauses] sur la polio donnent un peu de répit à la population, il est urgent d'instaurer un cessez-le-feu permanent, de libérer tous les otages et d'assurer l'acheminement normal des fournitures humanitaires, y compris des fournitures médicales et des produits d'hygiène », a dit M. Lazzarini.

UN News/Ziad Taleb
Des familles font la queue dans une clinique de l'UNRWA dans le camp d'Al-Nuseirat, à Gaza, attendant que leurs enfants se fassent vacciner contre la polio.

Une rare lueur d'espoir

Pour le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), il faut poursuivre dans cette voie. D'autant que sans une pause pour mettre en œuvre les deux phases restantes de la campagne, on ne parviendra pas à protéger les enfants de Gaza.

« Et nous mettrons en danger les autres enfants de la région. Nous devons atteindre une couverture vaccinale d'au moins 90 % pour empêcher le virus de se propager. Les enfants ont suffisamment souffert. Aujourd'hui, les enjeux ont augmenté et d'autres enfants de la région sont menacés. Nous ne pouvons pas échouer », a déclaré dans un communiqué, Adele Khodr, Directrice régionale de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Selon l'agence onusienne, ces trois derniers jours ont apporté une rare lueur d'espoir dans le conflit désastreux qui sévit dans la bande de Gaza. « Après près d'un an au cours duquel des familles ont vécu des horreurs qu'aucun homme, femme ou enfant ne devrait jamais avoir à endurer, nous avons vu cette semaine ce qu'il est possible d'accomplir avec simplement de la volonté », a insisté Mme Khodr.

A noter que la trêve doit encore durer six jours, la vaccination concerne encore 340.000 enfants dans le sud de Gaza et 150.000 dans le Nord. Au total, quelque 640.000 enfants de moins de 10 ans sont concernés par cette vaste campagne contre la polio. L'objectif est d'en vacciner 90% pour prévenir une éventuelle épidémie.

Une campagne « dangereuse et difficile »

Tirant les leçons de cette première phase, l'UNICEF rappelle que cette campagne de vaccination est « l'une des plus dangereuses et des plus difficiles de la planète ». Une façon de rappeler que l'enclave palestinienne est « déjà l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant ».

Même avec des pauses, la campagne de vaccination est confrontée à un « grave danger » et à des « obstacles incommensurables », notamment des routes et des infrastructures sanitaires endommagées, des populations déplacées, des pillages et des itinéraires d'approvisionnement perturbés.

D'une manière générale, les enfants de Gaza subissent la guerre de plein fouet, au-delà des explosions et des balles qui menacent leur vie quotidiennement. La destruction continue d'infrastructures vitales, notamment dans les domaines de la santé, de l'eau et de l'assainissement, continue d'accroître le risque d'épidémies mortelles dans toute la bande de Gaza.

Pourtant malgré les attaques incessantes contre les écoles et les sites abritant les enfants déracinés, les ordres de déplacement épuisants qui obligent les familles à se réinstaller encore et encore, et les niveaux de faim qui ont à certains moments poussé certaines parties de Gaza au bord de la famine, les familles ont fait l'effort de se rendre en grand nombre sur les sites de vaccination. Ces dernières savent « qu'il n'y a pas de temps à perdre pour protéger leurs enfants » gazaouis.