UNOG - United Nations Office at Geneva

09/16/2024 | News release | Distributed by Public on 09/16/2024 12:19

Soudan : la Coordinatrice humanitaire de l’ONU demande la fin des attaques à El Fasher, au Darfour

La Coordinatrice humanitaire au Soudan a exprimé sa profonde tristesse et sa frustration face à la violence armée qui ravage actuellement la ville d'El Fasher, au Darfour Nord.

« C'est déchirant et cela doit cesser. Il n'y a aucune excuse pour les attaques directes contre les civils, leurs biens et les installations essentielles telles que les hôpitaux. Ceux-ci sont protégés par le droit international humanitaire. Les parties au conflit doivent s'abstenir de prendre la ville pour cible », a déclaré, dans un communiqué, Clémentine Nkweta-Salami.

Selon l'ONU, les premiers rapports font état de « combats à grande échelle », qui se sont « intensifiés » dans la ville d'El Fasher le 12 septembre. Ces hostilités menacent la vie de milliers de personnes, principalement dans les camps de personnes déplacées internes.

« Les installations de soins de santé auraient également été touchées », a ajouté Mme Nkweta-Salami, relevant que le nombre de victimes civiles n'a pas encore été établi.

Des centaines de milliers de déplacés

Le conflit se poursuit, dévastant des vies, des moyens de subsistance et des infrastructures essentielles. El Fasher abrite des centaines de milliers de personnes déplacées qui risquent de souffrir de la famine, notamment dans le camp de Zamzam où la famine a été confirmée.

En outre, le système de santé publique du Soudan a été dévasté par le conflit en cours, de nombreuses installations ayant été détruites, pillées ou abandonnées, laissant plus de cinq millions de personnes sans accès aux services de santé.

« Ces attaques répréhensibles montrent l'inutilité de la violence armée à El Fasher. Ces attaques à El Fasher violent tous les principes humanitaires », a ajouté Mme Nkweta-Salami.

Selon les dernières estimations de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 8 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de ce pays d'Afrique du nord-est depuis le 15 avril 2023. Plus de 2,3 millions de Soudanais ont également franchi les frontières des pays voisins.

Parmi ces millions de réfugiés, plus de 174.000 Soudanais se sont exilés au Soudan du Sud voisin.

© WFP/Eulalia Berlanga
Des réfugiés soudanais se rassemblent au point de passage de Joda, à la frontière avec le Soudan du Sud.

De graves pénuries alimentaires pour les réfugiés du Soudan du Sud

Au Soudan du Sud, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) indique que les réfugiés sont confrontés à de « graves pénuries alimentaires et à la malnutrition ».

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a donc distribué des rations alimentaires et une aide en espèces, mais en raison de la pénurie de fonds, le niveau d'assistance a été considérablement réduit.

Alors que les nouveaux arrivants reçoivent toujours des rations complètes, les réfugiés qui sont dans le pays depuis plus longtemps ne reçoivent que la moitié des rations alimentaires qui leur sont allouées.

« En raison du manque de fonds, une nouvelle hiérarchisation et un nouveau ciblage de l'aide sont en cours, ce qui provoque des tensions entre les différentes populations de réfugiés », a détaillé le HCR dans son dernier rapport.

Par ailleurs, l'intervention d'urgence au Soudan est temporairement suspendue à Panakuach (Jamjang), en raison de l'insécurité et de l'inaccessibilité des routes. « Néanmoins, les efforts d'intervention se poursuivent au centre d'accueil de Yida, ainsi que dans les camps de Pamir et d'Ajuong Thok », a précisé le HCR.

Les « obstacles bureaucratiques » de l'aide au Soudan du Sud

Comme pour aggraver les choses, les « obstacles bureaucratiques » restent des barrières importantes à l'aide humanitaire au Soudan du Sud. Dans l'État du Haut-Nil par exemple, l'introduction de nouvelles taxes et de nouveaux frais pour les travailleurs humanitaires a entraîné une augmentation des coûts opérationnels et des retards dans l'assistance.

Il s'agit notamment d'une taxe de 10 % sur les contrats résiliés et de frais d'enregistrement obligatoires. Dans l'Equatoria occidental, les autorités ont imposé une taxe de 250 dollars pour les licences d'exploitation, ce qui contribue encore aux retards.

Concernant le financement, le Plan régional de réponse aux réfugiés de 1,5 milliard de dollars n'a reçu que 339 millions de dollars, soit 23 % du montant requis.

Dans le même temps, le Plan d'intervention humanitaire au Soudan de 2,7 milliards de dollars a été financé à hauteur de 1,1 milliard, couvrant ainsi plus de 40 % des besoins.