Région wallonne

03/29/2024 | Press release | Distributed by Public on 03/29/2024 10:13

Le retour du loup en Wallonie : une 3e meute dans les Hautes Fagnes

Publié le 06.01.2021 - Mis à jour le 29.03.2024
Vignette
SPW - Réseau Loup
Sur base de ces nouveaux éléments scientifiques collectés ces dernières semaines, le Réseau Loup a décidé de définitivement conclure à l'existence d'une 3e meute en Wallonie.

Dans une communication récente, le Réseau Loup faisait état des indices récoltés dans la zone de présence permanente (ZPP) du loup attestant d'une nouvelle portée chez Maxima et Akela, la 3e, et d'une première portée au sein de la meute du Nord Eifel, composé d'un mâle de lignée italo-alpine et d'une femelle de lignée germano-polonaise issue de la première portée de la meute des Hautes Fagnes.

Cependant, depuis plusieurs semaines, le Réseau Loup a collecté une série d'informations indiquant la présence de louveteaux à une distance trop importante des zones de mise bas utilisées jusqu'alors par Maxima et Akela pour qu'il s'agisse des jeunes de ces derniers. On sait, en effet que dans les premières semaines de vie, les louveteaux ne chassent pas encore eux-mêmes et restent à proximité directe de leur tanière. Cette nouvelle donnée paraît donc surprenante.

Sur base de relevés photographiques, d'indices récoltés sur le terrain et des analyses génétiques, la présence de GW2543m semble à présent confirmée. Il s'agit d'un mâle né en 2021, fils de Maxima et Akela. L'hypothèse la plus probable est que, à l'instar de ce qu'a fait la femelle du territoire Nord Eifel (GW2545f), ce jeune loup se soit installé en périphérie du territoire parental où il aurait capté une femelle en dispersion. D'autres analyses génétiques seront nécessaires notamment pour établir l'identité de sa compagne si celle-ci a pu être répertoriée dans un pays voisin avant sa dispersion.

Les experts du réseau loup ont, en conséquence, sur base de ces nouveaux éléments scientifiques, décidé de définitivement conclure à l'existence d'une 3e meute en Wallonie ; que l'on désignera comme la meute du Sud des Hautes Fagnes. Elle serait constituée d'au minimum 4 louveteaux. Le stade de développement de ces louveteaux est très différent de ceux de leurs voisins. Ils semblent en effet être nés plus tardivement que les deux autres portées.

Legay G. Photo d'un louveteau sur le territoire Sud des Hautes Fagnes début septembre

Pour rappel et à titre récapitulatif, la meute de Maxima et Akela (appelée désormais meute du Nord des Hautes Fagnes) a donc eu une troisième portée au printemps comprenant minimum 5 louveteaux. Les analyses génétiques réalisées cet été ont par ailleurs décelé la présence dans cette zone de deux subadultes mâles (GW3191m et GW3448m) issus de la 2e portée née en 2022.

La première portée de la meute Nord Eifel serait quant à elle, et selon les derniers clichés, composée de minimum 4 louveteaux.

Bilan de la présence des loups installés en Wallonie

Deux loups tués sur les routes

Percuté par une voiture, un premier loup a été tué sur la route B258 à Raeren en septembre 2023. Les analyses génétiques ont confirmé qu'il s'agissait bien un jeune loup issu de la 2e portée de la meute du Nord des Hautes Fagnes.

Le 27 mars 2024, les services du DNF ont découvert sur cette même route la dépouille d'une louve. Celle-ci a été transportée à la Faculté de Médecine vétérinaire de l'ULiège pour identification, détermination de la cause de la mort de l'animal et d'évaluation de l'état sanitaire de l'animal.

Loups dispersants

À côté des loups installés, la présence d'une quarantaine d'autres loups a été confirmée grâce à leur ADN retrouvé dans les déjections ou sur les morsures des proies sauvage ou plus souvent, domestiques. Ces loups de passage n'ont été détectés qu'une seule fois ou sur une période très courte avant de disparaître des radars. À la recherche d'un territoire, ils ont probablement rejoint une région voisine.

Consulter la cartographie de présence des loups

Définition d'une Zone de Présence Permanente

Une Zone de Présence Permanente ou une ZPP est définie pour chaque loup dont la présence formelle est établie depuis au moins 6 mois (loup installé). La première ZPP a été définie en octobre 2020 et concerne la zone occupée par les loups de la meute d'Akela dans les Hautes Fagnes. Elle a été agrandie suite la confirmation de l'installation du loup de Bullange.

Les exploitants agricoles et propriétaires de troupeaux dont les parcelles sont situées en ZPP peuvent bénéficier d'un accompagnement afin de prévenir au mieux les risques de prédation de loup (conseils pour la protection de leurs troupeaux, analyse de risque, prêt de filets électrifiés, subvention pour des moyens de protection durables...)

Consulter la carte de la Zone de Présente Permanente

Attaques imputées au loup

Chaque signalement de suspicion d'attaque de loup sur des élevages s'accompagne d'un diagnostic permettant d'objectiver la responsabilité du loup sur base des indices collectés. Il est important de souligner qu'un grand nombre d'attaques ne peuvent être attribuées avec certitude à un chien ou à un loup, en raison de l'absence de preuves génétiques fiables. Tableau du bilan des prédations sur proies domestiques

Rappelons avant tout chose que le loup ne constitue pas un risque pour l'être humain, qu'il craint. S'il s'approche des villages, c'est uniquement pour se nourrir de bétail domestique, en particulier les ovins et caprins.

Le régime alimentaire du loup est essentiellement constitué de faune sauvage (chevreuil, cerf, sanglier). Malheureusement, les moutons et chèvres constituent des proies facilement accessibles dans certaines circonstances. De plus, le nombre de victimes domestiques par attaque peut paraître élevé, ce qui s'explique par le fait que le loup entre dans un espace confiné et que les proies, agitées, n'ont pas d'échappatoire. En moyenne chez nous, il y a 4 victimes par attaque. En revanche, les attaques sur bovins ou équins sont rarissimes.

Un plan loup pour encadrer le retour de l'espèce

Le retour naturel du loup soulève en effet des questions en termes de cohabitation avec les gestionnaires de troupeaux et avec le monde de la chasse notamment, mais aussi des questions plus culturelles liées à l'acceptation de ce grand prédateur. C'est pourquoi un Plan Loup a été élaboré pour veiller à une cohabitation harmonieuse avec le loup en Wallonie en tenant compte des réalités de notre territoire.

Ce plan propose des solutions concrètes. L'asbl Natagriwal est ainsi disponible pour des conseils et des analyses de risque ainsi que du prêt de matériel de protection (filets électrifiés). Toute demande peut être adressée à [email protected]. En fonction du risque encouru, elle propose également des aménagements sur le long terme qui sont subventionnables par la Région wallonne à hauteur de 80 % de l'investissement.

Des indemnisations sont également prévues pour les exploitants et aux éleveurs dont le troupeau a été reconnu victime d'une attaque de loup sur le territoire wallon.

Une collaboration scientifique transfrontalière

Le retour du loup dans le Benelux rend nécessaire la coopération transfrontalière : d'une part pour l'échange d'informations, de connaissances et de données sur une espèce occupant de très grands territoires (jusqu'à 350 km²), et d'autre part pour l'élaboration d'accords mutuels sur l'indemnisation des dommages, la politique et le suivi. Ces cartes sont issues de cette coopération internationale.

Des cartes annuelles de présence de loups (individu de passage, couple ou meute) au niveau du Benelux et de l'Allemagne donnent une bonne image de l'évolution de la répartition et de la reproduction des loups dans les pays du Benelux et en Allemagne au fil des années. Elles ont été rendues possibles grâce au parrainage du projet EuroLargeCarnivores dirigé par le WWF Allemagne. Consulter les cartes

Vous avez vu un loup ? Faites-le savoir !

Si vous pensez avoir observé un loup, ou si vous disposez d'un indice de sa présence (photos, vidéos, empreintes, excréments, poils ou carcasses de proies), merci d'en faire part au Réseau Loup :

Pour des informations plus détaillées, veuillez consulter le dossier loup sur le site biodiversite.wallonie.be

À lire également : Intervention de Vinciane Schockert, zoologiste du SPW et membre du Réseau Loup, pour le Journal des Enfants (vidéo)

A écouter, un podcast de l'émission "l'histoire continue" diffusée sur la Une le 1er octobre 2023 : L'Histoire continue - Le retour du loup, une histoire pleine de rebondissements - Auvio (rtbf.be)