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12/10/2024 | Press release | Archived content

Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse — 10 décembre 2024

Bonjour, et je salue chaleureusement nos amis de l'ACANU pour notre dernier point presse de l'année 2024.

Cette année a été à nouveau une année difficile pour notre monde, et pour la santé de ses habitants.

Mais il y a aussi eu beaucoup de bonnes nouvelles, et c'est par là que je voudrais commencer.

Cette année, neuf pays ont obtenu une certification pour avoir éliminé une maladie :

Cabo Verde et l'Égypte sont devenus exempts de paludisme ; le Brésil et le Timor-Leste ont éliminé la filariose lymphatique ; L'Inde, le Pakistan et le Viet Nam se sont débarrassés du trachome ; la Jordanie a éliminé la lèpre et le Tchad la trypanosomiase humaine africaine.

Grâce aux nouveaux vaccins dont nous disposons pour lutter contre le paludisme, plus de 12 millions de doses de vaccins antipaludiques ont été livrées dans 17 pays d'Afrique ;

Dans 150 pays, la consommation de tabac continue de diminuer ;

L'OMS a préqualifié un nouveau vaccin contre la dengue ;

Nous avons accordé une autorisation d'utilisation d'urgence aux premiers tests de dépistage et vaccins contre la mpox (variole simienne), et nous avons établi un mécanisme d'attribution équitable de ces produits.

Lors de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, les dirigeantes et dirigeants mondiaux se sont engagés à prendre une série de mesures pour lutter contre la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

En mai, l'Assemblée mondiale de la Santé a approuvé notre Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l'enfant et de l'adolescent pour les quatre prochaines années.

Le mois dernier, nous avons conclu le premier cycle d'investissement de l'OMS, avec une augmentation du nombre de nouveaux donateurs qui nous a permis de mobiliser dès le départ plus de la moitié des fonds dont nous avons besoin pour les quatre prochaines années, dans le cadre de la transformation de l'OMS, un pilier majeur étant constitué par un financement durable ;

Et la semaine prochaine, j'aurai l'honneur de me joindre à Son Excellence le Président français Emmanuel Macron pour inaugurer l'Académie de l'OMS à Lyon. Il s'agit là d'un élément majeur d'un autre pilier de notre transformation.

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Il y a donc de nombreuses raisons de se réjouir. Mais les raisons de se lamenter sont tout aussi nombreuses.

Les guerres à Gaza, au Soudan et en Ukraine ne semblent pas prêtes de s'arrêter, même si nous nous félicitons que le cessez-le-feu au Liban semble tenir.

Ces conflits ont causé d'innombrables morts, de terribles destructions et des déplacements massifs, et souvent, les services de santé ont été dans la ligne de mire.

Depuis le début de l'année, l'OMS a confirmé que 1370 attaques avaient visé les services de santé dans 14 pays et territoires, faisant 805 morts et 1545 blessés parmi le personnel soignant et les patientes et patients.

Le conflit à Gaza a également conduit à la réémergence de la poliomyélite, bien que la campagne de vaccination menée par l'OMS et nos partenaires semble avoir permis de prévenir davantage de cas.

Cependant, la nomination, ces dernières heures, d'un gouvernement de transition en République arabe syrienne redonne espoir à un pays qui a tant souffert.

Depuis le début de l'offensive militaire, il y a deux semaines, des centaines de personnes ont été grièvement blessées et on estime à un million le nombre de personnes déplacées, qui viennent s'ajouter aux 7 millions qui étaient déjà déplacés à l'intérieur du pays et aux 5 millions qui l'avaient quitté.

Les établissements de santé d'Alep et d'Idlib ont été débordés, certains partenaires ont suspendu leurs services et 19 cas d'attaques contre les services de santé ont été signalés.

Répondre aux besoins de santé des populations déplacées, et de celles qui pourraient maintenant rentrer en Syrie, représentera une pression supplémentaire sur un système de santé déjà affaibli par plus de 14 ans de guerre.

Je me suis rendu à Alep, Idlib et Damas l'année dernière et j'ai constaté à quel point le système de santé était fragile.

Même avant le début de la récente offensive, moins des deux tiers des hôpitaux et des établissements de soins primaires fonctionnaient ;

Et près de 15 millions de personnes avaient déjà besoin d'un accès urgent à des soins en traumatologie et en chirurgie, à des traitements contre les maladies non transmissibles, aux soins de santé pour la mère et l'enfant, à un soutien en matière de santé mentale, entre autres.

Au cours des deux dernières semaines, l'OMS a envoyé 11 camions de fournitures de traumatologie et de chirurgie dans le cadre d'opérations transfrontalières dans les régions d'Alep et d'Idlib, et nous intensifions nos efforts pour distribuer davantage de médicaments et de fournitures essentiels partout où cela est nécessaire.

Hier, nous avons également livré des fournitures de traumatologie et de chirurgie à l'hôpital Al Mousat de Damas, et nous nous efforcerons de soutenir d'autres hôpitaux dans les prochains jours.

Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer l'ensemble des besoins en matière de santé et renforcer les systèmes de surveillance des maladies, alors que le risque d'épidémies, y compris de choléra, ne cesse de croître.

Nous continuons d'axer notre action sur la réponse aux besoins sanitaires urgents, le rétablissement des services de santé essentiels et la collaboration étroite avec nos partenaires pour renforcer le système de santé syrien.

Nous appelons toutes les parties à faciliter le déroulement sans entrave et en toute sécurité des opérations humanitaires visant à atteindre les personnes dans le besoin, où qu'elles se trouvent.

Dans un pays qui a tant souffert, nous espérons que cette nouvelle aube qui se lève sur la Syrie conduira à une paix durable.

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Par ailleurs, la menace de flambées épidémiques, d'épidémies et de pandémies demeure.

Comme vous le savez, en août, j'ai déclaré que les flambées de mpox en Afrique constituaient une urgence de santé publique de portée internationale.

En septembre, le Rwanda a signalé une épidémie de maladie à virus Marburg, qui est heureusement maintenant maîtrisée ;

Nous avons assisté à la propagation inquiétante de la grippe aviaire H5N1 dans des centaines de troupeaux de vaches laitières aux États-Unis, avec 58 cas humains recensés ;

Et si nous constatons des progrès dans la lutte contre certaines maladies, nous perdons du terrain contre d'autres.

De nouvelles données de l'OMS et de ses partenaires publiées cette année ont montré une augmentation de 71 % du nombre de décès dus au choléra en 2023 et une hausse de 20 % des cas de rougeole, tandis que le nombre d'adultes atteints de diabète a quadruplé depuis 1990 et dépasse maintenant les 800 millions.

Il y a moins de deux semaines, des cas d'une maladie pour laquelle aucun diagnostic n'a encore été posé, survenus en République démocratique du Congo, ont été signalés à l'OMS ; 416 cas et 31 décès ont été rapportés.

La plupart des cas et des décès concernent des enfants de moins de 14 ans, dans le district de Panzi, dans la province occidentale du Kwango en RDC.

Une équipe provinciale d'intervention rapide a été déployée le 30 novembre, qui bénéficie maintenant de l'appui d'une équipe nationale d'experts arrivée ce matin.

La zone touchée est isolée, les télécommunications sont extrêmement limitées et la saison des pluies rend l'accès encore plus difficile. Il a fallu plusieurs jours à l'équipe nationale d'intervention pour atteindre Panzi.

La région souffre également de niveaux élevés de malnutrition et d'une faible couverture vaccinale, ce qui rend les enfants vulnérables à toute une série de maladies, notamment le paludisme, la pneumonie, la rougeole, entre autres.

Sur les 12 premiers échantillons collectés, 10 se sont avérés positifs pour le paludisme, bien qu'il soit possible que plusieurs maladies soient en cause.

D'autres échantillons seront prélevés et analysés afin de déterminer la ou les causes exactes.

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À la fin de ce mois, le 31 décembre marquera le cinquième anniversaire des premiers signalements parvenus à l'OMS de cas de pneumonie causée par un agent pathogène alors inconnu.

Au cours des cinq dernières années, plus de 7 millions de décès dus à la COVID-19 ont été notifiés à l'OMS, mais nous estimons que le nombre réel de décès est au moins trois fois plus élevé.

On ne peut pas parler de la COVID au passé. Le virus est toujours parmi nous, il provoque toujours des formes aigües et des formes prolongées de la COVID-19, et il tue toujours.

En moyenne, cette année, environ 1000 décès dus à la COVID-19 ont été signalés à l'OMS chaque semaine - et ce ne sont là que les signalements des quelques pays qui les effectuent encore.

Le monde voudrait peut-être oublier la COVID-19, mais nous ne pouvons pas nous le permettre.

L'OMS continue d'aider les pays à prévenir et à prendre en charge la COVID-19 comme d'autres menaces sanitaires.

Aujourd'hui, l'OMS publie un ensemble de notes d'orientation pour aider les pays à mettre à jour leurs politiques en vue de surveiller et de limiter la circulation de la COVID-19, et à réduire la morbidité, la mortalité et les conséquences à long terme de la maladie.

L'une des questions que l'on me pose le plus souvent est la suivante : le monde est-il mieux préparé à la prochaine pandémie que nous ne l'avons été à la COVID-19 ?

La réponse est oui, et non.

Si la prochaine pandémie arrivait aujourd'hui, le monde serait toujours confronté à certaines des insuffisances et vulnérabilités qui ont permis à la COVID-19 de s'implanter il y a cinq ans.

Mais le monde a également tiré avec douleur de nombreuses leçons de la pandémie, et a pris des mesures importantes pour renforcer ses défenses contre les épidémies et les pandémies futures.

En collaboration avec la Banque mondiale, l'OMS a créé le Fonds de lutte contre les pandémies, qui finance actuellement 19 projets dans 37 pays, et bénéficie de 338 millions de dollars des États-Unis de subventions.

L'OMS a aidé de nombreux pays à renforcer leurs capacités de laboratoire pour détecter et séquencer les agents pathogènes, et nous avons créé en Allemagne le Centre d'information de l'OMS sur les pandémies et les épidémies pour favoriser la surveillance collaborative.

Afin d'améliorer la production locale de vaccins et d'autres produits médicaux, nous avons créé le Centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm en Afrique du Sud et un Centre mondial de formation en biofabrication en République de Corée.

Pour améliorer l'accès équitable aux outils qui permettent de sauver des vies, nous avons mis en place un Réseau intérimaire de contre-mesures médicales ;

Avec nos partenaires, nous avons créé le Corps mondial pour l'action sanitaire d'urgence.

En mai, cette année, l'Assemblée mondiale de la Santé a adopté une série d'amendements au Règlement sanitaire international.

Et comme vous le savez, nos États Membres continuent de négocier l'accord de l'OMS sur les pandémies.

Ils sont déterminés à mettre un point final à l'accord à temps pour l'Assemblée mondiale de la Santé en mai prochain ; je reste convaincu qu'ils y parviendront.

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Enfin, ce jeudi marque la Journée de la couverture sanitaire universelle.

La couverture sanitaire universelle, ou CSU, est l'une des principales priorités de l'OMS. Elle signifie que toutes les populations ont un accès équitable aux services de santé essentiels dont elles ont besoin, sans être exposées à des difficultés financières.

Il est choquant de constater que plus de la moitié de la population mondiale n'a pas accès aux services de santé essentiels.

Et alors que l'accès aux services s'améliore à l'échelle mondiale, deux milliards de personnes sont confrontées à des difficultés financières en raison du paiement des médicaments et des services de santé.

C'est pourquoi le thème de la Journée de la CSU cette année est la protection financière ; pour que les familles n'aient pas à choisir entre les médicaments et les repas ; la pauvreté ou les soins.

Lorsque l'OMS a été fondée en 1948, notre Constitution a été le premier document de droit international à affirmer que la santé constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain, sans distinction.

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, nous continuons d'appeler tous les pays à promouvoir et à protéger le droit à la santé, tant en principe qu'en pratique.

Christian, je vous rends la parole.