12/12/2024 | News release | Distributed by Public on 12/12/2024 16:15
Un site déjà connu
Les résultats des quatre campagnes de fouilles menées au cours des années 1980, dans la partie est de la ville, au « jardin à pois », ont fait l'objet de publications dans la Revue du Nord. Deux états successifs d'un bâtiment ont été mis au jour, dans l'un desquels se trouvait une pièce sur hypocauste fouillée en 1980 et 1983, avec des enduits décorés. La restauration partielle des peintures a livré les représentations d'un Apollon citharède, d'une ménade, ainsi que d'un temple classique sur podium hexagonal. Les fouilles de 2008 ont montré qu'elles appartenaient à un bâtiment construit au cours du IIIe siècle et démonté au début du IVe siècle lors de l'édification du castellum.
Un temple sur podium
À quelques dizaines de mètres à l'ouest de ce bâtiment, les fondations d'une construction hexagonale ont été révélées. Creusées jusqu'à 7,5m de profondeur, elles témoignent de l'imposant bâtiment qu'elles devaient supporter. À l'instar de l'ensemble des bâtiments de la ville et afin d'édifier la fortification, cet ouvrage a été complètement démonté pour fabriquer de la chaux et récupérer les moellons de grès qui le composaient.
Dans les gravats non abandonnés, composés de nombreux fragments de pavage en pierre bleue, de linteaux de marbre de carrare, étaient présents le bras d'une cithare et son joug peint en rouge. Dans ces niveaux d'effondrements ont aussi été découverts des vestiges en bronze : un pied de meuble, des pans de drapé ainsi qu'une cymbale présentant des traces de jeu.
Cymbale de bronze retrouvée dans les débris du temple d'Apollon présentant des traces de jeu sur chacune de ses faces.
© Dominique Bossut, Inrap
Les quelques pièces conservées permettent d'estimer la taille de la sculpture à environ deux fois la taille humaine. Des éléments appartenant à la cithare attestent qu'il s'agissait d'une statue d'Apollon citharède. Un orteil de marbre permet de supposer qu'il s'agissait d'une statue en pied ou assise.
Doigt en marbre de carrare découvert dans les débris du temple permettant d'estimer la taille de la statue de la divinité à 2,5 fois la taille humaine.
© Stéphane Lancelot, Inrap
Un quartier très religieux ?
La représentation du temple dans un bâtiment proche semble être une peinture réaliste de la construction identifiée en fouille, ce qui est un unicum dans la peinture romaine. Il convient donc de s'interroger sur la fonction exacte de ce bâtiment abritant les peintures, d'autant que ces constructions sont situées à proximité de l'espace public ceignant le théâtre localisé quelques dizaines de mètres au sud. C'est l'ensemble de la fonction de ce secteur qu'il s'agit d'apprécier alors que de simples constructions en bois présentant des indices du travail de forge sont voisines.
Dans la cour attenante au bâtiment fouillé dans les années 1980, a été retrouvée une applique de meuble en bronze figurant Cybèle et Attis. Celle-ci ajoute une connotation religieuse au secteur.
Applique en bronze montrant la déesse Cybèle, protectrice des enfants et des animaux, entourée de deux lions, avec son amant Attis coiffé d'un bonnet phrygien, Famars (Nord), 2008.
© Stéphane Lancelot, Inrap
Apollon, un dieu important à Fanum Martis
De l'autre côté de la ville, plus d'1 km à l'ouest, d'autres fragments de statuaire évoquant le duel entre Apollon et Marsyas ont été mis au jour à proximité d'un four à chaux attribuable à la même époque que ceux de la Rhonelle.
Four dans lequel ont été calcinés les éléments calcaires des abords du temple sur podium pour fabriquer la chaux nécessaire à l'édification de la fortification.
© Raphaël Clotuche, Inrap
Une tête de satyre, reconnaissable à ses oreilles pointues, accompagne une tête d'Apollon. Le système d'accroche indique qu'elles appartenaient sans doute à une mégalographie importante. Toutes deux, en calcaire local, sont à échelle un demi et sont associées à des fragments de personnage ainsi qu'une tête d'Apollon dont la taille équivaut à trois fois la taille humaine. Pourquoi Apollon a-t-il droit à deux lieux de vénération sur une même ville ? Quel pouvoir lui donne un rôle si important ?
Détail des quatre faces de la tête de satyre présentant le mode de fixation, les factures différentes entre les parties droites et gauches du visage indiquant l'appartenance de celle-ci à un ensemble sculptural en haut-relief beaucoup plus vaste.
© Stéphane Lancelot, Inrap
Aménagement Technopole : Communauté d'Agglomération de Valenciennes Métropole
Recherches archéologiques : Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie, Drac des Hauts-de-France
Responsable scientifique : Raphaël Clotuche, Inrap