Mairie de Nîmes

08/19/2024 | News release | Distributed by Public on 08/19/2024 09:54

Il y a 80 ans, Nîmes libérée : une cérémonie et un colloque pour commémorer l’événement

Le 25 août 1944, après deux années d'occupation par les soldats de la Wehrmacht, Nîmes renoue avec la liberté. La Ville se souvient de sa Libération.

Après avoir mobilisé des lycéens le 6 juin dans une course d'orientation « sur les pas de la Résistance », Nîmes va célébrer la fin de l'occupation allemande, dimanche 25 août. A cette occasion, une cérémonie sera organisée à la Pyramide dédiée aux martyrs de la Seconde Guerre mondiale, avenue Jean-Jaurès, à 10 heures.

Dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération de Nîmes, la Ville, en partenariat avec le journal Midi Libre, organise aussi un temps d'échange avec des historiens et des témoins de cette période, le 28 août de 10h à 11h30 à l'auditorium de Carré d'art. En présence de Jean-Paul Fournier, Maire de Nîmes, et animé par Emilie Bec, cheffe d'agence de la rédaction Midi Libre à Nîmes, ce colloque grand public s'articulera autour de deux tables rondes, une sur l'Occupation et une sur la Libération, grâce à des historiens ou des témoins de cette période :

  • Francine Cabane
  • Didier Lavrut, professeur agrégé d'histoire (R) dans les classes préparatoires du lycée Daudet
  • Suzanne Jullian, née le 23 décembre 1932
  • Jean-Claude Martin qui habitait Nîmes à la Libération et avait 6 ans à l'époque.

Déroulé :

  • 9h30 : Accueil
  • 10h00 : Début du Colloque
  • 11h30 : Fin

Rendez-vous le 28 Août à partir de 9h30 dans l'Auditorium du Carré d'Art.
Entrée par la rue Gaston Boissier entre 9h30 et 10h.

Inscription en ligne ici

La Libération de Nîmes : le récit

Hitler réagit au débarquement allié des troupes anglaises et américaines en Afrique du Nord en s'appropriant la « zone libre » française. Nîmes est occupée par près de 2 200 soldats allemands dès le 11 novembre 1942. Les premiers groupements de résistance voient le jour au début de l'année 1943, additionnés à la révolte et aux grèves de la classe ouvrière. L'aviation alliée prépare également le terrain pour la Libération. Les raids aériens anglo-américains s'avèrent cependant dévastateurs, à l'image du bombardement qui frappe par erreur l'hôpital Doumergue le 27 mai 1944 (44 victimes), et par extension les quartiers Est de la ville dont le bilan total est de 271 personnes tuées et plus de 5 000 sinistrés.

Lire aussi : La Ville rend hommage aux victimes du bombardement de Nîmes du 27 mai 1944 - Vivrenimes.fr

« J'étais alors âgé de 10 ans, se souvient Gérard Jourdan, qui fêtera ses 90 printemps le 30 août prochain. À chaque alerte, notre maître d'école nous descendait au sous-sol. Ce jour-là, je revois encore le ciel bleu virer au gris puis au noir, et le bruit des bombes suivi du silence le plus absolu. C'était la sidération. Nous sommes restés enfermés plusieurs heures dans cette cave, le temps pour les voisins de dégager les débris des immeubles alentour qui obstruaient la porte. Mais jamais nous ne leur en avons voulu. C'était la guerre. Nous les attendions ces avions alliés, c'est là tout le paradoxe. » Les mois précédant la Libération sont marqués par un durcissement de la répression avec l'arrivée d'unités spécialement chargées « d'opérations de nettoyage » contre la Résistance intérieure.

La 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen s'installe à Nîmes à compter du 20 février 1944 et procède à la pendaison de 15 otages le 2 mars 1944, sous les arches de la voie ferrée. Le Débarquement des troupes alliées en Normandie le 6 juin 1944 et, plus localement, celui de Provence le 15 août 1944 donnent aux maquis le signal de l'insurrection finale.

« Nous étions heureux »

La ville essuie de nouveaux bombardements, le 12 juillet puis le 23 août 1944. La plupart des Allemands ont alors déserté Nîmes pour rejoindre le couloir de la vallée du Rhône en laissant derrière eux d'importants stocks de matériels et munitions, vite récupérés par la population.

Le 24 au matin, la caserne Montcalm est occupée par des maquisards qui se déplacent sans heurts dans la ville. Jean Garnier, dit commandant Barry, chef des FTP (Francs-tireurs et partisans), installe son poste de commandement boulevard Gambetta, tandis que 2 000 FFI (Forces françaises intérieures) investissent la ville sous l'acclamation des Nîmois. Le 25 août 1944, Nîmes est libérée. « Nous étions heureux. On dansait. On chantait. Il y avait des bals partout dans les jours qui ont suivi. On voulait vivre », raconte Betty Jallaguier en 2022, dans une interview à France Bleu Gard-Lozère.

Le bilan humain

Le département paye un lourd tribut à ces années d'occupation. La préfecture dresse un premier bilan humain et matériel en février 1945 et fait état de 231 civils tués par faits de guerre, 295 personnes assassinées par les Allemands, la Milice et la Gestapo, 5 670 déportés ou requis au STO, dont 258 déportés morts en déportation pour 260 revenus.

Une fête populaire pour la Libération de Nîmes

L'enthousiasme prédomine au lendemain de la Libération et de grandes fêtes patriotiques sont organisées pour célébrer la victoire de la Résistance sur l'occupant. À Nîmes, la célébration se déroule le 4 septembre 1944. À cette occasion, le boulevard Maréchal Pétain à Nîmes est rebaptisé Libération.

Le besoin de justice anime aussi tous les esprits. Le Conseil national de la Résistance prévoit d'ailleurs dans son programme le châtiment des traîtres et des collaborateurs ainsi que la confiscation de leurs biens : neuf miliciens pris les armes à la main sont ainsi exécutés devant les arènes le 28 août 1944. Jusqu'au 19 septembre, 34 personnes sont fusillées.

Défilé des maquisards sur le boulevard Maréchal Pétain, rebaptisé Libération. © Archives personnelles famille Gosselin

Le Gard sort meurtri de ces années d'occupation, et partout se dressent, dans les années qui suivent la Libération, des monuments à l'effigie des martyrs morts pour la France, afin que le temps n'efface pas le souvenir de celles et ceux qui ont payé de leur vie le combat pour la liberté. Nîmes érige ainsi en 1947 un mémorial en souvenir des martyrs de la Seconde Guerre mondiale, œuvre de l'architecte Jean-Louis Humbaire et du sculpteur Jean-Charles Lallement.

Ce mémorial, situé sur l'avenue Jean-Jaurès, est dédié aux héros et victimes du combat pour la liberté. Il se compose d'une grande pyramide d'une dizaine de mètres qui abrite une crypte où repose pour l'éternité un imposant gisant de bronze. Un grand bas-relief réalisé par le sculpteur Lallement représente des personnages et des scènes multiples. L'entrée est gardée par deux statues de maquisards, nus et armés de mitraillettes.

Sources : La Libération dans le Gard, Archives départementales du Gard.

« Le 25 août 1944, Nîmes est libérée par la 1re Division Française Libre (DFL) après avoir été occupée par l'armée allemande. C'est la liberté qui a été reconquise.

Dimanche 25 août, nous commémorerons ce 80e anniversaire au monument des Martyrs de la Résistance et de la Déportation par un dépôt de gerbe, une minute de silence, la Marseillaise, puis le Chant des Partisans pour rendre un dernier hommage aux femmes et hommes ayant combattu l'ennemi et permis à Nîmes de retrouver sa liberté. Ne jamais oublier nos martyrs et nos morts.

Plus qu'un simple devoir de mémoire, c'est un devoir historique qui s'impose à nous tous en ces temps de troubles avancés. »

Monique Boissière, conseillère déléguée aux Armées et au Monde combattant.