UNOG - United Nations Office at Geneva

07/23/2024 | News release | Distributed by Public on 07/23/2024 10:31

Plus de 80 % de Gaza est sous ordre d’évacuation ou déclarée « zone interdite »

Des milliers de personnes à Gaza, fuyant les chars et les avions israéliens, ont entamé lundi un nouveau cycle de déplacement, en s'exilant vers Deir el-Balah et l'ouest de Khan Younis, après le nouvel ordre d'évacuation de l'armée israélienne, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

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Près de 83 % de la bande de Gaza fait l'objet d'un ordre d'évacuation ou est désignée comme « zone interdite » par l'armée israélienne.

Le dernier ordre d'évacuation massive de l'armée israélienne couvre environ 8,7 km² de territoire et réduit la « zone humanitaire » d'al-Mawasi de 15 % par rapport à sa taille initiale, selon l'OCHA.

« Des milliers de personnes se déplacent à nouveau, fuyant les raids aériens et les opérations militaires. La situation est impossible. Le cycle de la peur et du déplacement dure depuis trop longtemps. Tout le monde est épuisé », a décrit pour sa part sur le réseau social X, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

De nouvelles souffrances

« La question qui hante Gaza : Où vais-je aller ? », a poursuivi l'agence onusienne, relevant que des familles sont encore contraintes de fuir. L'UNRWA a ainsi partagé sur X, des images de « scènes chaotiques » à Khan Younis. Une situation vécue maintes fois dans l'enclave palestinienne, avec notamment des images dans lesquelles on voit des enfants pleurer et des parents fuir dans tous les sens.

« Les nouveaux ordres d'évacuation sont synonymes de nouvelles souffrances et de nouveaux déplacements », a insisté l'UNRWA, ajoutant que les habitants de Gaza sont « épuisés », mais vivent dans des « conditions inhumaines et sans aucune sécurité ».

Sur le terrain, les personnes fuyant Khan Younis semblent se diriger vers les zones déjà surpeuplées de Deir el-Balah et de l'ouest de Khan Younis. Ces deux zones disposent d'un nombre limité d'abris et de services et peuvent à peine accueillir l'afflux supplémentaire de personnes déplacées. Les familles ont dû emballer ce qu'il restait de leurs biens et fuir, au milieu des bombardements et sans aucun endroit sûr où aller.

Risque élevé de propagation du virus de la polio

Alors que des milliers de personnes continuent de fuir les chars et les avions israéliens à Khan Younis, l'Agence sanitaire mondiale de l'ONU (OMS) s'est déclaré alarmée, mardi, par la perspective d'un « risque élevé de propagation du virus de la polio » dans la bande de Gaza et au-delà de ses frontières, en raison d'une situation sanitaire « catastrophique » dans l'enclave palestinienne ravagée par la guerre.

« Il existe un risque élevé de propagation du virus de la polio à Gaza, non seulement en raison de la détection, mais aussi à cause de la situation désastreuse de l'assainissement de l'eau », a déclaré aux journalistes à Genève par liaison vidéo depuis Jérusalem, le Dr Ayadil Saberkov, Responsable des urgences sanitaires du Bureau de l'OMS dans les Territoires occupés palestiniens.

Cette alerte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) intervient dans un contexte de déplacements récurrents des Gazaouis. C'est pourquoi, l'agence onusienne considère qu'il existe un risque élevé de propagation du virus de la polio à Gaza et au niveau international, « si cette flambée ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale ».

Des équipes de l'OMS et de l'UNICEF attendues jeudi

Car faute de services de santé adéquats, la population gazaouie est particulièrement vulnérable aux épidémies. « Je suis extrêmement inquiet à l'idée d'une épidémie à Gaza. Et il ne s'agit pas seulement de la polio, mais de différentes épidémies de maladies transmissibles », a affirmé le Dr Saparbekov.

En attendant, des équipes de l'OMS et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) devaient arriver à Gaza jeudi 25 juillet. Sur place, elles vont recueillir des échantillons de selles humaines dans le cadre d'une évaluation des risques liés à la découverte du virus.

Selon le Dr Saparbekov, cette évaluation, qui devrait être achevée d'ici la fin de la semaine, permettrait aux responsables de la santé de formuler des recommandations, « notamment sur la nécessité d'une campagne de vaccination de masse, sur le type de vaccin à utiliser et sur la tranche d'âge de la population qui devra être vaccinée ».

A Gaza, le séquençage génomique a montré des liens génétiques avec le virus qui a été détecté pour la dernière fois en Égypte lors d'échantillons prélevés en décembre 2023. « Sur la base de l'analyse des changements génétiques dans les isolats, le variant du poliovirus pourrait avoir été introduite à Gaza dès septembre 2023 », a ajouté le Dr Saberkov, rappelant toutefois qu'à l'heure actuelle, aucun cas de paralysie associé n'a été détecté.

UN News/Ziad Taleb
Une personne déplacée à Gaza se tient au milieu d'un tas d'ordures, implorant de l'aide.

L'OMS informe l'Égypte, la Jordanie et Israël

Cependant, la surveillance de la paralysie flasque aiguë (PFA) n'a pas fonctionné correctement et la surveillance environnementale a été suspendue depuis le 7 octobre 2023. C'est pourquoi, l'OMS a communiqué ces informations à tous les pays voisins, notamment l'Égypte, la Jordanie et Israël, par l'intermédiaire du mécanisme du règlement sanitaire international.

« Il appartient aux États membres de décider de la manière dont ils vont s'y prendre. Mais il est certain que l'équipe de lutte contre la polio qui travaille dans notre région fera tout son possible pour s'assurer que ces recommandations parviennent aux autorités sanitaires compétentes de leurs États membres, afin qu'elles puissent prendre une décision », a insisté le responsable de l'OMS.

D'autant qu'avec les dysfonctionnements d'un système de santé « paralysé », le manque d'eau et d'assainissement, les humanitaires redoutent d'avoir affaire à « un problème qui va être très difficile à résoudre ». « Il s'agit d'une situation très grave à laquelle nous pourrions être confrontés à Gaza et il se pourrait que davantage de personnes meurent de différentes maladies transmissibles que de maladies liées à des blessures », a prévenu le Dr Saberkov.

Nouvel appel aux dons de sang

Par ailleurs, les ordres fréquents d'évacuation et les hostilités en cours détruisent encore plus le système de santé à Gaza, rendant de plus en plus difficile pour les gens, qui ont fui plusieurs fois, d'accéder à des services essentiels. Le complexe médical Nasser fait ainsi face à un nouvel afflux massif de blessés, dans un contexte de manque cruel d'unités de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux, a détaillé l'OCHA.

Face à l'afflux de blessés, ce centre hospitalier a lancé un nouvel appel aux dons de sang. Des informations indiquent que rien qu'aujourd'hui le complexe a reçu des dizaines de victimes. « Selon les données du ministère de la santé, le complexe médical Nasser a reçu 70 morts et environ 200 blessés. 40 blessés ont également été transportés à Al Aqsa, hôpital à pleine capacité », a détaillé de son côté l'OMS.

D'une manière générale, l'OMS rappelle que les hôpitaux sont débordés dans l'enclave palestinienne. Or seuls 16 sur 36 hôpitaux sont partiellement fonctionnels, avec une capacité de 15.00 lits d'hospitalisation, en baisse par rapport aux 3.500 lits d'avant la guerre.

En outre 8 sur 10 hôpitaux de campagne restent fonctionnels, soit 4 partiellement et 4 autres totalement. Dans le même temps, seuls 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont encore fonctionnels.

Près de 14.000 patients attendent d'être évacués de Gaza

Ces informations interviennent alors que les évacuations médicales hors de Gaza restent largement suspendues depuis la fermeture du point de passage de Rafah. L'OMS est d'ailleurs revenu sur la situation des enfants, qui ont été évacués plusieurs mois avant la fermeture de Rafah.

16 enfants et 25 accompagnateurs évacués par le Fonds de secours aux enfants palestiniens (PCRF) de Gaza vers l'Égypte seront transférés vers l'Espagne le 25 juillet. Il s'agit de 13 mineurs blessés, d'un patient atteint d'un cancer et de deux autres souffrant d'une maladie cardiaque chronique.

Toutefois, le nombre de personnes devant être évacuées du territoire pour recevoir des soins médicaux pourrait s'élever à 14.000 patients.