Amnesty International France

10/15/2024 | Press release | Distributed by Public on 10/14/2024 19:09

Véhicules électriques. Un nouveau classement de constructeurs de véhicules électriques établi par Amnesty International dévoile les entreprises en retard

Bien qu'une transition rapide des véhicules alimentés par les énergies fossiles vers les véhicules électriques soit nécessaire de toute urgence pour accélérer la décarbonation et contribuer à réduire le rythme de la hausse des températures mondiales, elle a également un coût caché.

« L'extraction minière de minerais utilisés pour les véhicules électriques peut entraîner de graves risques pour les populations et l'environnement. Les recherches précédentes d'Amnesty International ont démontré que l'extraction industrielle de cobalt a entraîné des expulsions forcées en République démocratique du Congo. Les entreprises automobiles doivent user de leurs vastes moyens de pression en tant qu'acheteuses mondiales de minerais pour influencer les entreprises minières et les fonderies en amont, afin de les pousser à atténuer ces risques en matière de droits humains », a déclaré Agnès Callamard.

Concernant la cartographie des chaînes d'approvisionnement, des entreprises telles que BYD, Geely Auto, Hyundai, General Motors et Mitsubishi ont obtenu les scores les plus faibles, ne fournissant pas d'informations détaillées sur leurs chaînes d'approvisionnement. BYD ne révèle en outre pas les noms de ses fonderies, raffineries ou mines. Geely Auto ne fournit que des localisations générales de ses fournisseurs, sans préciser les sites d'extraction minière.

Hyundai et Mitsubishi Motors ont fait montre d'un manque de transparence similaire, ne fournissant pas d'éléments attestant d'une cartographie exhaustive de la chaîne d'approvisionnement ou d'une identification des sites miniers pour le cobalt, le cuivre, le lithium et le nickel, ce qui entrave la capacité des parties intéressées à déterminer comment ces activités affectent les populations avoisinantes.

Toutes les entreprises, y compris celles intervenant dans la chaîne d'approvisionnement des batteries de véhicules électriques, ont l'obligation de respecter tous les droits humains, où qu'elles mènent leurs activités. Pour respecter leurs obligations en matière de droits humains, telles que prévues par les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme (Principes directeurs des Nations unies), elles doivent s'acquitter de leur devoir de diligence en matière de droits humains afin d'identifier, prévenir et atténuer les incidences négatives sur les droits humains dont elles sont responsables, auxquelles elles contribuent ou qui peuvent découler directement de leurs activités, produits ou services, et rendre compte des mesures qu'elles prennent pour remédier à ces incidences.

Si certaines des entreprises évaluées ont pris des mesures positives en vue de reconnaître leurs responsabilités en matière de droits humains et de mettre leurs politiques en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains, il reste toutefois encore beaucoup à faire. Par exemple, bien que BMW, Ford, Mercedes-Benz, Stellantis, Tesla et le groupe VW soient parmi les entreprises ayant obtenu les scores les plus élevés, elles pourraient faire plus pour démontrer comment elles mettent réellement en œuvre leurs politiques, en répondant aux risques en matière de droits humains et en fournissant des réparations aux personnes touchées.

Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de veiller à ce que les véhicules électriques ne laissent pas un héritage d'atteintes aux droits humains, et à ce que le secteur soit le moteur d'une transition énergétique juste qui ne laisse personne de côté.

Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International

« Alors que la transition vers les véhicules électriques prend de l'ampleur, renforce la concurrence mondiale et permet des bénéfices énormes, Amnesty International appelle les constructeurs automobiles à améliorer leurs pratiques de diligence requise en matière de droits humains et à les mettre en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains », a déclaré Agnès Callamard. « Nous appelons également les gouvernements à renforcer leurs propres réglementations relatives au devoir de diligence en matière de droits humains concernant les entreprises enregistrées sur leur territoire ou leurs licences d'exportation ou d'importation. »

« Les entreprises à la traîne doivent faire plus et plus vite pour montrer que les droits humains ne sont pas seulement un joli concept, mais une question qu'elles prennent au sérieux. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de veiller à ce que les véhicules électriques ne laissent pas un héritage d'atteintes aux droits humains, et à ce que le secteur soit le moteur d'une transition énergétique juste qui ne laisse personne de côté. »