10/31/2024 | News release | Distributed by Public on 10/31/2024 10:26
Les projets de loi, approuvés à une écrasante majorité par les parlementaires israéliens (92 pour, 10 contre) lundi, interdiraient aux autorités du pays tout contact avec l'UNRWA et interdiraient à l'agence d'opérer en Israël même.
Le passage de l'aide à Gaza et en Cisjordanie nécessite une étroite coordination entre l'UNRWA et les autorités israéliennes. Si la législation est mise en œuvre, Israël ne délivrera plus de permis de travail ou d'entrée au personnel de l'agence, et la coordination avec l'armée israélienne, essentielle pour le passage sûr de l'aide, ne sera plus possible.
Les responsables politiques israéliens critiquent depuis longtemps l'UNRWA, certains affirmant que des membres de l'agence sont de connivence avec le Hamas. Ces accusations, démenties par l'agence, se sont intensifiées depuis les attaques menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre, au cours desquelles plus de 1.130 personnes ont été tuées.
Ces derniers mois, plusieurs hauts responsables du gouvernement israélien ont dénoncé l'UNRWA, un ancien ambassadeur ayant décrit l'agence comme « une organisation palestinienne entièrement vouée à la destruction de l'État juif ». La veille du vote, l'un des responsables politiques à l'origine des projets de loi aurait déclaré que l'UNRWA « enseigne aux enfants à haïr Israël et propage l'antisémitisme ».
Cependant, une étude indépendante de l'ONU en avril a confirmé l'engagement de longue date de l'UNRWA à respecter le principe humanitaire de neutralité et a conclu que l'agence avait une approche de la neutralité plus développée que des entités similaires de l'ONU ou des ONG.
Lors d'une réunion d'information au Conseil de sécurité ce mois-là, le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a expliqué que l'agence était la « colonne vertébrale » de toute l'opération d'aide à Gaza, face à une « campagne insidieuse » des autorités israéliennes visant à la chasser des territoires palestiniens occupés.
L'UNRWA a été créée peu après la création des Nations Unies par la résolution 302 (IV) de l'Assemblée générale, au lendemain de la guerre israélo-arabe de 1948, pour fournir des « programmes de secours et de travaux directs » aux réfugiés palestiniens enregistrés, définis comme « les personnes dont le lieu de résidence habituel était la Palestine pendant la période du 1er juin 1946 au 15 mai 1948, et qui ont perdu à la fois leur maison et leurs moyens de subsistance à la suite de la guerre de 1948 ».
Depuis des décennies, l'agence fournit des services humanitaires essentiels aux réfugiés palestiniens dans les zones contrôlées par Israël, notamment dans les territoires palestiniens occupés (la Cisjordanie et la bande de Gaza). Il s'agit notamment de centres de santé, d'écoles et de centres de formation professionnelle.
La réaction du système des Nations Unies à ces projets de loi a été rapide et sans équivoque. Lorsque la nouvelle a été annoncée lundi, plusieurs des plus hauts responsables de l'ONU, y compris le Secrétaire général, António Guterres, ont condamné la décision.
M. Guterres a souligné le rôle central que joue l'UNRWA dans la fourniture de l'aide et a déclaré que l'interdiction effective aurait des « conséquences dévastatrices ». La cheffe par intérim du Bureau de coordination de l'aide de l'ONU, Joyce Msuya, a qualifié la décision de « dangereuse et scandaleuse », tandis que M. Lazzarini a déclaré que les projets de loi « augmenteront les souffrances des Palestiniens et ne sont rien de moins qu'une punition collective ».
La condamnation s'est poursuivie mardi, un porte-parole du Bureau des droits de l'homme de l'ONU (HCDH), Jeremy Laurence, déclarant que les livraisons d'aide « s'arrêteraient » sans l'UNRWA, et le chef de la santé mondiale, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qualifiant cette évolution d'« intolérable ». La cheffe de l'UNICEF, Catherine Russell, a également rappelé que l'UNRWA était essentielle pour fournir une aide vitale aux enfants et aux familles palestiniens. « Cette décision est dangereuse. La vie et l'avenir des enfants palestiniens sont en jeu », tandis que James Elder, un employé de l'UNICEF dans la région, a dénoncé la décision en déclarant qu'« une nouvelle façon a été trouvée de tuer des enfants ».
Après l'annonce, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), Jens Laerke, a insisté sur le fait que l'ONU essayait de « ne pas mettre en œuvre » la décision de la Knesset, citant la vague de protestations non seulement de l'ONU, mais aussi de « hauts responsables du gouvernement… et de chefs d'État ».
M. Guterres a informé le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies qu'il avait écrit une lettre au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, appelant son gouvernement à continuer de permettre à l'UNRWA de fonctionner et à respecter les obligations d'Israël en vertu du droit international.
Et, mercredi, les membres du Conseil de sécurité ont publié collectivement une déclaration mettant en garde contre toute tentative de démanteler ou de réduire les opérations et le mandat de l'UNRWA, exprimant leur grave préoccupation face à l'adoption de la législation et notant leur appréciation du travail des membres du personnel de l'agence.
Si la procédure concernant ces lois se poursuit sans entrave, elles entreront en vigueur dans les 90 jours suivant leur adoption.