Université Laval

12/20/2023 | News release | Distributed by Public on 12/20/2023 08:34

La réalité augmentée peut réduire l'anxiété préopératoire chez les enfants

Une jeune patiente en attente de chirurgie fait l'essai de l'intervention EQUOO créée au CHU de Québec - Université Laval.

- Cindy Chamberland

Les personnes qui doivent subir une chirurgie sous anesthésie générale ressentent souvent un stress considérable dans les minutes qui précèdent l'opération. Cette situation est encore plus problématique chez les jeunes enfants parce qu'ils sont moins bien outillés pour comprendre ce qui se passe et parce qu'ils sont séparés de leurs parents au moment d'entrer en salle d'opération. Heureusement, il y aurait moyen d'alléger substantiellement l'anxiété de ces jeunes patients en recourant à une intervention reposant sur la réalité augmentée, démontre une équipe de l'Université Laval dans une étude publiée par la revue scientifique Pediatric Anesthesia.

L'intervention testée par les chercheurs a été mise au point au CHU de Québec - Université Laval par le chargé de projet Martin Thibodeau. «Grâce à des lunettes de réalité augmentée, l'enfant interagit avec deux personnages virtuels - EQUOO et Constellation - qui le guident dans des exercices de respiration et de relaxation. De plus, ces personnages accompagnent l'enfant jusque dans la salle d'opération et lui font découvrir leur univers fantastique, ce qui lui apporte une forme de soutien moral», explique la première auteure de l'étude, Cindy Chamberland, de l'École de psychologie.

L'équipe de recherche, formée de personnes rattachées au Laboratoire Co-DOT de l'École de psychologie, à la Faculté de médecine et au Centre de recherche du CHU de Québec - Université Laval, a testé l'efficacité de cette intervention auprès de 37 patients âgés de 5 à 17 ans. Ces jeunes devaient subir une chirurgie d'un jour, impliquant une anesthésie générale, au Centre mère-enfant du CHU de Québec - Université Laval.

Les chercheurs ont mesuré une première fois le stress ressenti par ces patients au moment de leur admission à l'hôpital, le jour de la chirurgie. Par la suite, ces jeunes ont eu droit à l'intervention de réalité augmentée. Une seconde évaluation de leur niveau d'anxiété a eu lieu subséquemment, dans la salle d'opération, juste avant l'anesthésie. Pour fins de comparaison, les chercheurs ont effectué les mêmes mesures chez 64 jeunes qui n'avaient pas été soumis à l'intervention de réalité augmentée avant d'être opérés.

Résultats? Le pourcentage de jeunes chez qui l'anxiété a augmenté entre l'admission et le moment de l'anesthésie était de 22% dans le groupe réalité augmentée alors qu'il était de 45% dans le groupe témoin. Par ailleurs, au moment de l'anesthésie, le pourcentage de jeunes qui ressentaient un niveau élevé d'anxiété se situait à 16% dans le groupe de réalité augmentée alors qu'il atteignait 44% dans le groupe témoin. «La réalité augmentée et l'univers EQUOO se sont révélés efficaces pour réduire l'anxiété chez les jeunes patients en période préopératoire», résume le responsable de l'étude, Sébastien Tremblay, professeur à l'École de psychologie.

« L'Intervention enseigne à l'enfant des techniques de relaxation qui lui servent immédiatement à réduire son anxiété et qui pourront lui servir ultérieurement, dans sa vie quotidienne, à mieux gérer son stress. »

- Cindy Chamberland, au sujet de l'avantage de l'intervention EQUOO par rapport aux outils de réalité augmentée existants

Cette approche de réduction de l'anxiété préopératoire est maintenant couramment utilisée dans certaines unités du CHU de Québec - Université Laval. Jusqu'à présent, plus de 300 enfants ont profité de l'intervention. «Les autres outils de réalité augmentée ou de réalité virtuelle développés pour les enfants en attente d'une chirurgie cherchent surtout à distraire l'enfant, constate Cindy Chamberland. L'avantage de l'intervention EQUOO est qu'en plus de captiver l'enfant, elle lui enseigne des techniques de relaxation qui lui servent immédiatement à réduire son anxiété et qui pourront lui servir ultérieurement, dans sa vie quotidienne, à mieux gérer son stress.»

Les signataires de l'étude parue dans Pediatric Anesthesia sont Cindy Chamberland, Myriam Bransi, Ariane Boivin, Sandra Jacques, Joël Gagnon et Sébastien Tremblay.