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12/04/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/04/2024 02:12

Joël Pamart, ancien mineur : 'La Sainte-Barbe, c'était un jour sacré'

Culture |Tout le département
4 décembre 2024

Joël Pamart, ancien mineur : "La Sainte-Barbe, c'était un jour sacré"

Chaque année, le 4 décembre, le Nord célèbre la Sainte-Barbe. Patronne des pompiers, elle est aussi celle des mineurs et par extension, celle de tous les métiers liés au feu. Joël Pamart, ancien mineur et ex-intervenant au centre historique minier de Lewarde, partage ses souvenirs.

Qu'est-ce que la Sainte-Barbe ?

Joël Pamart : Sainte Barbe a vécu au 3e siècle de notre ère. La légende raconte qu'elle a été torturée et décapitée par son père pour avoir refusé d'abjurer sa foi chrétienne. Ce dernier fut aussitôt frappé par la foudre céleste et réduit en poussière. Sainte-Barbe est censée protéger de la mort subite, ce qui ne permettait pas de recevoir les derniers sacrements. Elle protège donc les mineurs du feu et des explosions, notamment les fameux coups de grisou.

Que représente cette fête pour les mineurs ?

J.P : Comme vous le dites, il s'agit d'abord d'une grande fête avec des défilés et dans chaque commune minière, dans chaque bassin minier de France, de grands rassemblements accompagnés par les harmonies municipales. Avant, il y avait aussi la messe avec des prières pour les morts, nos camarades disparus, et une minute de silence en leur honneur. C'était un jour sacré pour nous tous.

Comment se passaient les festivités à la mine ?

J.P : Entre mineurs, au fond de la mine, on fêtait la Sainte-Barbe la veille, le 3 décembre. Exceptionnellement, on arrêtait de travailler une heure plus tôt pour se retrouver. Chacun avait ramené de quoi manger et, là encore à titre exceptionnel, on pouvait boire de l'alcool, c'était toléré juste ce jour-là ! Ensuite, on remontait à la surface et on finissait la soirée dans les estaminets, qui étaient nombreux l'époque. Ils étaient d'ailleurs ouverts 24h sur 24, car les mineurs faisaient les 3-8.

Et dans les familles ?

J.P : Le 4 décembre, on fêtait la Sainte-Barbe en famille. Tout le monde était là. Quand j'étais gamin, on louait une grande salle. On était dans notre communauté, celle des Chtis. C'était à la fin des années 60. Mon père, mort de silicose, était ténor. Il chantait accompagné de musiciens, dont moi. J'étais trompettiste ce qui n'était pas facile car après avoir respiré de la poussière de charbon pendant des années, le souffle est plus court. J'ai d'ailleurs légué ma trompette au Centre historique minier.

Quel est votre meilleur souvenir de Sainte-Barbe ?

J.P : Entre camarades au fond de la mine ! On parlait alors de tout. C'était une fête intime entre nous. Mais j'ai aussi un terrible souvenir. J'ai été victime d'un coup de grisou quand je travaillais en Moselle quelques mois avant la Sainte-Barbe… Une fois revenu dans le Nord, je suis retourné au fond !

Avec la disparition des mineurs, ne craignez-vous pas que la Sainte-Barbe disparaisse ?

J.P : J'ai peur en effet que cette fête disparaisse progressivement. La tradition se perd. Cependant, les jeunes, notamment à Lewarde, perpétuent la tradition. On fait un repas ensemble. Restent les pompiers pour qui la Sainte-Barbe est importante aussi. Ils se joignent souvent à nous pour la fêter.

L'intelligence artificielle au service de la mémoire

Si vous fréquentez régulièrement le centre historique minier de Lewarde, vous n'avez pas pu rater Daniel Francke, Yvon Boidin ou encore Joël Pamart, trois anciens mineurs qui intervenaient régulièrement sur le site pour évoquer leur métier. Pour pallier leur récent départ à la retraite, le CHM a imaginé un dispositif immersif qui vous permet désormais de profiter encore de leurs témoignages. Dans une pièce dédiée, vous leur faites face, séparé par un écran, avec une tablette interactive à proximité grâce à laquelle vous les questionner sur leur histoire. L'IA sélectionne ensuite, en fonction des mots-clés reconnus, les réponses apportées de la bouche même de ces mineurs. Tous les sujets autour de leur quotidien et de leurs conditions de travail, sont abordés ! Au total, 150 questions, 450 vidéos et 50 heures d'enregistrement alimentent votre curiosité.

Crédits photo : Arnaud Raes