Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

10/18/2024 | Press release | Distributed by Public on 10/18/2024 10:58

Guinée Mali Extrait du point presse (18 octobre 2024)

Q - J'ai deux questions pour vous. La première concerne le Mali. Vous savez que le 17 septembre dernier, il y a eu une attaque terroriste sur Bamako qui a été perpétrée par une filiale d'Al-Qaïda. Il y a eu une lettre de l'ambassade de France, qui a présenté ses condoléances au gouvernement malien, mais il n'y a pas eu de condamnation en tant que telle. Donc est-ce que la France condamne formellement les attaques terroristes qu'il y a eu contre Bamako en septembre dernier ? Et ça fait un peu écho aux propos qu'a tenus le chef d'état-major de l'armée française Thierry Burkhard en audition à l'Assemblée nationale, qui avait dit que la France n'a pas vraiment de camp ami au Mali et que finalement, elle ne faisait pas de choix entre les djihadistes et le régime malien, fût-il critiquable.

Et ma deuxième question concerne la Guinée. Vous savez sans doute que le 9 juillet dernier, deux leaders de la société civile, Foniké Menguè et Billo Bah, ont été arrêtés à leurs domiciles et enlevés par les forces spéciales du général Mamadi Doumbouya. On est sans nouvelles d'eux, depuis lors. Et c'était effectivement des leaders de la société civile qui étaient reconnus à l'international. J'en parle avec beaucoup de gravité parce que, à titre personnel, c'était aussi des amis. Il y a eu des condamnations de toutes parts : de la Grande-Bretagne, des États-Unis, de l'ONU… Mais la France est restée silencieuse. Alors on sait que la France a un lien particulier, soutient la junte de Mamadi Doumbouya, financièrement, diplomatiquement, économiquement. Il y a un proche d'Emmanuel Macron qui a gagné un contrat de 25 millions d'euros pour surveiller les rues de Conakry. Mais ce silence fait beaucoup parler en Afrique, et beaucoup disent que cela fait en sorte que la France foule du pied ses principes. Alors est-ce que pour la première fois, on pourrait avoir une réaction de la France vis-à-vis de l'enlèvement et de la disparition de Billo Bah et Foniké Menguè ? D'autant que les informations qui nous remontent laissent à penser qu'ils sont morts sous la torture. Et quelles conséquences ces enlèvements, ces disparitions forcées peuvent avoir sur la relation entre la France et la Guinée, notamment la junte de Mamadi Doumbouya ?

R - Sur votre première question sur le Mali, il y a effectivement eu une note verbale de l'Ambassade qui a été remise aux autorités maliennes dès le lendemain de l'attaque. Une telle note d'Ambassade vaut réaction officielle, et ça a été transmis au ministère des Affaires étrangères malien. Évidemment, comme partout dans le monde, nous condamnons toujours les attaques terroristes, et c'est le message que nous avons envoyé aux autorités maliennes.

Sur la question des propos du chef d'état-major des armées à l'Assemblée nationale, je vous renvoie vers son porte-parole. Il ne me revient pas de commenter ce qu'a pu dire le chef d'état-major des armées.

Sur la Guinée, vous évoquez effectivement le cas de deux personnes, de deux leaders de la société civile, Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah. C'est une situation sur laquelle il y a une grande préoccupation de la France. C'est un sujet qui a été évoqué avec les autorités guinéennes. Et le message qui leur a été passé, c'est que toute la lumière doit être faite sur les circonstances de leur disparition et que toutes les réponses soient apportées, notamment aux inquiétudes absolument légitimes des familles et des proches. Nous entretenons toujours un dialogue exigeant avec la Guinée, et dans le cadre de ce dialogue exigeant, bien évidemment, le cas de ces deux personnes a été évoqué. Ce sont les seules indications que je peux vous donner. Mais encore une fois, c'est un sujet sur lequel nous avons une préoccupation constante.

Q - Merci de votre réponse et de l'avoir dit. Mais est-ce que… Vous savez qu'il y a une enquête qui a été ouverte par la justice guinéenne ; sauf qu'évidemment, il y a un peu un problème de juge et partie de la part de la junte guinéenne. Donc est-ce que vous soutiendriez éventuellement l'ouverture, par exemple, d'une commission d'enquête internationale ?

R - Pour le moment, nous sommes dans la situation où il y a effectivement une enquête qui a été ouverte par la justice guinéenne. Nous sommes dans le plein respect des institutions guinéennes, donc nous laissons la justice guinéenne faire son oeuvre. Encore une fois, je vous le dis, cela a été mentionné avec les autorités guinéennes. Nous sommes très préoccupés par la disparition de ces deux leaders. Nous attendons d'avoir les résultats de l'enquête, et nous attendons de voir comment la situation évolue, et de savoir s'il y a eu un résultat à l'enquête, et de savoir comment on pourra ensuite avancer. Mais c'est une préoccupation que nous avons, et ce n'est pas un sujet qui est ignoré dans les relations entre la France et la Guinée.

Q - Il y a une plainte en France, par ailleurs, sur la disparition…

R - Oui, précisément. Donc c'est pour ça qu'à partir du moment où la justice est saisie de la chose, on ne commente pas. On attend de voir quelles seront les résultats de ces procédures judiciaires.