UNHCR - Office of the United Nations High Commissioner for Refugees

09/12/2024 | Press release | Distributed by Public on 09/12/2024 07:07

Après avoir vécu une tragédie, une mère soudanaise fuit vers la Libye dans des conditions périlleuses

Tahani Hamid, 35 ans, se souvient de son ancienne vie de femme au foyer dans la région du Darfour, au Soudan, comme d'une vie paisible et heureuse, où elle s'occupait de ses trois jeunes enfants et préparait les repas pour eux et son mari policier. Mais lorsque la rivalité entre deux factions militaires soudanaises a éclaté en un véritable conflit en avril de l'année dernière, une série de calamités a brisé cette vie tranquille, la changeant à jamais.

Tahani Hamid, 35 ans, se souvient de son ancienne vie de femme au foyer dans la région du Darfour, au Soudan, comme d'une vie paisible et heureuse, où elle s'occupait de ses trois jeunes enfants et préparait les repas pour eux et son mari policier. Mais lorsque la rivalité entre deux factions militaires soudanaises a éclaté en un véritable conflit en avril de l'année dernière, une série de calamités a brisé cette vie tranquille, la changeant à jamais.

Dans les semaines qui ont précédé le début du conflit, des escarmouches armées ont éclaté dans leur quartier de Neyala et une balle perdue a percé le toit métallique de leur maison en briques de terre, atteignant Tahani Hamid juste au-dessus du coude gauche. Elle a été transportée d'urgence à l'hôpital et a subi une intervention chirurgicale. Pensant que le pire était passé, la famille est rentrée chez elle, mais la tragédie a mis un terme brutal à leur optimisme.

En juillet, des miliciens armés sont entrés dans leur maison pour arrêter le mari de Tahani. Lorsqu'elle a tenté de le défendre, elle a été frappée par la crosse d'un fusil automatique, ce qui l'a grièvement blessée. Son mari a été ligoté et emmené et Tahani ne l'a pas revu depuis. Elle ne sait pas s'il est encore en vie.

Un mois plus tard, en août, l'impensable s'est produit. Alors que Tahani faisait ses courses au marché local, une explosion a retenti dans l'air du matin. Quelques minutes plus tard, un voisin s'est précipité vers elle et lui a annoncé que sa maison avait été touchée. Ses filles jumelles et leur grand-mère qui s'occupait d'elles avaient toutes trois été tuées. Elle s'est effondrée et s'est réveillée le lendemain à l'hôpital en réalisant que son pire cauchemar était devenu réalité.

Malgré son chagrin, Tahani devait encore protéger son fils Emad, âgé de 18 mois. Elle a décidé de fuir en Libye avec lui et un cousin. La Libye a des liens historiques avec le Soudan et, avant le début du conflit, elle abritait plus de 130 000 Soudanais (lien en anglais). Néanmoins, le long voyage à travers le désert risquait d'être plein de dangers. « Je n'avais pas le choix », explique Tahani. « J'avais trop peur qu'ils s'en prennent à moi aussi. »

Périple dangereux

Après avoir payé un prix élevé pour le transport jusqu'à Koufra, la première grande ville libyenne de l'autre côté de la frontière, la mère et le fils ont failli perdre la vie à cause d'une crevaison survenue en cours de route, ce qui n'est normalement qu'un incident mineur. Laissant le pick-up et ses passagers bloqués au milieu du désert, le conducteur a pris un autre véhicule pour repasser la frontière vers le Soudan à la recherche d'un pneu de rechange.

« Il lui a fallu trois jours entiers pour revenir. Lorsqu'il est arrivé, nous avions déjà épuisé toutes nos réserves d'eau et de nourriture », raconte Tahani. « Nous étions dans une situation vraiment très, très difficile. Beaucoup de passagers se sont évanouis parce que nous n'avions rien à boire. À ce moment-là, je me suis dit : moi aussi, je vais mourir ici. »

Le voyage entre le Soudan et la Libye est bien connu pour ses dangers. Des camions pick-up effectuent le trajet de trois jours à travers le désert, souvent sous une chaleur accablante, avec des passagers entassés à l'arrière. Les cadavres qui jalonnent la route sont un rappel brutal du fait que tous ceux qui tombent sont abandonnés sur place.

« Malgré tout, ce voyage valait mieux que de rester au Soudan », insiste Tahani.

Près de 100 000 réfugiés soudanais sont arrivés en Libye depuis le début de la guerre, d'après les estimations du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. La majorité d'entre eux ont emprunté le même itinéraire que Tahani pour se rendre à Koufra depuis la région du Darfour ou la capitale, Khartoum.

Une sécurité précaire

Après leur arrivée à Koufra, Tahani et son cousin se sont procuré de l'argent pour la suite du voyage jusqu'à Tripoli. Sans domicile fixe pendant plusieurs semaines à leur arrivée, ils ont été accueillis par une famille soudanaise qui vivait dans la capitale depuis plus de 20 ans.

« Ils m'ont aidée à trouver un emploi, un logement et à subvenir à nos besoins alimentaires », raconte Tahani. Alors qu'elle se remettait enfin sur pied, Emad est tombé malade et a dû être hospitalisé. Bien que son traitement soit gratuit, Tahani n'avait pas les moyens de payer ses médicaments.

Tahani a reçu une aide en espèces du HCR qui l'a aidée à rembourser sa dette à la famille soudanaise qui l'hébergeait avec son fils à Tripoli.

© HCR/Sanne Biesmans

La famille lui a avancé l'argent, mais ils avaient eux aussi des difficultés financières. Elle leur a promis de rembourser sa dette sans savoir où elle trouverait l'argent. Un soutien financier fourni par le HCR lui a finalement permis de les rembourser. Le HCR fournit des aides d'urgence en espèces à certains des réfugiés les plus vulnérables en Libye.

Tahani a économisé le reste de l'argent pour payer le loyer de l'appartement qu'elle partage désormais avec deux autres familles de réfugiés. Comme de nombreux réfugiés en Libye, elle espère trouver enfin un endroit plus sûr pour se sentir chez elle.

Le HCR s'efforce d'offrir aux réfugiés des solutions à long terme telles que la réinstallation, la réunification familiale ou des évacuations depuis la Libye. Depuis le début de l'année, 650 réfugiés ont quitté le pays par ces voies, mais avec 65 000 réfugiés enregistrés, les besoins dépassent largement les possibilités.

Si Tahani a réussi à fuir le Soudan et à atteindre une relative sécurité, elle portera les cicatrices physiques et psychologiques du conflit jusqu'à la fin de sa vie. Son seul rêve aujourd'hui est de protéger son fils - le seul membre de sa famille qui lui reste - et de lui donner la chance d'un avenir meilleur.

« Je cherche juste un endroit sûr, peu importe où. »