12/11/2024 | Press release | Distributed by Public on 12/10/2024 23:40
Selon de nouvelles estimations publiées aujourd'hui, environ 846 millions de personnes âgées de 15 à 49 ans, soit plus d'une sur cinq appartenant à cette tranche d'âge dans le monde, sont atteintes d'un herpès génital. Au moins une personne par seconde, soit 42 millions de personnes par an, contracte un herpès génital.
La plupart du temps, ces infections sont peu symptomatiques, voire asymptomatiques. Cependant, chez certaines personnes, elles entraînent des lésions douloureuses et des cloques dans la sphère génitale qui peuvent récidiver tout au long de la vie, causant un inconfort important et nécessitant souvent plusieurs consultations pour des soins. Selon les estimations, plus de 200 millions de personnes âgées de 15 à 49 ans ont eu au moins un épisode symptomatique d'herpès génital en 2020.
Les auteurs et autrices de l'étude, publiée dans la revue Sexually Transmitted Infections, affirment que de nouveaux traitements et vaccins sont nécessaires pour atténuer les effets néfastes du virus de l'herpès sur la santé et maîtriser sa propagation.
« Alors que, dans la plupart des cas, l'herpès génital entraîne peu de symptômes, il reste douloureux et gênant pour des millions de personnes dans le monde et met à rude épreuve les systèmes de santé déjà surchargés, car les infections sont très nombreuses », a déclaré la Dre Meg Doherty, Directrice du Département Programmes mondiaux de lutte contre le VIH, l'hépatite et les infections sexuellement transmissibles de l'OMS. « Il est urgent de disposer de meilleurs outils de prévention et de traitement, non seulement pour réduire la transmission du virus de l'herpès, mais aussi pour contribuer à réduire la transmission du VIH », a-t-elle ajouté.
Il n'existe actuellement aucun remède contre l'herpès, bien que les traitements permettent de soulager les symptômes. Outre des lésions, l'herpès génital peut aussi entraîner occasionnellement de graves complications, notamment l'herpès néonatal - une maladie rare plus susceptible de survenir lorsque la mère contracte l'infection pour la première fois en fin de grossesse et transmet le virus au nouveau-né pendant l'accouchement.
Deux types de virus herpès simplex (HSV-1 et HSV-2) peuvent provoquer un herpès génital. Selon les estimations, en 2020, 520 millions de personnes avaient contracté un herpès génital dû au HSV-2, qui se transmet lors de rapports sexuels. Du point de vue de la santé publique, le HSV-2 génital a de plus graves conséquences puisqu'il est beaucoup plus susceptible de provoquer des épidémies récurrentes, qu'il est responsable d'environ 90 % des épisodes symptomatiques et qu'il est lié à un risque trois fois plus élevé de contracter le VIH.
Contrairement au HSV-2, le HSV-1 se propage principalement pendant l'enfance par la salive ou le contact peau à peau autour de la bouche et provoque un herpès buccal, dont les symptômes les plus courants sont les boutons de fièvre ou les ulcères buccaux. Cependant, les personnes qui n'ont jamais été infectées par le HSV-1 peuvent le contracter par contact sexuel et présenter alors une infection génitale à l'adolescence ou à l'âge adulte. On estime que 376 millions de personnes ont eu des infections génitales à HSV-1 en 2020, dont 50 millions ont également eu une infection à HSV-2, car il est possible de contracter les deux sérotypes du virus en même temps.
Bien que les estimations de 2020 ne montrent pratiquement aucune évolution de la prévalence des infections génitales à HSV-2 par rapport à 2016, le nombre d'infections génitales à HSV-1 est lui plus élevé. Au cours des dernières années, plusieurs pays ont observé que les modes de transmission du HSV-1 ont changé, les infections génitales chez l'adulte augmentant à mesure que les infections buccales chez l'enfant diminuent. Le recul de la propagation orale pendant l'enfance peut être lié à des facteurs tels qu'un moindre surpeuplement et une meilleure hygiène, ce qui augmente ensuite la sensibilité au virus à l'âge adulte. Les auteurs et autrices notent que cette augmentation peut aussi être due en partie à des modifications des méthodes et à l'existence de sources de données supplémentaires.
« Bien qu'il touche des millions de personnes dans le monde, l'herpès génital est trop peu étudié en raison de la stigmatisation qui l'entoure. On n'a pas fait assez pour lutter contre cette infection courante », a déclaré le Dr Sami Gottlieb, auteur du rapport et médecin au sein du Département Santé sexuelle et reproductive, et recherche, de l'OMS, dont fait partie le Programme spécial PNUD/FNUAP/UNICEF/OMS/Banque mondiale de recherche, de développement et de formation à la recherche en reproduction humaine (HRP). « L'élargissement des travaux de recherche et des investissements pour la mise au point de nouveaux vaccins et traitements contre l'herpès, ainsi que pour leur utilisation équitable, pourrait jouer un rôle essentiel dans l'amélioration de la qualité de vie des populations du monde entier », a-t-il ajouté.
Bien qu'ils ne permettent pas totalement d'enrayer la propagation du virus, les préservatifs, utilisés correctement et régulièrement, réduisent les risques de transmission de l'herpès. Les personnes atteintes d'herpès génital symptomatique doivent éviter tout contact sexuel, car l'herpès est particulièrement contagieux en présence de lésions. L'OMS recommande de proposer aux personnes présentant des symptômes d'herpès génital un dépistage du VIH et, si nécessaire, une prophylaxie préexposition pour prévenir l'infection à VIH.
Conformément à ses Stratégies mondiales du secteur de la santé contre, respectivement, le VIH, l'hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030, l'OMS s'efforce de mieux faire connaître l'herpès génital et les symptômes qui y sont associés, d'améliorer l'accès aux médicaments antiviraux et de promouvoir les efforts de prévention de l'infection à VIH. Elle s'efforce également de faire progresser la recherche-développement de nouveaux outils de prévention et de lutte contre l'herpès, tels que des vaccins, des traitements et des microbicides topiques.
Cette année, une nouvelle étude a montré que l'herpès génital a non seulement des conséquences importantes sur la santé, mais aussi des coûts économiques non négligeables - qui s'élèvent à environ 35 milliards de dollars des États-Unis (USD) par an dans le monde - en raison des dépenses de santé et de la perte de productivité.
L'étude, intitulée Estimated global and regional incidence and prevalence of herpes virus infections and genital ulcer disease in 2020: Mathematical modeling analyses, actualise les estimations établies par l'OMS en 2012 et en 2016. Elle a été rédigée par des experts et des expertes de l'OMS, de HRP, du Centre collaborateur de l'OMS pour l'analyse épidémiologique du VIH/sida, des infections sexuellement transmissibles et de l'hépatite virale à Weill Cornell Medicine-Qatar et à l'Université de Bristol.
L'étude comporte une estimation de la prévalence et de l'incidence de l'infection génitale à HSV et de l'ulcère génital lié au HSV en 2020 dans le monde et par Région, sur la base de revues systématiques et de méta-analyses complètes de la prévalence du HSV-1 et du HSV-2 pour toutes les Régions de l'OMS.