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29/08/2024 | News release | Distributed by Public on 29/08/2024 18:48

Cisjordanie : Guterres demande l’arrêt immédiat des frappes israéliennes

Alors que la crise en Cisjordanie continue de s'aggraver parallèlement à la guerre dans la bande de Gaza, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a appelé à une « cessation immédiate » des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien occupé.

Cet appel a été lancé alors que les Forces de sécurité israéliennes (FSI) mènent en Cisjordanie l'une des plus vastes opérations depuis des années, avec des frappes aériennes et des attaques de drones qui, jeudi, avaient tué 17 personnes, selon les médias palestiniens.

Les FSI justifient ces opérations par la lutte contre le terrorisme.

Dans un communiqué publié mercredi soir, le porte-parole du chef de l'ONU a déclaré que celui-ci était profondément préoccupé par les frappes aériennes dans les gouvernorats de Tulkarem et de Tubas, qui ont fait des victimes et endommagé des infrastructures publiques.

Le Secrétaire général de l'ONU a également condamné fermement les pertes de vies humaines, y compris celles d'enfants.

L'Autorité palestinienne fragilisée

Dans son appel à la cessation des violences en Cisjordanie, le chef de l'ONU a affirmé que ces derniers « développements dangereux » alimentent une situation « déjà explosive » en Cisjordanie occupée et « fragilisent encore davantage l'Autorité palestinienne » dans cette région.

Il a également appelé au maintien du « statu quo » sur les lieux saints de Jérusalem, tout en exprimant sa profonde inquiétude face aux « récents actes et déclarations dangereux et provocateurs » du ministre israélien de la Sécurité nationale, après sa récente visite à la mosquée Al-Aqsa, connue par les juifs sous le nom de Mont du Temple.

L'armée israélienne doit également respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire, a insisté M. Guterres, qui a exhorté Israël « à protéger les civils et à assurer leur sécurité [et] à faire preuve de la plus grande retenue et à ne recourir à la force meurtrière que lorsque c'est strictement inévitable ».

En outre, toutes les personnes blessées lors des manœuvres israéliennes « doivent avoir accès à des soins médicaux », tandis que les équipes d'aide doivent être en mesure d'atteindre toutes les personnes dans le besoin, a-t-il déclaré.

Mercredi, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH), a averti que les actions de l'armée israélienne en Cisjordanie risquaient d'enflammer davantage une « situation déjà explosive ».

Une réunion du Conseil de sécurité sur l'escalade de la crise a été convoquée à la hâte à New York plus tard dans la journée de jeudi, à la demande du Royaume-Uni.

L'UNRWA poursuit ses activités à Gaza, malgré les ordres d'évacuation

© UNRWA
Beaucoup d'habitants de Gaza vivent dans des abris temporaires en raison du conflit.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) entend poursuivre ses opérations humanitaires dans la bande de Gaza, malgré le nombre croissant d'ordres d'évacuation.

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Dans un message sur le réseau social X, l'agence onusienne note que ses opérations se sont « poursuivies aujourd'hui et se poursuivront demain », tant que la situation à l'intérieur de l'enclave palestinienne leur permettra de continuer.

Cette précision intervient au lendemain de la décision du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM), qui a annoncé mercredi la suspension « jusqu'à nouvel ordre des mouvements de son personnel à Gaza après que l'un de ses véhicules a été touché par des tirs israéliens ».

Selon Sam Rose, Directeur de la planification de l'UNRWA, les humanitaires sont confrontés à un « environnement de plus en plus difficile » alors qu'ils sont engagés dans une course contre la montre pour lancer à la fin du mois un programme crucial de vaccination contre la polio, qui est nécessaire pour contenir la maladie qui menace de se répandre dans la région.

Manque d'eau, de soins de santé et d'accès humanitaire

Sam Rose indique que plus de 3.000 agents de santé, dont plus de 1.000 de l'UNRWA, entameront normalement ce samedi une campagne de vaccination clé contre la polio. Sur le terrain, les équipes s'attachent désormais à faire de ce rendez-vous sanitaire un succès.

« Les vaccins sont arrivés. Nous appelons au calme. Nous appelons à des pauses humanitaires qui permettront aux programmes de vaccination de se dérouler », a-t-il dit sur X.

Sur un autre plan, le responsable de l'UNRWA rappelle que le manque d'eau, de soins de santé et d'accès humanitaire a formé un environnement « parfait » dans lequel la polio est réapparue dans la bande de Gaza. « C'est précisément dans ces circonstances que la polio a récemment refait surface à Gaza avec un petit nombre de cas qui pourraient se propager très rapidement », a insisté M. Rose.

Le PAM suspend ses mouvements de personnel

Plus largement, les opérations humanitaires sont toujours fortement limitées par les hostilités, l'insécurité et les ordres d'évacuation de masse affectant les routes et les installations de transport de l'aide.

C'est dans ce contexte qu'un véhicule du PAM a été touché mardi par des tirs israéliens à Gaza, un événement « inacceptable » qui a conduit mercredi l'agence onusienne à suspendre « jusqu'à nouvel ordre » les mouvements de son personnel dans le territoire palestinien.

Bien qu'il ne s'agisse pas du premier incident de sécurité survenu au cours de la guerre qui dure depuis 10 mois, l'agence a déclaré que c'était la première fois qu'un véhicule du PAM était directement visé par des tirs près d'un poste de contrôle, bien qu'il ait obtenu les autorisations nécessaires, conformément au protocole habituel.

Les humanitaires sont de plus en plus souvent la cible de tirs et sont confrontés à une multitude de défis pour apporter une aide vitale à Gaza, selon le PAM.

Cisjordanie : le système éducatif confronté à une crise sans précédent

© UNICEF/Alaa Badarneh
Des enfants marchent dans des rues partiellement détruites à Jénine, en Cisjordanie.

Par ailleurs, le groupe sectoriel de l'éducation s'est inquiété de la « crise sans précédent » du système éducatif en Cisjordanie, relevant que dix mois après le début de cette crise, les menaces qui pèsent sur le droit à l'éducation des élèves palestiniens n'ont jamais été aussi graves.

Selon ce groupe, dont fait partie le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), les événements qui ont suivi le 7 octobre ont exacerbé la crise de l'éducation à un niveau sans précédent, avec de graves perturbations affectant au moins 782.000 élèves en Cisjordanie.

Toutes les écoles gérées par l'Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie ont adopté un modèle hybride, combinant l'enseignement présentiel et l'enseignement à distance. Ce qui a conduit à une réduction significative des salaires versés au personnel éducatif.

Bien que les écoles de l'UNRWA restent opérationnelles, elles ont parfois été fermées en raison de l'escalade de la violence. En outre, de nombreux enfants non scolarisés seraient maintenant engagés dans le travail des enfants, une stratégie d'adaptation pour soutenir le revenu des ménages pendant la crise économique.

L'impact dévastateur des restrictions de circulation

Au-delà de la violence, les restrictions de circulation constituent l'un des principaux obstacles à l'éducation en Cisjordanie. Selon l'OCHA, quelque 790 obstacles empêchent actuellement la circulation des biens et des personnes en Cisjordanie.

Ces obstacles - points de contrôle, barrières, portes ou monticules de terre - coupent totalement ou partiellement l'accès à des centaines de villages et de communautés en Cisjordanie. « Un chercheur a estimé que, depuis le 7 octobre, l'utilisation des routes principales, principalement par les civils, dans l'ensemble de la Cisjordanie est tombée à seulement 15 % de ce qu'elle était auparavant en raison de ces obstacles », précise le groupe sectoriel.

Les fermetures d'écoles et l'apprentissage en ligne obligatoire ont donc interrompu les programmes d'alimentation scolaire, exacerbant l'insécurité alimentaire pour les enfants les plus vulnérables. Elles ont également réduit l'accès aux canaux d'orientation associés aux écoles, tels que les services de protection de l'enfance, de santé et de santé mentale, augmentant ainsi le risque de violence, de travail et de mariage des enfants non scolarisés.