UNHCR - Office of the United Nations High Commissioner for Refugees

08/30/2024 | Press release | Archived content

Les besoins augmentent pour des millions de personnes déplacées au Yémen, dans un contexte de graves inondations et d'urgence humanitaire

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, alerte sur le fait que des millions de Yéménites déplacés sont confrontés à des conditions de vie de plus en plus difficiles alors que la crise dans le pays s'aggrave. C'est ce qui ressort d'un récent rapport d'évaluation du HCR.

Le rapport du HCR sur le monitoring de protection des personnes déplacées internes (lien en anglais), publié cette semaine, dresse un sombre tableau des conditions de vie des personnes déplacées et des communautés d'accueil au Yémen. Les données, recueillies auprès de plus de 47 000 ménages au cours du premier semestre 2024, donnent un aperçu des difficultés rencontrées par les personnes déplacées internes, les rapatriés et les membres des communautés d'accueil. Parmi ces ménages, un nombre important réside dans des sites formels et informels de déplacés internes, ce qui témoigne de la gravité de la crise de déplacement en cours.

Bien loin de faire la une de l'actualité, nous craignons que la crise ne s'aggrave encore. Le rapport montre que 85 % des familles concernées ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires quotidiens. Nombre d'entre elles ont eu recours à des mécanismes d'adaptation très contraignants, tels que la réduction de la taille des repas ou le fait de sauter des repas. Ces statistiques reflètent une terrible réalité : des familles entières sont confrontées à la faim tous les jours.

L'absence généralisée de documents d'état civil parmi les familles déplacées est un autre problème important, mais qui n'est pas pris en compte. Plus de 51 % des familles interrogées ont au moins un enfant sans certificat de naissance, et 70 % comptent des membres de la famille dépourvus de carte d'identité nationale. Sans ces documents, les familles n'ont pas accès aux services essentiels, à l'éducation et à certains droits fondamentaux, ce qui exacerbe leur vulnérabilité et les empêche de reconstruire leur vie.

Malgré les efforts déployés pour améliorer leurs conditions de vie, la majorité des familles déplacées ne se sentent pas suffisamment en sécurité pour rentrer chez elles. Cela est dû à l'instabilité persistante, au manque d'accès aux moyens de subsistance et aux dangers tels que les mines antipersonnel, qui les enferment dans un cycle de déplacement durable.

La situation au Yémen, qui constitue l'une des pires crises humanitaires au monde, est extrêmement complexe. De plus, l'attention de la communauté internationale s'est portée sur d'autres situations d'urgence dans le monde. Actuellement, 18,2 millions de personnes, dont 4,5 millions de personnes déplacées, ont un besoin urgent d'aide humanitaire au Yémen. Parmi elles, plus de 60 000 réfugiés et demandeurs d'asile, principalement originaires de Somalie et d'Éthiopie.

Un soutien plus systématique et durable de la communauté internationale est nécessaire pour un pays comme le Yémen, qui est l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Il est également l'un des moins bien préparés à faire face ou à s'adapter aux conséquences des conditions météorologiques extrêmes et des catastrophes liées au changement climatique, qui deviennent de plus en plus fréquentes.

Les récentes inondations dans le district de Malhan du gouvernorat d'Al Mahweet, déclenchées par de fortes pluies et la rupture de trois barrages, ont dévasté des communautés entières. Au cours du mois dernier, les inondations ont fait 97 morts et de nombreux blessés, touché plus de 56 000 foyers dans 20 gouvernorats et entraîné le déplacement de plus de 1000 familles. Les zones les plus affectées sont Al Hudaydah, Hajjah, Al-Taweela et Marib. Les routes sont impraticables, ce qui isole les zones sinistrées et entrave les opérations de secours.

Cette situation, qui s'ajoute à la crise en cours au Yémen, a aggravé les souffrances de millions de personnes. Des infrastructures essentielles ont été détruites, des abris emportés par les eaux et des terres agricoles inondées. Les engins non explosés qui ont été mis au jour par les inondations constituent une menace supplémentaire pour les civils et les travailleurs humanitaires.

En tant qu'organisation chargée de la protection, des abris, des articles non alimentaires et de la coordination des camps, le HCR travaille avec ses partenaires locaux pour fournir une aide d'urgence aux populations concernées. Nous intensifions l'assistance en espèces, qui constitue une aide essentielle pour les personnes les plus vulnérables. Il s'agit d'argent liquide destiné à couvrir les besoins essentiels, à répondre aux crises immédiates, à obtenir des papiers d'identité ou à réparer les abris endommagés. Le HCR propose également des solutions à plus long terme, notamment la réhabilitation des maisons pour les déplacés internes qui rentrent chez eux, l'amélioration des installations au sein des communautés d'accueil ainsi que des initiatives visant à favoriser la cohésion sociale.

Cependant, les ressources disponibles sont insuffisantes pour répondre à ces besoins humanitaires importants. Au 31 juillet, l'appel de fonds du HCR d'un montant de 354 millions de dollars n'était financé qu'à hauteur de 21 %, ce qui laisse des secteurs d'intervention cruciaux comme la protection et les abris gravement sous-financés.

Le HCR appelle la communauté internationale à renforcer son soutien et sa solidarité avec la population du Yémen. Le monde ne peut plus se permettre de passer cette crise sous silence. Un appui soutenu et coordonné est crucial, car des millions de vies sont en jeu.

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