La Zone de libre-échange continentale africaine –un catalyseur historique pour la transformation économique de l'Afrique et l'intégration commerciale des Caraïbes

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) renferme les éléments nécessaires pour transformer radicalement l'Afrique et son économie. Établi en 2021, cet accord historique est ambitieux tant par sa portée que par son ampleur : il démantèle les frontières coloniales conçues lors de la conférence de Berlin au XIXe siècle et, ce faisant, favorise l'unité économique du continent. En tirant parti des économies d'échelle et des gains de compétitivité, la ZLECAf vise à accélérer l'industrialisation de l'Afrique et à diversifier ses sources de croissance, pour finalement relever les niveaux de vie et mettre en place une économie capable de soutenir une population africaine qui représentera, d'ici 2050, plus de 25 % de la population mondiale. Mais le programme de libre-échange a également de profondes implications pour les Caraïbes qui revendiquent leur appartenance à la communauté africaine mondiale, tant sur le plan culturel qu'économique.

Naturellement, étant donné l'importance de la ZLECAf pour l'avenir économique de l'Afrique, sa mise en œuvre et son impact ont été au cœur des récentes Assemblées annuelles de l'Afreximbank à Nassau, aux Bahamas. Le thème des réunions - « L'Afrique mondiale » - a mis en avant l'augmentation des échanges entre l'Afrique et les Caraïbes comme objectif principal, reflétant une histoire commune et le potentiel d'une croissance économique se renforçant mutuellement. Les réunions ont également mis en évidence le rôle que les petites entreprises durables peuvent jouer dans le projet économique plus large de l'Afrique et des Caraïbes, et la mesure dans laquelle les partenariats peuvent accélérer la croissance et la collaboration interrégionale.

Le lancement d'un rapport par le Centre du commerce international (CCI), sous la houlette de la Directrice exécutive Pamela Coke-Hamilton, qui identifie un potentiel d'exportation d'un milliard de dollars US entre l'Afrique et les Caraïbes, a constitué un temps fort de cet élan vers l'Afrique mondiale. Cette étude, ainsi que l'extension d'un partenariat de cinq ans entre le CCI et Afreximbank, vise à s'attaquer aux barrières commerciales et à renforcer les capacités des entreprises tant dans les Caraïbes qu'en Afrique. En outre, le travail du CCI souligne les priorités définies dans le nouveau protocole d'accord signé lors du Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l'investissement 2022 à la Barbade, qui a mis l'accent sur les informations commerciales et de marché, l'économie créative, et les solutions vertes - en particulier pour les petites entreprises.

Dans une rhétorique qui fait écho aux discussions des Assemblées annuelles d'Afreximbank dont les rideaux viennent de tomber, le rapport du CCI sur l'expansion du commerce entre l'Afrique et les Caraïbes met l'accent sur la nécessité d'établir des partenariats en vue de faire face aux crises économiques mondiales. En effet, si le rapport identifie un énorme potentiel d'exportation commerciale inexploité entre les deux régions, il met également en garde contre l'autosatisfaction : pour réaliser ces liens commerciaux, nous devons nous efforcer d'établir des relations plus solides entre les commerçants africains et caribéens, de supprimer les obstacles au commerce et d'investir plus massivement dans les secteurs de croissance. Avec un soutien approprié, l'Afrique pourrait accroître ses exportations annuelles vers les Caraïbes de 171 millions de dollars US d'ici à 2026, soit une hausse de 54 % par rapport aux niveaux de 2020. De même, les Caraïbes pourraient augmenter leurs exportations de marchandises vers l'Afrique de 80 millions de dollars US, soit 29 %, avec un potentiel encore plus important dans des domaines stratégiques tels que les voyages et les transports.

Toutefois, comme pour toute opportunité à saisir, il existe des obstacles à la capacité de transformation de la ZLECAf : le déficit d'infrastructure de l'Afrique constitue sans doute le défi le plus important de l'Union. Combler ce fossé nécessitera des investissements importants, estimés entre 130 et 170 milliards de dollars US par an. Cependant, le continent et ceux qui financent son développement doivent composer avec des priorités parfois contradictoires : les améliorations des infrastructures sont essentielles pour soutenir le commerce et la croissance économique, mais le commerce lui-même nécessite des capitaux pour se développer et pour permettre aux entreprises de monter en gamme. La tâche complexe consistant à allouer des ressources suffisantes pour financer les initiatives de développement et à s'attaquer aux contraintes liées à l'offre s'avérera indispensable si nous voulons soutenir la croissance et la diversification des exportations.

La ZLECAf représente une vision audacieuse pour une Afrique et des États de la CARICOM unifiés et prospères. En s'attaquant aux obstacles infrastructurels et financiers, l'Afrique et les Caraïbes peuvent créer un environnement économique solide qui profitera à tous les citoyens.

Mais pour que la ZLECAf fonctionne, il faut une union des esprits et des économies. L'Afrique et les Caraïbes doivent s'appuyer sur leur histoire commune et développer des partenariats économiques mutuellement bénéfiques qui reflètent leurs situations, avantages et défis particuliers. Les deux régions devraient privilégier la création d'écosystèmes favorables aux MPME, afin de développer leurs activités et de répondre aux demandes du marché.

Il est toujours préférable de commencer par des actions, et non par de simples discours. Le partenariat CCI-Afreximbank, par le biais d'initiatives telles que le Conseil d'affaires et les programmes de formation sur la manière d'exporter avec la ZLECAf, représente une étape importante vers la réalisation d'un statu quo dans lequel les partenariats peuvent servir de pont entre les États africains, et entre le continent africain et ses communautés diasporiques dans les pays des Caraïbes.