11/13/2024 | News release | Distributed by Public on 11/14/2024 15:09
Pendant les 50 premiers jours, on m'a gardée dans une salle de torture de la prison d'Izolyatsia », se souvenait Lyudmila Huseynova. « Dans ce lieu, vous n'avez plus aucun droit. »
« De 6h à 22h, on est debout la tête recouverte d'un sac, avec des menottes aux poignets. On peut se faire battre sans aucune raison. Ça glace le sang d'entendre les cris des autres détenues, en pensant qu'on sera peut-être la prochaine. »
Lyudmila Huseynova vient de Novoazovsk, une ville ukrainienne frontalière temporairement occupée par la Russie. Avant sa mise en détention en octobre 2019, elle s'occupait d'enfants orphelins ou qui n'ont plus qu'un seul parent. Suite à son arrestation parce qu'elle refusait d'accepter le contrôle russe, elle a été détenue et torturée pendant plus de trois ans.
Dans un entretien récent avec ONU Femmes, Lyudmila Huseynova a relaté les tortures et les violences sexuelles à l'égard des femmes ukrainiennes qui sont perpétrées de manière systématique par les autorités russes. Plus de deux ans après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Fédération de Russie et la guerre qu'elle a menée pendant 10 ans contre l'Ukraine, des femmes ukrainiennes militantes qui ont survécu à des violences sortent de leur silence et déploient des efforts afin que les survivantes sachent qu'elles ne sont pas oubliées.
« Au deuxième étage, ils avaient un dortoir pour les soldats russes ; entre deux déploiements, c'est là qu'ils séjournaient. Ils réveillaient les jeunes filles en pleine nuit pour les sortir de leur cellule et les emmener au deuxième étage. Quand elles revenaient, elles pleuraient », a indiqué Lyudmila Huseynova.
Selon elle, les femmes étaient souvent violées par des soldats qui leur promettaient qu'elles reverraient leurs enfants ou recevraient à manger.
En 2023, les Nations Unies ont signalé 3 688 cas de violences sexuelles liées à des conflits dans le monde - une hausse alarmante de 50 % par rapport à l'année précédente. En Ukraine, du 24 février 2022 au 31 août 2024, la mission de surveillance des droits de l'homme en Ukraine (UNHRMMU) a documenté 342 cas (236 hommes, 94 femmes, 10 filles et 2 garçons) de violences sexuelles liées au conflit infligées par des membres des forces armées russes, des représentants des autorités chargées de faire appliquer la loi et d'employés de centres de détention, et le Parquet général de l'Ukraine a documenté 321 incidents (206 femmes, 115 hommes, 15 filles et un garçon) perpétrés par des membres des forces armées russes depuis le 1er octobre 2024. Avec la poursuite de la guerre de la Russie contre l'Ukraine, les femmes et les enfants ukrainiens sont confrontés à des déplacements, à des difficultés économiques et à des violences basées sur le genre.
Lyudmila Huseynova a été transférée de la prison d'Izolyatsia jusqu'à un centre de détention provisoire dans la ville temporairement occupée de Donetsk, où elle a été inculpée pour « espionnage ». Elle se souvient des conditions de vie horribles au centre de détention n° 5 de Donetsk, où elle partageait une petite cellule insalubre avec 20 autres femmes, constamment exposées à des risques de maladie.
Lyudmila Huseynova a été détenue par les Russes pendant trois ans et 13 jours, avant d'être libérée dans le cadre d'un échange de prisonniers, le 17 octobre 2022.
« Des hommes civils pouvaient également être détenus, maintenus en captivité, torturés et violés », a confié Lyudmila Huseynova. « Mais pour les femmes, le plus dur était d'être séparées de leurs enfants. »
Elle a mentionné beaucoup de femmes qui avaient perdu contact avec leur famille et leurs enfants au cours de leurs années de détention.
De personnes ayant survécu à des violences à des militantes et des modèles exemplaires : les femmes ukrainiennes déploient des efforts en soutien aux personnes qui ont survécu à des violences
« Le 15 octobre, ils nous ont fait sortir de la cellule sans aucune explication. Sans dire un mot, ils nous ont couvert les yeux, ligoté les mains et fait monter dans un camion. » Pour Lyudmila Huseynova, ce voyage de retour vers la liberté a été marqué par la faim, la soif et l'incertitude.
Depuis sa libération, Lyudmila Huseynova se consacre à la lutte en faveur des civils ukrainiens détenus dans des territoires occupés par la Russie, au travers de SEMA Ukraine, un réseau dirigé par des femmes pour les femmes qui ont survécu à des violences sexuelles dans le cadre du conflit.
Aujourd'hui, les femmes ukrainiennes sont en première ligne des efforts de résilience et de relèvement, maintenant l'unité au sein de leurs communautés malgré le bilan de la guerre. Elles comblent des lacunes essentielles dans les systèmes de soutien social sous pression de l'Ukraine en fournissant un abri, un appui psychosocial et des soins de santé et en protégeant les familles. Elles militent également en faveur de lois et de politiques qui soutiennent les femmes et leurs familles, ainsi que pour lutter contre le trafic des personnes à des fins d'exploitation sexuelle.
En Ukraine, où une entreprise sur deux est fondée par une femme, les femmes sont essentielles pour le relèvement du pays.
« Je fais tout mon possible pour aider ces femmes, car je me souviens de leurs larmes, de leur regard », a indiqué Lyudmila Huseynova. Nous mettrons tous les moyens en œuvre pour faire connaître leur douleur et nous assurer que tout le monde en est informé. »
« Le 15 octobre, ils nous ont fait sortir de la cellule sans aucune explication. Sans dire un mot, ils nous ont couvert les yeux, ligoté les mains et fait monter dans un camion. » Pour Lyudmila Huseynova, ce voyage de retour vers la liberté a été marqué par la faim, la soif et l'incertitude.
Depuis sa libération, Lyudmila Huseynova se consacre à la lutte en faveur des civils ukrainiens détenus dans des territoires occupés par la Russie, au travers de SEMA Ukraine, un réseau dirigé par des femmes pour les femmes qui ont survécu à des violences sexuelles dans le cadre du conflit.
Aujourd'hui, les femmes ukrainiennes sont en première ligne des efforts de résilience et de relèvement, maintenant l'unité au sein de leurs communautés malgré le bilan de la guerre. Elles comblent des lacunes essentielles dans les systèmes de soutien social sous pression de l'Ukraine en fournissant un abri, un appui psychosocial et des soins de santé et en protégeant les familles. Elles militent également en faveur de lois et de politiques qui soutiennent les femmes et leurs familles, ainsi que pour lutter contre le trafic des personnes à des fins d'exploitation sexuelle.
En Ukraine, où une entreprise sur deux est fondée par une femme, les femmes sont essentielles pour le relèvement du pays.
« Je fais tout mon possible pour aider ces femmes, car je me souviens de leurs larmes, de leur regard », a indiqué Lyudmila Huseynova. Nous mettrons tous les moyens en œuvre pour faire connaître leur douleur et nous assurer que tout le monde en est informé. »
« Informez le monde au sujet de ces femmes - leurs noms, leurs visages et l'incroyable violence qu'elles subissent. Partagez ces informations avec celles et ceux qui exercent une influence sur la Russie », a encouragé Lyudmila Huseynova.
Pour les femmes d'Ukraine, il est essentiel de mettre fin à l'occupation russe, d'obtenir la libération des civils détenus et de permettre aux acteurs humanitaires d'atteindre les détenus. Lyudmila Huseynova a récemment suivi une formation de formateurs pour des femmes assistantes juridiques qui travaillent avec des personnes ayant survécu à des violences sexuelles liées au conflit, organisée par ONU Femmes et son partenaire, l'Association des femmes ukrainiennes avocates (JurFem). Selon Mme Huseynova, la formation a été très utile pour aider d'autres femmes en leur fournissant des recommandations de ressources juridiques et un appui pour récupérer des documents, et en guidant les personnes ayant survécu à des violences à travers le processus judiciaire.
ONU Femmes travaille depuis 2016 avec des organisations de femmes en Ukraine. En 2023, ONU Femmes s'est associée à plus de 40 organisations de femmes, couvrant 100 000 femmes et leurs familles dans l'ensemble du pays. Des investissements soutenus, notamment au travers de financements directs flexibles fournis par le Fonds des Nations Unies pour les femmes, la paix et l'action humanitaire (WPHF), dans les organisations de la société civile locales dirigées par des femmes sont essentiels pour le relèvement de l'Ukraine.