11/06/2024 | News release | Distributed by Public on 11/06/2024 09:15
Des milliers de civils continuent d'être contraints de se déplacer à plusieurs reprises, de survivre au milieu des décombres et de s'abriter dans des endroits peu sûrs, y compris dans des bâtiments endommagés ou détruits.
Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), outre les restes explosifs de guerre, l'amiante hautement cancérigène libéré dans l'air en raison de la destruction généralisée des infrastructures, ainsi que d'autres contaminants, continueront d'affecter les communautés de Gaza pendant longtemps.
Cet avertissement du PNUD intervient alors que la dernière analyse du Centre satellitaire de l'ONU (UNOSAT), réalisée au début du mois de septembre, a montré que plus de 65 % de toutes les structures de Gaza avaient été soit endommagées, soit détruites.
Le personnel technique de l'action contre les mines (UNMAS) travaillant sur le terrain signale que, si plus de 209 évaluations des risques d'explosion ont été menées à Gaza à ce jour, elles sont insuffisantes pour permettre une compréhension globale de l'étendue de la contamination par les munitions explosives dans la bande de Gaza, les restrictions d'accès entravant gravement l'extension des évaluations et une étude complète des munitions explosives n'ayant pas encore pu être réalisée.
Les informations disponibles dressent toutefois un tableau alarmant du risque lié aux munitions explosives. Dans les cinq gouvernorats de Gaza, la contamination par les restes explosifs de guerre est susceptible de se produire à la fois en surface et sous la surface, impliquant non seulement des munitions de service terrestres (projectiles, mortiers, roquettes, missiles, grenades et mines terrestres), mais aussi des bombes profondément enfouies, ainsi que des caches d'armes et de munitions.
Alors qu'il est absolument nécessaire d'intensifier immédiatement la lutte contre les mines, les restrictions imposées par les autorités israéliennes à l'entrée du personnel spécialisé et du matériel essentiel de neutralisation des explosifs et munitions (NEDEX), ainsi que les réglementations spécifiques empêchant la conduite d'activités de neutralisation, continuent de freiner les efforts visant à protéger les populations contre les restes explosifs de guerre et à assurer l'acheminement sûr et durable de l'aide humanitaire.
Actuellement, les équipes NEDEX ne peuvent que marquer et signaler les restes explosifs de guerre, plutôt que de les déplacer ou de les éliminer en toute sécurité.
Les contraintes d'accès entravent encore davantage les activités de lutte contre les mines. De longues procédures sont nécessaires pour obtenir l'autorisation de se déplacer à l'intérieur de Gaza, et de nombreux déplacements sont soit purement et simplement refusés, soit annulés à brève échéance.
En septembre, par exemple, 31 demandes d'UNMAS ont été refusées. Tous ces obstacles sont exacerbés par des barrières administratives, telles que les difficultés d'enregistrement pour les organisations d'action contre les mines et les retards dans la délivrance des visas, qui continuent de perturber le déploiement des spécialistes techniques.
Face à ces obstacles, les partenaires de l'action contre les mines se sont largement concentrés sur la sensibilisation de la population aux risques liés aux explosifs.
Plus largement, ces restrictions touchent toutes les activités des humanitaires. Depuis près d'un mois, toutes les tentatives des organisations humanitaires pour livrer de la nourriture aux habitants des zones assiégées du gouvernorat de Gaza Nord sont bloquées par les autorités israéliennes.
Dans ces conditions, la situation des soins de santé dans le nord de l'enclave reste critique. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), l'hôpital Kamal Adwan a été touché à deux reprises au cours de la semaine écoulée et l'hôpital Al Awda n'a pas pu être approvisionné en fournitures vitales.
Toujours sur le volet médical, l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, est devenu « une zone de guerre assiégée », a dénoncé mercredi sur le réseau social X, le Bureau au Moyen-Orient du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).
« La dernière unité de soins intensifs néonatals qui subsiste dans le nord a été endommagée lors d'attaques intenses ces derniers jours. Au cours de l'année écoulée, 4.000 bébés ont été privés de soins néonatals vitaux en raison d'attaques soutenues contre les hôpitaux », a ajouté l'agence.
Avant le début de la guerre en octobre 2023, la bande de Gaza comptait huit unités de soins intensifs néonatals avec un total de 178 incubateurs. Aujourd'hui, trois de ces unités de soins intensifs néonatals sont détruites - toutes dans le nord de la bande de Gaza - et le nombre de couveuses disponibles a chuté de 70 % pour atteindre environ 54 couveuses dans l'enclave palestinienne.
Dans le nord de Gaza, le nombre de couveuses est passé de 105 dans les trois unités de soins intensifs néonatals à seulement neuf, toutes à l'hôpital Kamal Adwan. Après les lourdes attaques subies par l'hôpital ces derniers jours, il n'est pas certain qu'elles soient encore fonctionnelles. « Chaque année, au moins 6 000 nouveau-nés ont besoin de soins intensifs dans la bande de Gaza », a rappelé l'UNICEF.
Sur un autre plan, la presse continue de payer un lourd tribut à ce conflit. Selon l'OCHA, qui reprend des données du Syndicat des journalistes palestiniens, près de 10 % des journalistes travaillant à Gaza ont été tués depuis octobre 2023.
Alors que les autorités israéliennes interdisent toujours l'entrée des journalistes étrangers, 174 journalistes ont été tués et 101 ont été blessés. Dans le même temps, 30 professionnels des médias sont détenus depuis octobre 2023.
Le syndicat a également indiqué que 514 membres de la famille de journalistes ont été tués lors de frappes aériennes sur leurs maisons et leurs zones de déplacement, et qu'environ 115 maisons appartenant à des journalistes ont été touchées.
Dans son message au Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient, tenu le 1er novembre à Genève, le chef de l'ONU avait rappelé que « les journalistes de Gaza ont été tués à un niveau jamais atteint dans un conflit des temps modernes ». Si l'interdiction faite aux journalistes internationaux d'entrer à Gaza est « inacceptable », António Guterres a souligné que « les voix des journalistes doivent être protégées et la liberté de la presse doit être sauvegardée ».