Prime Minister of the French Republic

10/17/2024 | News release | Distributed by Public on 10/17/2024 11:14

Comment la France est-elle devenue un pays laïc

Comment la France est-elle devenue un pays laïc ?

Pendant très longtemps, en France, la religion des sujets était nécessairement celle du Souverain. Il ne pouvait pas en être autrement, en dépit de l'existence de minorités religieuses qui ne reconnaissaient pas le catholicisme d'État.

C'est à partir de la Révolution que tous les citoyens sont devenus égaux, quelles que soient leurs convictions religieuses.

Pour autant, la création d'un État laïc ne s'est pas faite sans accroc. Sous la Révolution française comme tout au long du XIXe siècle, certains maintenaient que l'Église catholique était plus « française » et donc plus légitime que les autres mouvements religieux.

Comment peut-on définir la laïcité ?

La laïcité est un principe déterminé par trois conditions :

  • la liberté de manifester ses convictions dans les limites du respect de l'ordre public : c'est la liberté de conscience ;
  • la séparation institutionnelle des institutions publiques et des organisations religieuses ;
  • l'égalité de tous devant la loi, quelles que soient ses croyances et ses convictions.

Comment ces principes s'expriment-t-il en France ?

La conception française de la laïcité insiste beaucoup sur la liberté individuelle. Ce qui prime, c'est l'épanouissement de l'individu. Il doit pouvoir se réaliser à l'abri des prosélytismes qui risqueraient de l'enfermer - en particulier le prosélytisme religieux.

C'est d'ailleurs pour cela que l'école laïque a été créée à la fin du XIXe siècle : pour que les connaissances transmises aux enfants ne soient pas déformées par des doctrines religieuses qui pourraient, par exemple, s'opposer au progrès scientifique.

Ainsi, les professeurs sont tenus à un devoir de réserve laïque. Ils doivent respecter le programme national et s'abstenir de faire part de leurs convictions religieuses ou politiques à leurs élèves.

Les élèves doivent, quant à eux, rester discrets dans l'affichage de leurs convictions religieuses, par la loi du 15 mars 2004.

La religion a-t-elle sa place dans une République laïque ?

La République Française respecte les convictions religieuses de ses concitoyens.

L'article 1er de la Constitution de 1958 va en ce sens : « La France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Pour autant, la loi de 1905 prévoit une séparation juridique entre l'État et les entreprises religieuses ou de conviction.

L'État ne se mêle pas des convictions ou des théologies exprimées dans ces organisations qui, en retour, ne s'occupent ni de politique ni des affaires de l'État.

Il y a également une séparation entre le domaine public - celui de l'État, de l'école - et le domaine du privé. Or, la religion est de l'ordre du privé : elle ne relève pas du domaine de l'État.

Cela ne signifie pas que la pratique religieuse doit rester cachée, mais seulement que l'État n'a pas à s'en mêler. C'est pourquoi l'éducation religieuse ne peut être dispensée que par les parents et non par l'État.

À l'école, les religions peuvent être étudiées en tant que fait social et culturel, mais aucun discours théologique et prosélyte ne doit y être relayé.

La laïcité ne s'oppose donc pas aux religions ?

C'est parce que le principe de séparation est parfois mal compris que l'on peut entendre, à tort, que la laïcité s'oppose aux religions. Les croyances religieuses ne sont pas taboues en France : elles n'ont pas à être cachées, ni tues.

Ceux qui ont des croyances religieuses ont toute légitimité à les exposer dans le débat public démocratique, à condition que leur manifestation se fasse dans les limites du respect de l'ordre public et de la liberté des autres.

D'autre part, les croyants doivent aussi accepter que les lois religieuses relèvent uniquement de la sphère privée et que la laïcité s'impose à eux dans le cadre de la vie en société.

1789 La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen reconnaît à chaque individu le droit de croire ou de ne pas croire et d'exercer son culte librement.
1801 - 1802
Le Concordat et le système des cultes reconnus. L'État reconnait quatre cultes (catholicisme, luthéranisme, calvinisme, judaïsme). Il assure le traitement des clercs et l'entretien des bâtiments ecclésiastiques en échange d'un contrôle sur le fonctionnement des cultes.
1881 - 1882
Les lois Ferry instituent l'école publique, laïque et obligatoire.
1905 Avec la loi de séparation des Églises et de l'État, la République assure la « liberté de conscience », et « ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ».
1946 Première inscription du principe de laïcité dans la Constitution.
1958 L'article 1er de la Constitution de la Ve République précise que : « la République française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. »
2013 Publication de la Charte de la laïcité à l'école, affichée dans tous les établissements scolaires publics.