UNOG - United Nations Office at Geneva

12/11/2024 | News release | Distributed by Public on 12/11/2024 11:25

Pratiquement aucune aide au nord de Gaza assiégé depuis plus de 66 jours, selon l'ONU

Alors que les frappes israéliennes à Gaza continuent d'affecter durement des milliers de personnes, la situation humanitaire reste catastrophique dans certaines parties du nord de l'enclave palestinienne, où les habitants n'ont reçu pratiquement aucune aide depuis plus de 66 jours.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), l'aide vitale aux zones assiégées du gouvernorat de Gaza Nord a été largement bloquée au cours des deux derniers mois.

« Les forces israéliennes ont continué à imposer un siège renforcé sur Beit Lahiya, Beit Hanoun et certaines parties de Jabalya, laissant entre 65.000 et 75.000 personnes sans accès à la nourriture, à l'eau, à l'électricité ou à des soins de santé fiables, alors que des incidents faisant de nombreuses victimes continuent d'être signalés », a détaillé l'OCHA dans son dernier rapport de situation humanitaire sur l'enclave palestinienne.

Dans ce climat de pénuries et de survie, des déplacements forcés à grande échelle de Beit Lahiya ont été signalés au cours de la semaine dernière, dont 5.500 personnes déplacées de force le 4 décembre de trois écoles de Beit Lahiya vers la ville de Gaza.

© UNRWA
Les pluies hivernales affectent les personnes déplacées à Gaza.

Des niveaux de faim « pires que jamais auparavant »

Les agences humanitaires ont tenté, entre le 1er et le 9 décembre, d'atteindre les zones assiégées de Jabalya, Beit Lahiya et Beit Hanoun à 17 reprises, dont 16 ont été refusées et une a été entravée. La mission entravée a eu lieu le 1er décembre, avec le déploiement d'une équipe médicale d'urgence à l'hôpital Kamal Adwan et « l'évacuation des patients après de longs retards ».

Au total, sur les 197 mouvements d'aide prévus durant cette période dans l'ensemble de l'enclave nécessitant une coordination avec les autorités israéliennes, 30 % (60) ont été facilités, 43 % (84) ont été refusés, 16 % (32) ont été initialement approuvés mais ensuite entravés, et 11 % (21) ont été annulés en raison de problèmes logistiques et de sécurité.

Ces restrictions interviennent alors que « les niveaux de faim, de dévastation et de destruction à Gaza [...] sont pires que jamais auparavant ». Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), les marchés sont vides, il n'y a pratiquement pas de nourriture qui arrive, et les conditions météorologiques qui s'aggravent obligent les gens à « une lutte quotidienne pour la survie ».

© UNRWA
Les habitants de Gaza cherchent des endroits sûrs où s'abriter (photo d'archives).

Un sac de farine de 25 kilos qui coûte au moins 280 dollars

Dans le même temps, les pillages et les attaques contre les convois humanitaires continuent d'entraver l'acheminement de l'aide dans le sud et le centre de Gaza.

Par ailleurs, les obstacles à l'accès, les hostilités en cours, l'effondrement de l'ordre public et de la sécurité, l'absence quasi-totale d'entrées commerciales et les prix exorbitants des quelques produits de base encore disponibles sur le marché ont tous contribué à la détérioration de la diversité alimentaire dans la bande de Gaza.

Seules quatre des 19 boulangeries soutenues par les Nations Unies sont actuellement opérationnelles dans la bande de Gaza, toutes dans la ville de Gaza. Or le prix d'un sac de farine de 25 kilos a grimpé jusqu'à l'équivalent d'au moins 280 dollars le 1er décembre, à Deir al Balah, ce qui est manifestement dû à de graves pénuries d'approvisionnement. À Khan Younis, il coûtait l'équivalent de 245 dollars.

Face à cette situation, l'entrée immédiate de nouvelles fournitures alimentaires est cruciale pour faire face à la crise de la faim qui s'aggrave dans toute l'enclave palestinienne.

Des enfants fouillent des tas d'ordures à la recherche de restes de nourriture

D'autant que sur le terrain, « les enfants et les femmes fouillent de plus en plus les tas d'ordures à la recherche de restes de nourriture », souvent pieds nus et sans gants, ce qui accroît les risques de maladies et de blessures dues aux arêtes tranchantes ou au métal des déchets solides et les expose à la menace des munitions non explosées.

Par ailleurs, l'OCHA signale que de graves problèmes d'accès continuent d'empêcher les partenaires de l'ONU de procéder à des contrôles suffisamment réguliers pour détecter les cas de malnutrition qui nécessitent un traitement. Jusqu'à présent, au cours du quatrième trimestre 2024, ils ont effectué un peu plus de 150.000 dépistages de ce type - sur les 345.000 enfants de moins de 5 ans qui vivent actuellement dans la bande de Gaza.

En novembre, l'ONU et ses partenaires ont distribué différents types d'aliments complémentaires pour les enfants, malgré les retards enregistrés au cours de la première moitié du mois en raison de problèmes logistiques. Au total, 146.000 enfants de moins de 5 ans ont bénéficié de ces distributions dans les gouvernorats de Rafah, Khan Younis, Deir al Balah et Gaza.