11/12/2024 | Press release | Distributed by Public on 11/12/2024 11:22
Infoclimat / treveys
Au cours des mois de septembre et octobre, des pluies intenses ont touché une grande partie du territoire, et plus particulièrement les régions méditerranéennes, conduisant à placer plusieurs départements en Vigilance orange ou rouge. Dans ce contexte, Météo-France fait le point sur le dispositif de Vigilance météorologique.
Le dispositif de Vigilance opéré par Météo-France pour les pouvoirs publics permet de signaler les départements dans lesquels des phénomènes météorologiques intenses sont susceptibles de créer des risques pour la sécurité des personnes et des biens. Les seuils qui correspondent aux différents niveaux pour chaque département sont fixés avec les pouvoirs publics en fonction de la sensibilité des territoires aux phénomènes météorologiques, en se basant sur les événements passés, les conséquences observées et le niveau d'acclimatation du département. Les seuils peuvent être modulés à la baisse en cas de facteurs aggravants, comme des sols saturés en eau pour la Vigilance pluie-inondation.
Basé sur les prévisions au meilleur niveau mondial de Météo-France, le dispositif de vigilance produit de très bons résultats. Par exemple, en 2023, le taux de détection est de 99,4 %, c'est-à-dire que 99,4 % des départements ayant été affectés par des conséquences significatives ont été placés en Vigilance orange ou rouge. C'est le taux le plus élevé observé depuis qu'il est disponible (2006). Le taux de fausse alarme fait également mieux que les objectifs fixés (12 % pour un objectif d'être en deçà de 16 %).
Lors de l'épisode du 24 au 27 octobre, où 4 départements ont été placés en Vigilance orange pluie-inondation, les observations confirment que ces classements étaient conformes aux critères de la Vigilance.
L'échelle départementale de la Vigilance est adaptée à l'organisation de la Sécurité civile autour des préfets de département. Elle correspond également aux capacités actuelles des prévisions météorologiques en termes de précision géographique.
Elle implique toutefois que lors d'une Vigilance sur un département, ce territoire peut être entièrement ou seulement partiellement touché par le phénomène météorologique dangereux. Lorsque c'est possible, des précisions géographiques infra-départementales sont données dans les bulletins accompagnant les cartes de Vigilance.
Par ailleurs, Météo-France adresse aux communes qui le souhaitent des avertissements de précipitations intenses (APIC) à l'échelle communale sur lesquelles elles peuvent s'appuyer pour leur suivi et leur gestion de crise opérationnelle.
Lors de cet épisode, des questions ont été soulevées dans les Alpes-Maritimes sur les conséquences de l'absence de prévisionnistes dans le département sur la qualité des prévisions. De fait, sauf pour la prévision aéronautique toujours réalisée depuis Nice, les prévisions de Météo-France pour les Alpes-Maritimes sont réalisées à Aix-en-Provence depuis le 1er janvier 2019.
Cette réorganisation, pour répondre aux fortes contraintes qui pesaient sur les effectifs de l'établissement (-25% en 10 ans), s'est faite dans un objectif d'assurer un service de qualité à l'ensemble des utilisateurs des productions de l'établissement, en tirant parti des progrès permanents des outils de modélisation, d'observation et de traitement de l'information, et en concentrant les moyens humains sur les tâches à plus forte valeur ajoutée.
Les conditions de mise en œuvre de nos missions de sécurité ont fait l'objet d'une attention particulière, notamment le dispositif de Vigilance. En pratique, sur le terrain, la connaissance des données météorologiques du territoire est assurée par une équipe de prévisionnistes spécialisés travaillant 24h/24 au Centre météorologique interrégional (CMIR) d'Aix-en-Provence. Auparavant, les centres départementaux, comme celui de Nice, ne fonctionnaient qu'en journée. En matière d'observation, les moyens à la disposition de Météo- France (satellites, radars, stations sol automatiques…) n'ont cessé d'augmenter depuis 10 ans, y compris pour observer le territoire des Alpes-Maritimes, l'un des départements les mieux couverts par les radars météorologiques (avec 5 radars), et où l'on est passé de 33 stations automatiques en 2015 à 40 aujourd'hui.
En cas de Vigilance orange sur le département des Alpes-Maritimes (dès le niveau jaune avec risque de phénomène violent local et enjeu de sécurité), le chef prévisionniste régional se met immédiatement en rapport avec les services préfectoraux, afin de mettre en place les dispositifs de communication permettant d'apporter en continu l'appui nécessaire aux opérations de gestion de crise.
Les indicateurs statistiques de la Vigilance pour les départements dont sont en charge les prévisionnistes du CMIR Sud-Est ont progressé en parallèle de cette évolution. Ainsi :
Plus généralement, la qualité des prévisions est une préoccupation au cœur des activités de Météo-France et de ses 600 prévisionnistes.
L'amélioration continue des modèles, de la puissance de calcul et des observations plus fines de l'atmosphère permettent un gain dans la qualité des prévisions et l'anticipation de quelques heures sur la prévision tous les deux ans. Les prévisions à 3 jours d'aujourd'hui sont aussi fiables que les prévisions pour le lendemain d'il y a dix ans.
L'expertise humaine reste présente à de nombreuses étapes de la chaîne de prévision, en particulier les plus sensibles comme la Vigilance météorologique. Ainsi les effectifs correspondants dédiés à la production des cartes de Vigilance et à leur suivi ont été renforcés en région, passant de 64 en 2018 à 88 en 2024.
La nouvelle chaîne de prévision que Météo-France vient de mettre en place permet un nouveau gain de l'ordre de 4 % sur la qualité des prévisions.
Les très fortes pluies et les orages sont caractéristiques des épisodes dits "méditerranéens", qui sont liés à des remontées d'air chaud, humide et instable en provenance de la Méditerranée. Ils peuvent apporter des précipitations intenses dépassant les 200 mm d'eau en une journée, soit 200 litres par m².
Ces épisodes sont des phénomènes complexes. Si les conditions favorables à la formation des orages peuvent être anticipées, l'état de l'art en météorologie permet encore difficilement de prévoir de manière localisée leur survenue et leur sévérité, y compris le jour même.
Or, la hausse de la température induite par le changement climatique permet à l'atmosphère de contenir davantage de vapeur d'eau, qui peut davantage se transformer en pluies et conduire à une intensification des précipitations.
Ces épisodes méditerranéens deviennent donc plus intenses avec le changement climatique comme le confirme le GIEC qui pointe une augmentation des pluies extrêmes sur le nord-ouest de la Méditerranée. Il est donc indispensable d'adapter nos territoires à cette intensification des précipitations.