Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

09/25/2024 | Press release | Distributed by Public on 09/26/2024 03:19

Débat ouvert de haut niveau : « le leadership pour la paix : unis dans le respect de la Charte des Nations unies à la recherche d’un avenir sûr » Intervention au Conseil de[...]

Madame la Présidente,

Je remercie la Slovénie pour l'organisation de ce débat ouvert, ainsi que le Secrétaire général des Nations unies, la présidente du CICR, Mme Mirjana Spoljaric Egger, et la présidente Ellen Johnson Sirleaf, pour leurs interventions.

Il était essentiel de réunir notre Conseil alors que le monde est frappé, fracturé par des conflits majeurs, d'une exceptionnelle gravité et, malheureusement, ils se multiplient. C'est la responsabilité de notre Conseil d'y remédier et il doit faire plus.

Cette responsabilité, c'est d'abord celle de faire respecter les règles qui régissent l'ordre international. C'est de faire respecter la Charte des Nations unies.

Elle exige donc de condamner sans hésiter la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine, son voisin. Je l'ai dit hier : les Ukrainiennes et les Ukrainiens subissent au quotidien, depuis plus de 900 jours, des exactions, des crimes de guerre, des bombardements indiscriminés contre des objectifs civils. Ils vivent injustement dans la peur et dans la souffrance.

Elle exige de condamner toutes les violations commises par la Russie. Elle exige de demander que cesse sans délais son agression contre l'Ukraine et le retrait des troupes russes du territoire ukrainien. Cette exigence, l'Assemblée générale l'a déclarée à sept reprises sans ambiguïté.

Cette responsabilité est celle de soutenir l'Ukraine dans son droit à la légitime défense. La France et ses partenaires continueront à soutenir les Ukrainiens, aussi longtemps qu'il le faudra, dans cette mise en échec de l'agression russe et dans la recherche d'une paix juste. Et une paix juste ne peut être fondée que sur le respect de notre Charte commune. C'est le cœur du plan de paix du président Zelensky, que nous soutenons.

Notre responsabilité, c'est celle de faire prévaloir les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies face à ce qui est sans équivoque une guerre d'agression illégale et injustifiable. J'en suis convaincu : ces principes sont chers à nous tous, notamment le principe de souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats. Sans ces principes, c'est la force qui fait loi et non la loi qui encadre la force. Sans ces principes, les frontières ne seraient plus intangibles. Sans ces principes, les Etats ne seraient plus en sécurité et chacun pourrait craindre l'invasion de son voisin. Ces principes nous devons donc les respecter et les faire respecter. Vous l'aurez compris : le respect du droit international est partout notre boussole.

Nous l'avons dit clairement depuis les attaques terroristes barbares commises par le Hamas et d'autres groupes terroristes le 7 Octobre, que nous condamnons avec la plus grande fermeté, Israël a le droit de se défendre contre une agression et le devoir de le faire dans le respect du droit international, notamment du droit international humanitaire. Ce droit s'impose à tous, y compris à Israël.

Aujourd'hui, il faut que la guerre à Gaza s'arrête : pour les civils, pour les femmes et les hommes de Gaza, dont les souffrances doivent enfin cesser ; pour les otages, qui doivent enfin être tous libérés, et pour la stabilité de la région, qui est aujourd'hui profondément ébranlée.

La situation est intenable. Le nombre de victimes civiles est intolérable. Face à cette catastrophe humanitaire, il est urgent et impératif d'instaurer un cessez-le-feu immédiat et permanent, et de permettre enfin l'acheminement massif et sans entrave de l'aide humanitaire. Les besoins de la population civile sont immenses.

Pour garantir une sortie de crise durable au Proche-Orient, il est urgent et impératif de trouver un règlement politique du conflit israélo-palestinien. Ce règlement est une solution à deux Etats. Vous pouvez compter sur la France pour rester à l'initiative, en lien avec ses partenaires, pour favoriser une relance décisive et irréversible des efforts de paix.

Il est impératif, aussi, de construire dès à présent le futur de Gaza, le « jour d'après ». Il revient à l'Autorité palestinienne, que nous soutenons, de pouvoir exercer sa pleine autorité dans l'enclave. Pour que cela devienne une réalité, les Nations unies ont et auront un rôle central à jouer.

Monsieur le Président,

Ces impératifs ne doivent pas être payés en mots mais en actes. Et je le redis : c'est notre responsabilité, collective, d'en faire une réalité. C'est pourquoi la France continuera d'œuvrer au sein de ce Conseil pour tracer cette perspective.

J'ai d'ailleurs demandé la tenue ce soir d'une réunion sur le Liban, au moment où des centaines de Libanaises et de Libanais, dont des enfants, ont perdu la vie suite à des frappes israéliennes. Au moment, donc, où ce Conseil doit appeler à la désescalade, à éviter un embrasement régional qui n'apporterait que la dévastation, notre Conseil doit au contraire appeler à la raison, celle qui impose la retenue et la cessation des hostilités, celle qui impose ce qu'il a lui-même depuis si longtemps demandé.

Monsieur le Président,

Aucune guerre, aucun drame humanitaire ne doit être oublié.

Au Soudan, plus de la moitié de la population souffre d'insécurité alimentaire aigue. La famine frappe le camp de Zamzam au Nord-Darfour. La situation est tragique. Et nous devons donc rester mobilisés. C'est pour alerter la communauté internationale et l'enjoindre à agir face à la situation tragique que connaît le Soudan, que nous avons organisé en accueillant à Paris une conférence qui a permis de lever plus de 2 milliards d'euros, dont 900 millions de l'Union européenne et de ses Etats membres, pour soutenir les populations civiles au Soudan et dans les pays voisins. Nous avons été plusieurs Etats à signer une Déclaration de principes demandant aux parties au conflit de cesser leurs hostilités, de respecter leurs engagements et de se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l'Homme. Nous avons aussi appelé tous les Etats à s'abstenir de toute action qui alimenterait le conflit. Je renouvelle ici cet appel.

De nombreux efforts diplomatiques ont été engagés ces derniers mois pour arriver à une sortie de crise. Ces initiatives ont permis d'aboutir à des avancées humanitaires, telles que la délivrance de visas aux travailleurs humanitaires et la réouverture du poste frontalier d'Adré. Ces avancées sont encourageantes, mais demeurent insuffisantes face à l'urgence de la situation. Ensemble, nous devons faire plus.

Monsieur le Président,

En tant que membres de ce Conseil, et plus largement en tant que membres des Nations unies, nous devons œuvrer pour que ce Conseil soit en mesure d'exercer pleinement sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

C'est à cette fin que la France soutient de façon claire, historique et constante une réforme globale du Conseil de sécurité, avec la conviction qu'elle nécessite un élargissement dans ses deux catégories de membres.

Nous défendons, sans faille depuis deux décennies, un renforcement de la représentation de l'Afrique au Conseil de sécurité, y compris parmi les membres permanents. C'est une composante forte du modèle du G4, que nous soutenons, de même que les aspirations de l'Allemagne, du Brésil, de l'Inde et du Japon à un siège de membre permanent.

Dans ce même esprit de responsabilité, la France porte avec le Mexique une initiative distincte de la réforme, qui ne nécessite pas de modification de la Charte. Il s'agit d'un engagement, indispensable, à ne pas recourir au veto en cas d'atrocités de masse. C'est une attente forte des Etats membres de l'Organisation, nous leur devons de faire bouger les lignes sur cette question.

Monsieur le Président,

Le principe d'humanité doit prévaloir. Nous célébrons cette année le 75e anniversaire des Conventions de Genève de 1949, qui je le rappelle sont universelles et s'appliquent en toutes circonstances en cas de conflit armé.

Nous devons les faire respecter. Nous le rappellerons à haut niveau avec le CICR qui en est le garant. Nous devons faire respecter le droit international humanitaire. Parce que le respect de ces règles sauve des vies, celles de femmes, d'enfants, d'hommes qui subissent la guerre, celles de personnels humanitaires qui tentent de les sauver, et dont je salue l'immense courage, celles de ceux, aussi, qui sinon grandiront avec une profonde blessure dans leur mémoire.

Il n'y a qu'un standard : c'est le droit, fait de notre Charte, de nos Conventions, qui font prévaloir l'humanité.

Ce standard, vous pouvez compter sur la France pour le faire respecter.

Notre Conseil, lui aussi, en toutes circonstances, doit le faire respecter.

Je vous remercie.