UNOG - United Nations Office at Geneva

10/01/2024 | News release | Distributed by Public on 10/01/2024 08:49

Liban : l’ONU a besoin de 426 millions de dollars pour aider les personnes déplacées par l'opération militaire israélienne

Les agences humanitaires de l'ONU ont lancé mardi un appel de fonds de 426 millions de dollars pour le Liban afin de soutenir un million de personnes déracinées par les bombardements israéliens dans le cadre de ce qu'Israël a décrit comme une opération terrestre « limitée, localisée et ciblée » au Liban.
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Un porte-parole du Bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU, OCHA, Jens Laerke, a décrit des scènes chaotiques à travers le Liban alors que les gens continuent de fuir les frappes aériennes qui ont tué plus de 1.000 personnes rien qu'au cours des deux dernières semaines, selon le Bureau des droits de l'homme de l'ONU (HCDH).

« Nous devons nous attendre à de nouveaux déplacements », a déclaré M. Laerke aux journalistes à Genève.

« Nous n'avons pas assez de fournitures, nous n'avons pas assez de capacités et c'est exactement pourquoi nous lançons cet appel parce que nous avons besoin de cette injection de fonds supplémentaires pour nous les procurer et de capacités en place pour augmenter la réponse qui n'est pas là où elle devrait être, car nous courons, comme d'habitude, après les faits », a-t-il poursuivi.

Selon lui, « il est facile de casser des choses et de blesser des gens, mais les ramener à une sorte de normalité prend beaucoup de temps et coûte beaucoup d'argent. C'est pourquoi nous devons arrêter cela et désamorcer ce conflit dès que possible ».

La force de l'ONU « en poste »

La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), qui est déployée dans le sud du Liban depuis plusieurs décennies, a déclaré avoir été informée lundi des plans de l'armée israélienne pour des « incursions terrestres limitées ».

« Malgré cette évolution dangereuse, les soldats de la paix restent en poste », a déclaré la force de l'ONU dans un communiqué. « Nous ajustons régulièrement notre posture et nos activités, et nous avons des plans d'urgence prêts à être activés en cas d'absolue nécessité. La sécurité des Casques bleus est primordiale, et tous les acteurs sont rappelés à leur obligation de la respecter ».

La FINUL compte environ 10.500 soldats de la paix provenant de 50 pays contributeurs de troupes. La Mission mène environ 14.500 activités par mois, selon son site Internet.

Dans une déclaration publiée en réponse à l'escalade de la crise, la Mission de l'ONU a souligné que toute incursion israélienne au Liban constituerait « une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Liban, et une violation de la résolution 1701 » adoptée par le Conseil de sécurité en 2006 visant à mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah.

« Nous exhortons tous les acteurs à se retirer de ces actes d'escalade, qui ne conduiront qu'à davantage de violence et de davantage d'effusion de sang », a dit la FINUL.

Poudrière au Moyen-Orient

Reprenant ces inquiétudes, le Bureau des droits de l'homme de l'ONU, le HCDH, a averti que l'élargissement des hostilités au Moyen-Orient risquait « d'engloutir toute la région dans une catastrophe humanitaire et des droits de l'homme ».

« Trop d'enfants, de femmes et d'hommes innocents ont été tués, et trop de destructions ont été commises », a-t-il déclaré.

En plus du million de personnes déplacées au Liban, les bombardements répétés du nord d'Israël par le Hezbollah, qui ont commencé en réponse à la guerre israélienne à Gaza, ont déraciné quelque 60.000 personnes, a ajouté une porte-parole du HCDH, Liz Throssell. « La violence armée entre Israël et le Hezbollah s'intensifie et les conséquences pour les civils sont déjà terribles - et nous craignons qu'une invasion terrestre à grande échelle d'Israël au Liban n'entraîne des souffrances encore plus grandes ».

Selon elle, « toutes les parties à ces conflits doivent faire clairement la distinction entre les cibles militaires et les civils et les biens civils dans la manière dont elles mènent les hostilités. Elles doivent faire tout ce qu'elles peuvent pour protéger la vie des civils, leurs habitations et les infrastructures essentielles à leur existence quotidienne, comme l'exige clairement le droit international humanitaire ».

La crise de Gaza est plus grave que jamais

© WFP/Ali Jadallah
Un homme se tient sur un bâtiment détruit à Khan Younis, Gaza.

Pendant ce temps, à Gaza, près d'un an après le début de la guerre suite aux attaques sanglantes menées par le Hamas sur plusieurs sites en Israël, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, a décrit les besoins énormes des civils.

« Je peux dire au nom des personnes qui me parlent qu'elles se sentent oubliées et qu'elles ont le sentiment que leurs besoins ne sont pas aussi importants que ceux des autres et que ce dont elles ont besoin, juste des choses de base comme la nourriture, l'eau, un abri, est complètement négligé dans des circonstances aussi dévastatrices », a déclaré Louise Wateridge, porte-parole de l'UNRWA.

« Nous en sommes maintenant à 12 mois de cette guerre, et je peux vous dire que 1,9 million de personnes ont été déplacées… 41.000 personnes auraient été tuées. 63 % des bâtiments ont été endommagés ou détruits. Mais je ne peux pas quantifier les horreurs que les gens ont endurées sans relâche pendant 12 mois », a-t-elle ajouté.

Bombardements constants

S'exprimant depuis Amman, Mme Wateridge a décrit comment la peur avait été « instillée » dans « toute la population, à chaque heure de chaque jour » après des bombardements constants depuis la terre, la mer et l'air.

Les médecins désespérés qui essayaient de sauver des vies dans les hôpitaux travaillaient au milieu d'une « odeur accablante de sang… incapables de sauver d'innombrables enfants », a déclaré la porte-parole de l'UNRWA, insistant sur le fait que la situation à Gaza est désormais « aussi mauvaise qu'elle ne l'a jamais été ».

« Notre demande est restée la même au cours des 12 derniers mois de guerre : nous avons besoin d'un cessez-le-feu immédiat, du retour des otages et d'une livraison sûre et durable de l'aide pour donner aux familles une chance de reconstruire leur vie », a-t-elle ajouté.