22/11/2024 | Press release | Distributed by Public on 22/11/2024 14:50
À l'occasion du 15ᵉ anniversaire du massacre d'Ampatuan, qui, avec 32 professionnels de l'information tués est considéré comme l'attaque la plus meurtrière de l'histoire pour les journalistes, Reporters sans frontières (RSF) demande au gouvernement de prendre des mesures fermes pour mettre fin à l'impunité des crimes contre la presse.
Le 23 novembre 2024 marque le 15e anniversaire du massacre d'Ampatuan, qui a coûté la vie à 58 personnes, dont 32 professionnels des médias, faisant de cet événement tragique la plus grande attaque de journalistes de l'histoire. Les victimes, journalistes de médias locaux et nationaux, ont été tuées dans une embuscade tendue par une centaine d'hommes dans la ville d'Ampatuan, dans le sud des Philippines, alors qu'elles accompagnaient le convoi d'un homme politique local allant déposer sa candidature au poste de gouverneur de la province de Maguindanao.
Dix ans se sont écoulés avant que les premiers suspects ne soient condamnés. Si 44 d'entre eux ont, depuis, écopé de peines allant de six ans de prison à la réclusion à perpétuité, 88 autres suspects identifiés n'ont toujours pas été jugés.
Force est de constater que les autorités se sont montrées incapables d'endiguer ce climat de violence : depuis ce terrible massacre de novembre 2009, 43 journalistes supplémentaires ont été assassinés aux Philippines, faisant du pays le plus dangereux pour la profession en Asie-Pacifique.
"Il est consternant de constater que, 15 ans après ce massacre inqualifiable, les Philippines demeurent l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, avec 43 journalistes tués depuis. Nous nous joignons aux familles des victimes pour exiger du gouvernement philippin qu'il agisse fermement pour mettre un terme à l'impunité dont bénéficient les auteurs, mais aussi les commanditaires, des crimes commis contre les journalistes.
La création, par la présidence, d'un groupe de travail sur la sécurité des médias en 2016 n'a pas permis d'endiguer la violence et la communauté des journalistes continue de payer un lourd tribut : les derniers en date sont l'animateur radio Cresenciano Bunduquin, abattuen mai 2023, après avoir reçu des menaces de mort, et le journaliste radio Percy Lapid, assassinépar balles en octobre 2022 près de son domicile à Manille.
Pour lutter contre l'impunité, RSF collabore avec les autorités. Peu avant la reddition en septembre 2024 de Joel T. Reyes, ancien gouverneur de la province de Palawan et commanditaire présumé de l'assassinatdu journaliste Gerry Ortegaen 2011, RSF et la coalition internationale A Safer World for the Truth avaient révéléaux autorités philippines des informations inédites sur l'endroit où il se cachait.
Poursuites judiciaires et harcèlement moral
Outre les agressions physiques, de nombreux journalistes philippins sont la cible de harcèlement moral et de poursuites judiciaires. Les femmes journalistes, en particulier, sont ciblées par des violences liées au genre, telles que des menaces de viol, du cyberharcèlement ou la divulgation de leurs informations personnelles.
Depuis le rétablissement de la démocratie en 1986, les Philippines figurent parmi les pays les plus dangereux au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse. L'archipel occupe la 134e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024de RSF.